La lettre hebdomadaire #194

Colonisation. Les commandos de Guinée-Bissau

L'image représente un groupe de cinq figures humaines, stylisées et aux traits expressifs. Les personnages sont représentés avec des couleurs vives et des formes abstraites. Les visages affichent des expressions variées, incorporant des nuances de rouge, bleu, vert et jaune. Au centre, on peut voir une grande coupe ou un plat contenant des objets ronds, probablement des fruits. Les figures semblent interagir entre elles, créant une atmosphère chaleureuse et conviviale. L'arrière-plan est également riche en couleurs, ce qui renforce la composition vibrante et dynamique de l'ensemble. Cette œuvre évoque un sentiment de communauté et de partage.
Jafeth Moiane, Mozambique.
© saatchiart.com

À VOIR

WEBDOC. LES SUPPLÉTIFS DE LA GUERRE D’INDÉPENDANCE DE GUINÉE-BISSAU

Ce 10 septembre marque le 51e anniversaire de l’indépendance de la Guinée-Bissau, arrachée par les armes après treize ans de guerre (1961-1974). Le webdocumentaire Por ti, Portugal, eu juro ! (Pour toi, Portugal, je le jure !) fruit d’un grand travail d’enquête mené entre 2016 et 2021 par l’équipe du média indépendant Divergente, raconte un chapitre oublié et misérable de l’histoire des guerres coloniales portugaises.

À partir d’archives historiques, de témoignages et d’infographies, le webdoc met en lumière le rôle des commandos africains de Guinée, une troupe d’élite composée uniquement de soldats noirs enrôlés dans l’armée portugaise. Ces hommes, souvent très jeunes, parfois analphabètes, ont juré fidélité à un pays qu’ils considéraient comme le leur. Ils ont mené les opérations les plus dangereuses contre l’armée de libération nationale du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) d’Amílcar Cabral. Certains furent des informateurs de la police politique de la dictature salazariste.

La grande histoire est racontée à partir des récits d’Umarú Sani, Luís Sambu et Quecói Turé. Ils faisaient partie des 550 hommes qui, entre 1970 et 1974, constituaient les trois compagnies de commandos africains de Guinée. Sani avait 21 ans, Turé seulement 14, lorsqu’ils ont commencé à s’entraîner pour intégrer les troupes d’élite. Luis Sambu, lui, a été enrôlé « parce qu’il était robuste et fort », alors qu’à 19 ans, il partageait encore sa vie entre les champs et le football, bercé du rêve de devenir joueur professionnel.

Au total, le Portugal aura mobilisé 1,4 million de jeunes hommes dont 400 000 Africains pour combattre au Mozambique, en Angola et en Guinée-Bissau. Ce dernier pays fut la seule des trois colonies à connaître le déploiement de commandos d’élite entièrement africains.

En avril 1974, la Révolution des Œillets met fin à la dictature et abolit l’empire colonial. Alors que le Portugal célèbre la liberté retrouvée, ces soldats africains sont abandonnés à leur sort. Beaucoup seront alors persécutés et emprisonnés, sans reconnaissance ni pension. Le webdocumentaire leur rend la parole. Les témoignages, bouleversants, sont empreints de l’amertume d’avoir été sacrifiés.

Plusieurs fois récompensé à l’international, Por ti, Portugal, est davantage qu’un travail journalistique : c’est un acte de mémoire. Les quatre chapitres retracent l’histoire de la colonie de Guinée-Bissau et de tous les supplétifs des commandos africains. Avant d’être un webdoc, Por Ti, Portugal, eu juro ! fut un livre puis un film.

À voir : Por ti, Portugal, eu juro !, par Divergente, 2021. Disponible en ligne, gratuitement (en Portugais).
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Par Mehdi Labzaé
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IN ENGLISH

Ethiopia : A Dam Inaugurated, but What Kind of Renaissance ?
Op-Ed The Grand Renaissance Dam, under construction since 2011 on the Blue Nile and Africa’s largest dam, was inaugurated on September 9. Beyond the lasting diplomatic rift it has caused between Ethiopia and Egypt, the project reveals profound shifts in power.
By Mehdi Labzaé

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