Dossier

En Éthiopie, l’effroyable guerre du Tigray

L'image montre une scène dans un lieu qui semble être un centre de réhabilitation ou un hôpital. Au premier plan, un jeune homme se tient à l'aide de béquilles, son regard fixé sur son reflet dans un grand miroir devant lui. Il porte une chemise à rayures et des pantalons clairs. Dans le miroir, on peut voir un autre homme, qui a une prothèse de jambe et se tient debout, semblant plus confiant. Sur le côté, une chaise roulante est disposée, suggérant un environnement d'assistance. Les murs autour d'eux sont simples et montrent des signes d'usure. L'atmosphère évoque des efforts de réhabilitation et de courage.
Kahsay Berhanu, 19 ans, a perdu une jambe dans un bombardement. Il est l’une des innombrables victimes de la guerre du Tigray.
© Marco Simoncelli

Officiellement, la guerre du Tigray, qui a opposé le gouvernement fédéral éthiopien au Tigray People’s Liberation Front (TPLF), et dans laquelle ont également été impliquées des milices de la région voisine Amhara et l’armée érythréenne, n’a duré « que » deux ans, entre novembre 2020 et novembre 2022. Mais le bilan humain est effroyable : ce conflit a causé entre 600 000 et 800 000 morts et a provoqué le déplacement de plus de 3 millions de personnes. C’est probablement la guerre la plus meurtrière du XXIe siècle. Pourtant, elle n’a pas attiré l’attention de la communauté internationale, et n’a pas fait la une des « grands » médias.

Des actes gravissimes ont été perpétrés par l’armée fédérale, l’armée érythréenne et leurs milices alliées, qui ont entrepris de mener un nettoyage ethnique dans cette région septentrionale de l’Éthiopie, située à la frontière avec l’Érythrée. Des juristes et des spécialistes de la zone évoquent même l’éventualité d’un génocide. L’organisation des Nations unies (ONU) a en outre dénoncé une « échelle stupéfiante » d’actes de viols et de violences sexuelles à l’encontre des femmes et des filles tigréennes. De son côté, l’armée tigréenne a commis des exactions pouvant être qualifiées de « crimes de guerre ».

Une grande partie du Tigray a été privée de nourriture et de médicaments pendant des mois en raison d’un blocus imposé par le gouvernement fédéral. Des terres ont été spoliées. La famine a menacé. Deux ans après la cessation des hostilités, le coût de la reconstruction était estimé à 20 milliards de dollars (18,3 milliards d’euros).

Afrique XXI a publié de nombreux articles sur cette guerre oubliée, et a notamment documenté le nettoyage ethnique mené sur place par l’armée fédérale. Ces articles – des reportages, des analyses, des témoignages – donnent un aperçu des innombrables crimes commis durant ce conflit, et permettent d’en comprendre les origines, de déterminer les responsabilités et de saisir les enjeux de la reconstruction.