La lettre hebdomadaire #180

Pourquoi soutenir {Orient XXI}

Cette image représente un groupe de femmes se tenant côte à côte, vues de dos. Elles portent des vêtements colorés, qui semblent flotter autour d'elles, suggérant un mouvement. Les robes varient en couleur, mélangeant des teintes de rouge, jaune, vert et bleu, créant un effet vibrant. Le fond est constitué de nuances chaudes, évoquant un paysage ensoleillé, ce qui donne une ambiance joyeuse et dynamique à l'œuvre. Le tableau suggère une connexion entre les femmes, renforcée par leur position rapprochée. Cela pourrait évoquer des thèmes de communauté, de culture ou de tradition.
Africa (2022)
Christiane Guerry

ÉDITO

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Selon le dernier classement mondial de Reporters sans frontières (RSF), la liberté de la presse recule en France : elle perd deux places et se classe désormais 25e. Surtout, avertit RSF, « la fragilisation économique des médias constitue l’une des principales menaces pour la liberté de la presse ».

Orient XXI et Afrique XXI, qui ne sont liés à aucune puissance économique ou politique, s’inscrivent dans un combat général pour défendre le droit à informer et à être informé de manière indépendante, alors que de très nombreux organes de « presse » sont désormais entre les mains de quelques milliardaires qui s’en servent pour construire leur projet identitaire et, in fine, mettre l’extrême droite au pouvoir.

La solidité financière de nos journaux est donc essentielle pour que nous poursuivions notre mission : vous, lecteurs, en êtes aujourd’hui les seuls garants.

Ces quinze derniers mois, Orient XXI a été précurseur dans la couverture de la guerre menée par Israël contre Gaza. Son correspondant sur place, Rami Abou Jamous, poursuit son « Journal de bord de Gaza » malgré les bombardements, les privations, la famine… Ce travail a permis de fournir une information fiable sur la réalité de cette guerre que d’autres médias n’osent toujours pas qualifier de génocidaire, en dépit des preuves accumulées et de la décision de la Cour pénale internationale.

Pour continuer son travail, Orient XXI propose deux fois par an à ses lecteurs et lectrices qui le souhaitent et qui le peuvent de faire un don. Celui-ci peut-être unique, ou mensuel (à l’image d’un abonnement, mais à prix libre et sans engagement). Nous comptons sur vous pour les soutenir : « Je soutiens Orient XXI ».

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L’équipe d’Afrique XXI
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À VOIR

MOIRE ET JUSTICE : GUÉRIR LES BLESSURES PROFONDES DE L’APARTHEID

Le 24 décembre 1996, au Shoprite de la petite ville de Worcester, en Afrique du Sud, un attentat à la bombe fait quatre morts, dont trois enfants. L’attaque est revendiquée par un groupuscule d’extrême droite profondément hostile à la fin de l’apartheid et au nouveau gouvernement de Nelson Mandela. Cet acte est un écho du régime de ségrégation raciale installé par les descendants de la colonisation néerlandaise – les Afrikaners, Blancs non anglophones nés en Afrique du Sud –, qui a duré de 1948 à 1991, organisant l’espace, la politique et la société sur la base d’une idéologie racialiste violente. L’empreinte profonde de l’apartheid subsiste, et de nombreuses victimes des atrocités commises pendant cette période continuent de réclamer justice.

C’est ce que rappelle la série documentaire en trois volets L’Afrique du Sud et la fin de l’apartheid, réalisée en 2024 par George Amphonsa, Misha Wessel et Thomas Blom et disponible sur Arte.tv.

Photo de tournage de {L'Afrique du Sud et la fin de l'apartheid}.
Photo de tournage de L’Afrique du Sud et la fin de l’apartheid.
© George Amphonsa, Misha Wessel, Thomas Blom

Pendant plus de quarante ans, meurtres, disparitions, expropriations et autres violences systémiques ont visé les communautés non blanches du pays. La libération de Nelson Mandela, en 1990, et l’arrivée au pouvoir, en 1994, du Congrès national africain (ANC) abolissent l’apartheid. La Commission Vérité et Réconciliation (TRC) est créée en 1994. Conduite par le charismatique cardinal Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix, elle vise à recenser toutes les violations des droits humains commises depuis 1960 par le régime d’apartheid et les mouvements de libération nationale, d’entendre toutes les victimes et de permettre une réconciliation nationale en prononçant des amnisties individuelles en échange de la confession publique, par leurs auteurs, des crimes commis dans le cadre « d’objectifs politiques ». Elle dénombre 19 000 violations des droits humains, parmi lesquelles 7 000 assassinats politiques commis sous la responsabilité des forces de l’ordre, dont 73 perpétrés en détention.

Le documentaire raconte cette expérience de justice transitionnelle et son héritage. Comme dans un puzzle, les réalisateurs donnent la parole aux victimes et aux bourreaux d’une même histoire, en y ajoutant images et documents d’archives qui dessinent un système criminel organisé et institutionnalisé.

Dans le cas de l’attentat de Worcester, les familles des victimes témoignent, mais aussi l’un des auteurs de l’attaque : Stefaans Coetzee. Certaines pardonnent, comme Olga Nacingwana, blessée par la bombe. Mais d’autres n’y parviennent pas, comme la sœur de Sweetness Busakwa, tuée dans l’explosion.

En ce qui concerne les crimes commis sous l’apartheid, la TRC a accordé 849 amnisties et en a refusé 5 000. Ces dernières affaires, confiées à la justice, n’ont jamais vraiment abouti. L’inertie des institutions judiciaires nationales a empêché l’accès à la reconstruction des victimes et de leurs familles et elle continue de peser sur les générations suivantes.

Mais, au-delà des chiffres, la force de la série documentaire est la réhumanisation des victimes, chacune dans sa singularité. À l’heure des « vérités alternatives » distillées à partir de la Maison-Blanche, ce film vient rappeler le système raciste qui a longtemps présidé aux destinées de l’Afrique du Sud.

Alexia Sabatier

À voir : George Amphonsa, Misha Wessel, Thomas Blom, L’Afrique du Sud et la fin de l’apartheid, trois épisodes de 50 minutes, 2024. Disponible sur Arte.tv et sur YouTube jusqu’au 16 août 2025.
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