Les exfiltrations, une tradition françafricaine

Blaise Compaoré est le grand absent du procès des assassins de Thomas Sankara et de douze de ses camarades, qui a repris le 25 octobre. S’il échappe à la justice de son pays, c’est à la France qu’il le doit : il y a tout juste sept ans, l’armée française l’a aidé à fuir la colère du peuple. Cette exfiltration n’était pas la première du genre. Depuis plusieurs décennies, le pouvoir français a régulièrement volé au secours de ses « amis » sur le continent.

Des éléments du Commandement des opérations spéciales (COS) durant un exercice. Ce sont les hommes de cette unité d’élite qui ont exfiltré Blaise Compaoré en 2014 et Alassane Ouattara en 2002.
État-major des armées / DR

C’est le grand absent du procès des assassins de Thomas Sankara et de douze de ses camarades qui a repris le 25 octobre dernier à Ouagadougou, après deux semaines d’interruption. Comme lors de l’ouverture, le 11 octobre, de ce procès historique qui doit situer les responsabilités dans la tuerie du 15 octobre 1987 qui a mis fin à la révolution sankariste, seuls douze des quatorze prévenus étaient assis sur le banc des accusés le jour de la reprise. Blaise Compaoré, le principal suspect, accusé d’« attentat à la sûreté de l’État », de « complicité d’assassinat » et de « recel de cadavre », et dont les proches de Sankara – ainsi qu’une bonne partie du peuple burkinabé – sont persuadés de sa culpabilité, n’était pas là, au grand dam des familles des victimes1.

Quelques jours avant le début des audiences, les avocats de celui qui a régné sur le Burkina durant vingt-sept ans avaient fait savoir qu’il ne participerait pas à ce procès, qu’ils qualifient de « politique ». Depuis, des proches de Compaoré ont fait savoir à quelques journalistes qu’il est malade, que s’il se porte bien physiquement, sa tête, elle, ne fonctionne plus comme avant, et qu’il serait donc bien incapable de répondre aux questions du juge2.

Ainsi, pour la deuxième fois depuis qu’il a quitté le pouvoir en octobre 2014, contraint et forcé par une insurrection populaire, Compaoré échappera à la justice de son pays. Déjà en mai 2017, il était le principal absent du procès de la répression de l’insurrection, au cours de laquelle plusieurs manifestants avaient été tués par l’armée3.

« Éviter un bain de sang »

Ce privilège, il le doit avant tout à la France. Le 31 octobre 2014, quand il se décide enfin à rendre le pouvoir après avoir tergiversé pendant des heures, Compaoré prend la fuite – direction : le Ghana. Avec lui : son épouse, Chantal Compaoré, et plusieurs proches. Le convoi de vingt-huit véhicules se dirige vers Pô, son fief militaire situé à quelques kilomètres de la frontière avec le Ghana. Mais en route, le président déchu apprend que des manifestants l’y attendent de pied ferme. Le convoi bifurque, quitte le goudron et s’arrête dans les environs de Manga, dans une forêt d’épineux. C’est alors que la France entre en jeu.

Coincé, Compaoré fait appel à l’armée française. Celle-ci dispose depuis octobre 2010 d’une base près de Ouagadougou, où se trouvent quelques dizaines de membres des forces spéciales prêts à intervenir à tout moment dans le Sahel (il s’agit de la force Sabre4). Un hélicoptère des forces spéciales est envoyé sur les lieux. L’appareil exfiltre Compaoré et trois de ses proches, héliportés vers l’aérodrome de Fada N’Gourma, à une centaine de kilomètres à l’est, où les attend un avion français venu de Côte d’Ivoire. Le groupe embarque à son bord et décolle en direction de Yamoussoukro. Le reste du convoi attendra la tombée de la nuit pour reprendre la route, direction le Bénin.

Quelques jours après cette exfiltration, au cours d’une conférence de presse accordée à une poignée de journalistes, l’ambassadeur de France, Gilles Thibault, affirmait avoir pris « la bonne décision » en volant au secours de Compaoré. Il s’agissait, selon lui, d’éviter de « revivre ce qui s’est passé en 1987 avec l’assassinat de Sankara ». Une curieuse référence, d’abord parce que le contexte n’avait rien à voir, ensuite – et surtout – parce que le risque n’était pas tant que Compaoré et ses proches se fassent lyncher à Pô, mais bien que leurs cerbères tirent dans le tas des manifestants et se rendent coupables d’une tuerie. C’est d’ailleurs l’argument avancé par un membre du cabinet de Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense. Selon lui, il s’agissait « d’éviter un bain de sang », et les Français « ont fait le job correctement, dans des conditions difficiles ».

« Sans la France, Compaoré serait à la barre des accusés »

Durant sa conférence de presse, Thibault se donnait le beau rôle. Selon lui, cette exfiltration était « un signal » envoyé à tous les despotes du continent : « La France aidera tous ceux qui quitteront le pouvoir. » Mais à Ouagadougou, on en a fait une interprétation bien différente. « Pourquoi la France a-t-elle aidé Blaise à fuir ? Pourquoi nous avoir ôté la possibilité de l’arrêter et de le juger pour ses crimes ? », dénonçait à l’époque un acteur de la société civile en pointe dans le combat contre Compaoré. « Sans l’intervention de la France, Compaoré serait à la barre des accusés aujourd’hui », soupire Fidèle Kientega, un ancien collaborateur de Sankara qui en veut à la France de lui avoir permis de fuir ses responsabilités.

En réalité, au-delà des considérations humanitaires avancées officiellement, il s’agissait surtout, pour Le Drian et pour le président français, François Hollande, de tirer Compaoré, un allié de la France depuis plusieurs années, de ce guêpier. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que Paris exfiltrait un « ami » sur le continent africain. On peut même parler d’une vieille tradition.

Le précédent épisode s’était déroulé douze ans plus tôt, là-même où Compaoré a trouvé refuge : en Côte d’Ivoire5. Le 19 septembre 2002, alors que Laurent Gbagbo, le président élu deux ans plus tôt, se trouve en Europe, les Forces armées de Côte d’Ivoire (les Fanci, devenues depuis les Faci) essuient des attaques attribuées à des mutins écartés de l’armée et venus du Burkina Faso avec la complicité du régime... de Blaise Compaoré. Le ministre de l’Intérieur Émile Boga Doudou est assassiné. Le ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi s’en sort de justesse.

La fuite rocambolesque de Ouattara

Cependant, l’armée loyaliste prend vite le dessus et engage des représailles contre tous ceux susceptibles d’être à la manœuvre. Alassane Dramane Ouattara, le principal opposant, qui est soupçonné d’être proche de certains rebelles (et de Paris), est chez lui, dans le centre d’Abidjan, lorsqu’il apprend l’assassinat du général et ancien président Robert Gueï. Jean-Baptiste Soro, le responsable de la sécurité de Ouattara, prie ce dernier de quitter sa résidence. Selon les informations reçues, les gendarmes sont en route pour arrêter l’opposant. La suite est rocambolesque : à l’aide d’une échelle, le couple Ouattara et tous ceux réfugiés chez eux franchissent le mur qui les sépare de la résidence d’Allemagne.

Vers 20 heures, les militaires ivoiriens arrivés chez lui remarquent l’échelle et se rendent devant la résidence allemande. Pour se sortir de cette impasse, Ouattara active tous ses relais, dont Renaud Vignal, l’ambassadeur français. La France doit-elle intervenir ? À Paris, l’ancien Premier ministre ivoirien bénéficie du soutien indéfectible de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Jacques Chirac, le président français, est proche d’Henri Konan Bédié6. Avec Gbagbo en revanche, les relations sont fraîches.

Pour Vignal et son premier conseiller, Dominique Pin, l’équation est simple : le temps que la demande d’exfiltration remonte à Paris, Ouattara pourrait subir le même sort que le général Gueï. Ils décident finalement d’aller chercher Ouattara, sans attendre l’aval de Paris. Vignal revêt un gilet pare-balles et part avec une escorte militaire suffisamment voyante pour écarter toute tentative d’arrestation par les Fanci en patrouille dans la zone. Il est plus de minuit quand les cinq véhicules pénètrent dans la résidence d’Allemagne, embarquent les « réfugiés » et repartent vers la résidence de France dans un crissement de pneus.

Des proches d’Alassane Ouattara, comme beaucoup d’Ivoiriens, trouveront une fin tragique dans les jours qui suivront. Les bidonvilles entourant les camps militaires où s’étaient cachés les rebelles sont détruits, de nombreuses exactions sont commises contre les ressortissants burkinabè. La villa du couple Ouattara est pillée et incendiée.

Résidence sous bonne protection

Le 25 septembre, des « jeunes patriotes », qui accusent Ouattara d’être le commanditaire de la tentative de coup d’État, marchent sur l’ambassade de France et exigent qu’il leur soit remis. Le 22 octobre, une violente manifestation a lieu à Port-Bouët, devant la base militaire française. La France est accusée de complicité avec les rebelles.

Les jours passent et la routine s’installe. La résidence est sous bonne protection. Mais le couple Ouattara insiste : il veut aller en France le plus rapidement possible – Dominique, l’épouse d’Alassane, met en avant sa nationalité française auprès des diplomates. La question de leur exfiltration se discute entre l’ambassade et Paris. Le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, veut obtenir un accord de Laurent Gbagbo avant toute opération. Le 27 novembre, au cours d’une tournée à Lomé, Ouagadougou et Abidjan censée mettre fin à la crise, il s’entretient avec Gbgabo. En échange du départ de Vignal, le président ivoirien donne son feu vert à l’exfiltration de Ouattara.

Le 27 novembre, Alassane et Dominique Ouattara, ainsi que trois proches, sont réunis dans le salon en rotin de la résidence du premier conseiller, un verre à la main en attendant le déjeuner. Six éléments du COS (Commandement des opérations spéciales) entrent et demandent à tout le monde de laisser leurs téléphones et de plier bagages. Ils ont quinze minutes. À l’extérieur de la résidence, un hélicoptère de transport Puma s’est posé dans le parc, près de la lagune Ebrié. Un autre, une Gazelle, est en vol stationnaire pour sécuriser le périmètre. Le petit groupe réuni, chacun est équipé d’un gilet pare-balles et acheminé vers l’aéronef à bord de véhicules militaires. Le Puma décolle et file en rase-mottes, talonné par la Gazelle. Il se pose dans la campagne abidjanaise au bout d’une dizaine de minutes, où une piste d’atterrissage a été aménagée pour accueillir un Transall. Le couple quitte le pays – direction le Gabon, dont le président Omar Bongo est un ami, puis la France.

Ouattara aurait pu être tué au cours de cet épisode. La France lui a peut-être sauvé la vie. Quelques années plus tard, en 2011, Ouattara sera porté à la présidence de son pays à l’issue d’un scrutin contesté et d’une guerre civile sanglante, et grâce à l’intervention militaire de la France. Il reste aujourd’hui un allié fidèle de Paris sur le continent.

Agathe Habyarimana avant les ressortissants français

Huit ans plus tôt, une autre exfiltration avait permis à une autre « amie » de la France d’échapper à ses responsabilités. Agathe Habyarimana, née Kanziga, la veuve du président Juvénal Habyarimana, dont l’assassinat le 6 avril 1994 a été le déclencheur du génocide des Tutsis au Rwanda, a été exfiltrée vers la France avec une célérité rare en dépit du rôle majeur qu’elle a joué dans la préparation de ce crime de masse. Paris avait noué des relations très étroites avec le régime Habyarimana – ce en dépit de sa dérive prévisible.

Le rapport dit « Duclert » de la Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsis, remis au président français Emmanuel Macron en mars 2021, raconte dans le détail cette exfiltration. Il en ressort qu’Agathe Habyarimana est passée en priorité, avant même les ressortissants français, et que c’est sur l’instruction personnelle de François Mitterrand, le président français de l’époque, qu’elle a été accueillie en France.

« L’évacuation des personnes rwandaises menacées n’est d’emblée pas une priorité pour les autorités françaises, indique le rapport des historiens. Une seule exception, mais elle [est] notable : la protection et l’évacuation de la veuve de Juvénal Habyarimana et de sa famille. C’est une demande originelle et personnelle de François Mitterrand, et c’est une question constamment évoquée dans les archives de l’opération Amaryllis7. » Selon le rapport, la famille du président défunt sollicite l’ambassadeur français dès le 7 avril au matin afin d’être « évacuée d’urgence ». Requête sur laquelle se penche la diplomatie française, qui envisage d’évacuer ses membres dans le premier vol.

« Une note, anonyme et manuscrite, d’un responsable militaire précise les conditions de ce transport aérien, afin que “la parentèle ne part[e] pas seule” et que soit constitué “un noyau blanc” tout autour », soulignent les historiens, qui ajoutent : « Ce souhait que la famille Habyarimana soit mélangée à des passagers français vise-t-il à rendre cette évacuation plus discrète et acceptable ? Peut-être s’agit-il aussi, dans l’esprit de ce responsable militaire, d’assurer la sécurité de ces passagers particuliers en les entourant de ressortissants français que le FPR [NDLR : Front patriotique rwandais, alors en guerre contre le régime Habyarimana] hésitera beaucoup à attaquer. » Le 9 avril en fin d’après-midi, le premier C160 français qui décolle de Kigali compte à son bord 44 Français et 12 membres de la famille Habyarimana, dont Agathe. Ils resteront quelques jours à Bangui, en Centrafrique, avant d’être accueillis en France.

Toujours libre de ses mouvements

Leur cas sera abordé quatre jours plus tard, lors du conseil restreint du 13 avril. Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, attire alors l’attention de Mitterrand sur le sort d’Agathe Habyarimana. « La famille proche du président Habyarimana est actuellement en Centrafrique. Or [Ange-Félix] Patassé [NDLR : le président centrafricain] veut s’en débarrasser. Il y a deux solutions, le Zaïre ou la France ». Ce à quoi le président répond que « s’ils veulent venir en France, la France les accueillera naturellement », et demande que des dispositions soient prises afin qu’ils embarquent sur le vol du 17 avril et soient hébergés à Paris. Michel Roussin, alors ministre de la Coopération, évalue le coût de l’opération à 250 000 francs (l’équivalent de 54 000 euros).

Entre-temps, la France a entrepris d’évacuer les autres membres de la « parentèle » de Habyarimana (près de 70 personnes), parmi lesquels figuraient des responsables du génocide. Mais la plupart avaient déjà quitté le pays par leurs propres moyens. Les semaines suivantes, la France a également permis aux membres du gouvernement génocidaire de fuir le Rwanda.

Depuis son exfiltration, Agathe Habyarimana, âgée aujourd’hui de 79 ans, s’est établie en France. Elle ne dispose d’aucun statut légal : l’asile lui a été refusé en 2007 par la Commission des recours des réfugiés – en raison de sa responsabilité dans la planification du génocide –, mais la France a refusé de l’extrader vers le Rwanda en 2011. Il a pourtant été démontré qu’elle avait joué un rôle central dans la préparation du génocide. Elle est considérée comme l’un des « cerveaux » de l’« akazu », ou « Réseau Zéro », une organisation secrète constituée à partir de 1991 de radicaux hutu originaires du nord opposés à toute évolution démocratique. Si elle est ciblée par une plainte pour « complicité de génocide » et « crime contre l’humanité », déposée en 2007 par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda, elle est toujours libre de ses mouvements.

L’histoire de la Françafrique compte d’autres exfiltrations plus ou moins connues qui ont permis à des responsables civils ou militaires de fuir leurs responsabilités. Dans l’ouvrage collectif publié au Seuil en octobre, L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique8, Benoît Collombat rappelle qu’en 1970 déjà, Paris avait « sauvé » le chef de la sécession au Biafra, le colonel Odumegwu Emeka Ojukwu, que la France et ses alliés africains, les présidents ivoirien, Félix Houphouët-Boigny, et gabonais, Omar Bongo, avaient soutenu à bout de bras dans le but de déstabiliser le « géant » anglophone de la région, le Nigeria, et de capter les gisements pétroliers qui se trouvent dans cette province9. « En janvier 1970, la République du Biafra signe sa reddition, écrit Collombat. Le leader des sécessionnistes est exfiltré en Côte d’Ivoire, comme l’annonce immédiatement Houphouët-Boigny à [Jacques] Foccart : “Ojukwu est sauvé. Il est chez moi”. “Je suis soulagé”, note alors Foccart dans son journal. »

1Un autre prévenu était absent : il s’agit de Hyacinthe Kafando, le chef du commando du 15 octobre 1987 qui s’est volatilisé depuis que la justice l’a convoqué fin 2015. Il a probablement bénéficié de complicités pour quitter le pays.

2Lire « Procès Sankara : malade et mutique, Blaise Compaoré, le grand absent », Benjamin Roger, Jeune Afrique, article publié le 25 octobre 2021.

3Le nombre des victimes varie selon les sources : des associations ont comptabilisé une trentaine de morts et plusieurs dizaines de blessés ; la commission d’enquête indépendante chargée en 2015 de situer les responsabilités sur les crimes commis lors de ces journées de révolte évoquait une vingtaine de morts, dont huit étaient directement imputés aux forces de l’ordre, les autres étant liés aux saccages, incendies et autres tentatives d’évasion qui ont suivi l’insurrection ; l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction a de son côté comptabilisé 7 morts et 88 blessés.

4Dans un premier temps, la France avait tenté d’installer cette force au Mali et au Niger, mais ni l’un ni l’autre de ces pays ne le souhaitaient. Blaise Compaoré a finalement accepté, à la condition que cette présence soit la plus discrète possible. En dépit de fuites dans la presse, les dirigeants français nieront cette présence pendant des années.

5Blaise Compaoré a obtenu la nationalité ivoirienne quelques jours seulement après sa fuite, en tant qu’époux d’une Ivoirienne : Chantal Compaoré, née Terrasson de Fougère, qu’il a rencontrée en 1985, est issue d’une famille franco-ivoirienne de la haute bourgeoisie.

6En décembre 1999, lors du coup d’État de Robert Gueï, Henri Konan Bédié a d’ailleurs été accueilli au 43e BIMA de l’armée française, à Port-Bouët, après s’être réfugié à l’ambassade de France, et avant d’être exfiltré vers le Togo.

7L’opération Amaryllis a été déclenchée le 8 avril 1994 dans le but d’évacuer les ressortissants français ainsi que des Européens et des Africains. Selon le bilan officiel, elle a permis d’évacuer 600 Français et 800 non-Français, parmi lesquels 400 Rwandais. Mais nombre de Rwandais employés par les autorités françaises ou directement menacés ont été laissés sur place.

8L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique, sous la direction de Thomas Borrel, Amzat Boukari-Yabara, Benoît Collombat et Thomas Deltombe (membre du comité de rédaction d’Afrique XXI), Seuil, octobre 2021.

9En livrant jusqu’au bout des tonnes d’armes à la sécession, en mobilisant des médias et des ONG et en envoyant des mercenaires sur le terrain, la France « n’a fait que retarder la capitulation biafraise », estime Collombat, et a ainsi contribué à alourdir le bilan de cette guerre qui a fait entre 500 000 et un million de morts.