Pendant des années, une poignée d’activistes et d’avocats s’est démenée pour que les assassins de Thomas Sankara et de ses douze camarades, tués le 15 octobre 1987 à Ouagadougou, soient un jour jugés. Une lutte de longue haleine qui semblait perdue d’avance, mais qui a finalement abouti sept ans après la chute de Blaise Compaoré, avec l’ouverture du procès, le 11 octobre 2021, des responsables présumés du complot. Le verdict de ce procès historique a été rendu le mercredi 6 avril 2022. Les trois principaux accusés, Blaise Compaoré (en exil en Côte d’Ivoire), Hyacinthe Kafando (qui s’est volatilisé fin 2015) et Gilbert Diendéré (qui purge déjà une peine de prison pour une tentative de coup d’État en 2015), ont été condamnés à la prison à perpétuité.
Durant toute la durée du procès, Afrique XXI a proposé une série d’articles et de documents inédits éclairant d’un jour nouveau la figure de Sankara. Parmi eux, une archive sonore oubliée, enregistrée en juillet 1984, à la veille du premier anniversaire de la révolution. Le dirigeant de ce qui deviendra quelques jours plus tard le Burkina Faso accorde alors une interview au célèbre cinéaste anticolonialiste René Vautier. La première partie de cet échange remarquable est consacrée à la condition des femmes, à l’impérialisme culturel et à la puissance des médias, la seconde partie à sa conception de la révolution, à ses relations avec les pays voisins et aux régimes sud-africain et israélien.
Afrique XXI a également publié l’audition de l’ancien président du Ghana, Jerry Rawlings (décédé en 2020). En décembre 2016, celui qui fut un proche de Sankara était auditionné par le juge burkinabé en charge de l’enquête. Dans le document lu durant le procès, Rawlings y révèle notamment les manœuvres de Mouammar Kadhafi juste après la mort de son ami.
Dans une interview réalisée par la journaliste britannique Victoria Brittain (membre du comité éditorial d’Afrique XXI), publiée en novembre, l’historien états-unien Brian J. Peterson, auteur d’une biographie exceptionnelle sur le dirigeant burkinabé, explique de son côté comment il a enquêté pendant des années au Burkina Faso et aux États-Unis. Sa biographie raconte en détail le parcours et la personnalité du capitaine révolutionnaire et éclaire d’un jour nouveau la responsabilité de ceux qui, directement ou indirectement, ont œuvré à son assassinat.
Enfin, Afrique XXI s’est intéressé aux justiciers de l’ombre, parmi lesquels Aziz Salmone Fall, qui ont œuvré pendant des années pour que justice soit rendue. Sans leur ténacité, jamais peut-être le procès de leurs assassins n’aurait eu lieu.
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