Longtemps inconnue de la plupart des Européens, l’île de Lampedusa fait aujourd’hui l’objet de bien des fantasmes, en Italie bien sûr, mais aussi sur l’ensemble du continent, et même au-delà. Depuis qu’elle est devenue le principal refuge des exilé es qui tentent de franchir la mer Méditerranée, elle fait régulièrement la une de l’actualité.
Mais qui connaît l’histoire de ce minuscule bout de terre posé au milieu des eaux, à mi-distance entre l’île de Malte et la côte tunisienne ? Qui sait qu’elle fut pendant des siècles un havre de paix déserté mais régulièrement fréquenté au milieu du tumulte marin, qu’elle offrait à quiconque y posait les pieds (chrétien ou musulman, commerçant ou corsaire) de quoi survivre avant de reprendre la mer, et qu’à ce titre elle a suscité l’intérêt de quelques intellectuels célèbres, parmi lesquels Denis Diderot ? Qui sait qu’avant de devenir un lieu de débarquement de tous les damné
es de la terre, elle fut un port de pêche tranquille et une destination touristique relativement confidentielle ?C’est cette histoire méconnue et peu commune que l’anthropologue Dionigi Albera, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), raconte dans Lampedusa. Une histoire méditerranéenne, publié au Seuil. Avec, comme fil conducteur, cette thèse qu’il soutient dès les premières pages : « Lampedusa est le bastion le plus méridional de la forteresse Europe, casemate sévère et autoritaire qui traque tous les intrus. En même temps, elle est une fente, une brèche étroite par laquelle perce un peu d’air et de lumière, lueur d’espoir pour ceux qui rêvent d’une vie meilleure. [...] Lampedusa est à la fois une prison à ciel ouvert et un jardin d’Eden. »
Rémi Carayol : Dès le début de votre livre, vous parlez d’une terre « bénie », mais aussi d’une terre « fantasmée », en évoquant l’île de Lampedusa. Que voulez-vous dire ?
Dionigi Albera : Ces deux termes se rapportent au mythe de Lampedusa. « Bénie » car les marins y trouvent de quoi se nourrir, se désaltérer. Il y a le prodige de cette grotte transformée en sanctuaire dans laquelle des ennemis mettent des choses en commun. C’est une terre unique de ce point de vue. Et « fantasmée » à travers la littérature abondante qui en parle au fil des siècles. Le mythe de Lampedusa est comme un surgissement qui se rattache à l’imaginaire puissant de l’île déserte offrant une possibilité de renaissance.
Rémi Carayol : Très longtemps, c’est une île déserte. Pour quelles raisons ?
Dionigi Albera : L’île était habitée dans l’Antiquité, mais nous avons peu d’éléments là-dessus. L’établissement humain permanent s’effectue dans une période où la mer est sous le contrôle de l’Empire romain – une période de relative stabilité même s’il y a des pirates qui parcourent la zone. Par la suite, elle deviendra une île déserte durant plusieurs siècles.
Cette désertification est liée aux guerres entre Byzantins et Arabes pour le contrôle de la Sicile et plus largement de la Méditerranée. Ce n’est pas propre à Lampedusa : l’ensemble des îles de cette zone sont victimes de ces guerres. Mais par la suite, les autres seront repeuplées. Pas Lampedusa. Elle reste déserte car c’est une île très difficile à défendre : elle est plate, d’accès facile par la mer, et elle est très loin de toute base continentale. Pour la défendre, il faut avoir une garnison importante sur place. Ainsi, durant le Moyen Âge, l’île n’a jamais été habitée. Il y a eu des tentatives au XVIIIe siècle, mais ce n’est qu’au XIXe siècle, dans un autre contexte politique, lorsque cette mer est devenue un « lac » européen, qu’elle a enfin été habitée.
Rémi Carayol : L’île est déserte, mais régulièrement fréquentée. C’est même un lieu extraordinaire, avec cette grotte divisée en deux parties : une pour les chrétiens, une pour les musulmans…
Dionigi Albera : Oui, c’est un lieu dont on ne connaît pas exactement la date de naissance. Il est probable qu’il ait ses racines au Moyen Âge. On en trouve une trace au XIIIe siècle notamment : quand Saint-Louis [Louis XI, roi de France de 1226 à 1270, NDLR] s’arrête sur l’île, il découvre un ermitage divisé en deux parties, avec un symbole chrétien d’un côté, et deux cadavres qui gisent au sol de l’autre – il s’agissait probablement de deux musulmans. Cette grotte commence surtout à être connue au XVIe siècle grâce à des documents qui décrivent son fonctionnement. Sa première évocation se trouve dans une œuvre d’un religieux dominicain : on a ce lieu divisé en deux, une partie consacrée à la Vierge et une autre avec une tombe d’un saint musulman. Les gens de passage, qui sont nombreux, visitent ce lieu, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, y prient pour demander la protection avant de reprendre la mer, et y déposent des offrandes. Cela peut être de l’argent (on a retrouvé des monnaies de plusieurs origines), des tissus, des vêtements, des ustensiles pour effectuer des réparations sur les bateaux, ou encore de la nourriture.
C’est une sorte de mise en commun des ressources entre ennemis, qui reconnaissent ainsi à ce lieu une sorte de sacralité. C’est un lieu de trêve. Les naufragés ou les esclaves fugitifs peuvent utiliser ces ressources, mais il y a une croyance selon laquelle ceux qui se les approprient alors qu’ils n’en ont pas besoin, et qui ne laissent pas quelque chose en échange, ne pourraient plus quitter l’île à cause des vents contraires.
« Pas une utopie, une hétérotopie »
Rémi Carayol : On y tombe par hasard, sur cette île, ou on la recherche ?
Dionigi Albera : C’est un lieu tout à fait connu. Les sources ne sont pas abondantes : les marins n’écrivaient pas beaucoup. Mais il y a au moins le témoignage d’un corsaire espagnol qui s’était lancé à la poursuite d’un bateau barbaresque, au début du VIIe siècle. Les marins qui l’accompagnaient protestaient car ils estimaient qu’ils n’avaient pas assez de nourriture pour partir dans une telle aventure. Ce à quoi le corsaire aurait répondu : « Ne vous inquiétez pas, on s’arrêtera à Lampedusa. » Dès lors, tous les marins sont d’accord... Il y a aussi des documents dans lesquels des marins de Marseille racontent à des voyageurs les moindres détails de ce qui se passe sur l’île. Ils disent même qu’ils font parfois un détour pour s’y rendre et pour y prier.
Rémi Carayol : Vous écrivez que Lampedusa est, à cette époque, une « hétérotopie ». C’est à dire ?
Dionigi Albera : J’emprunte cette notion à Michel Foucault [un philosophe français du XXe siècle, NDLR], qu’il a forgée dans un texte des années 1960 publié bien plus plus tard1. L’hétérotopie est un lieu autre, un lieu différent. Ce n’est pas une utopie. L’utopie n’a pas de lieu, elle est le fruit de l’imagination, tandis que l’hétérotopie existe vraiment, mais c’est un lieu qui propose des modalités différentes des lieux ordinaires. Dans ce cas, l’île de Lampedusa est un lieu où l’on met en place une société autre, qui dépasse les clivages. Mais il y aura aussi des utopies à Lampedusa.
Rémi Carayol : Comment expliquer que dans cette île située dans un territoire aussi fréquenté et convoité que la mer Méditerranée, un modus vivendi tacite entre les différentes puissances résiste ainsi au temps ?
Dionigi Albera : Lampedusa n’est pas un cas unique de ce point de vue. En Méditerranée, il y a eu beaucoup de conflits, mais il y a eu aussi des moments de rencontre, de connivence. Il y avait des lieux particuliers comme le fondouk ou le caravansérail, qui permettaient l’échange et même une étroite cohabitation. Il y avait même des bateaux qui pouvaient être des lieux de ce type. Il était par exemple fréquent d’avoir des marchands turcs ou arabes qui affrétaient des bateaux français pour transporter leurs marchandises, ou pour transporter des pèlerins qui se rendaient à La Mecque.
Lampedusa est un exemple de cela. Mais un exemple qui a une valeur particulière dans le sens où c’est une île entière qui fonctionne comme une sorte de seuil. Ce n’est pas une frontière. C’est un lieu de passage, et le fait que cette île est déserte explique que cela se prolonge dans le temps. En outre, Lampedusa a un caractère particulier dans le sens où c’est une création spontanée, qui est venue du bas. Ce sanctuaire n’a pas été créé par une figure institutionnelle.
« Un symbole de la tolérance religieuse »
Rémi Carayol : Au fil du temps, sa notoriété dépasse le monde de la mer. Au XVIIIe siècle, Diderot et Voltaire s’en emparent pour en tirer des enseignements...
Dionigi Albera : Il y a eu énormément de récits de voyages qui en parlaient. Puis on trouve sa trace dans les dictionnaires, dans les traités de géographie et d’histoire. Ainsi Lampedusa est déjà assez bien connue au XVIIe siècle parmi le public cultivé. Et à l’époque des Lumières, l’île devient une sorte de mythe, ou de symbole, de la tolérance religieuse. Voltaire en parle énormément, mais plutôt comme la quintessence de l’île lointaine, perdue dans la mer. Après lui, Diderot va plus loin : il localise à Lampedusa l’utopie d’une société renouvelée composée par des comédiens qui remplaceraient les rites religieux par des représentations théâtrales. Le fait qu’il situe cette utopie à Lampedusa n’est pas anodin. C’est grâce à lui que l’île pénètre la sphère de la haute culture au XVIIIe siècle.
Rémi Carayol : C’est aussi durant cette période que des États commencent à convoiter cette île.
Dionigi Albera : La première pénétration, assez sournoise, est le fait de la France. Au XVIIIe siècle, la France prend le contrôle de la navigation en mer Méditerranée. Elle a alors une politique basée sur la diplomatie, notamment en perpétuant les alliances avec l’Empire ottoman et les régences barbaresques d’Afrique du Nord. Mais en même temps, elle affirme un contrôle informel, notamment sur Malte et ses chevaliers. À cette époque, la France soutient l’implantation d’ermites à Lampedusa (le premier est un Français, les autres seront des Maltais) avec un petit noyau d’agriculteurs. Mais ces prêtres sont aussi des espions au service de la France, qui notent les caractéristiques des bateaux qui font escale sur l’île. Ils envoient leurs rapports aux représentants des Français à Malte, qui à leur tour les transmettent à Paris. Cela s’inscrit dans ce que David Todd appelle « l’impérialisme de velours »2.
Après, ce sont les Russes qui s’y intéressent. Dans la seconde partie du XVIIIe siècle, ils pénètrent de plus en plus en Méditerranée et ils ont le projet de construire à Lampedusa une base militaire. Un projet qui n’aboutira pas. Les Américains aussi y pensent, au début du XIXe siècle, à une époque où eux aussi convoitent la Méditerranée. On oublie souvent que la première guerre offensive des Américains a été menée contre les régences barbaresques car leurs bateaux étaient attaqués. À un moment, le consul américain à Tunis a élaboré le projet de faire de Lampedusa une base militaire. Mais là non plus, cela n’a pas abouti.
Les Britanniques s’y sont aussi intéressés après avoir pris le contrôle de Malte. À l’époque de Napoléon Ier [1804-1815], les Anglais arrivent à vaincre les Français, mais ils ne repartent pas et font de Malte une colonie. À un moment, Napoléon offre Lampedusa en échange de Malte, mais les Anglais refusent. Dès lors, Lampedusa passe dans la sphère d’influence britannique. Eux aussi envisagent de coloniser l’île. Ils y envoient d’ailleurs des détachements militaires.
Le sanctuaire ramené à sa « normalité »
Rémi Carayol : Et l’Empire ottoman... Il ne s’y intéresse pas ?
Dionigi Albera : Il s’y intéresse, si. Les Ottomans n’acceptent pas l’affirmation d’un pouvoir européen sur l’île. Mais ils n’ont pas non plus entrepris de la coloniser (ou ils n’ont pas réussi). Les Ottomans affirment que l’île leur appartient mais ils ne mettent rien en œuvre pour s’en assurer le contrôle. Ils prennent juste soin de vérifier que le nombre de personnes qui y sont envoyées – un nombre qu’ils ont négocié avec les Européens – est respecté. Au XVIIIe siècle, lorsqu’ils viennent sur l’île, ils constatent qu’il y a plus d’habitants que prévu. Ils arrêtent alors les « surnuméraires » et les vendent comme esclaves à Tunis...
Rémi Carayol : Finalement, cette île deviendra italienne au XIXe siècle.
Dionigi Albera : Sicilienne d’abord, en 1843, quand le royaume de Sicile décide d’acquérir l’île qui appartenait à un noble sicilien. Une colonie est installée. Il faut rappeler le contexte : les Britanniques et les Français ont affaibli les régences barbaresques. L’Algérie a été conquise. La Tunisie va bientôt entrer dans le giron de la France. C’est dans ce contexte de « pacification » progressive de la mer Méditerranée que le royaume de Sicile peut se permettre cette colonisation, avec le feu vert de la Grande-Bretagne. Mais, en 1860, c’est la fin du royaume de Sicile avec l’expédition de Garibaldi. Lampedusa entre dans le processus de fondation de la nation italienne.
Rémi Carayol : C’est à ce moment que l’île perd sa qualité de sanctuaire ?
Dionigi Albera : Oui. Elle perd d’abord son rôle de nombril de la circulation dans cette partie de la mer, avec l’arrivée du bateau à vapeur, qui change tout. Les distances augmentent. L’île perd de son importance. Quand les Siciliens arrivent, ils découvrent la grotte, et le capitaine de l’expédition la décrit dans un rapport. Il écrit : « J’ai ramené le sanctuaire à une normalité. » C’est seulement alors que Lampedusa devient uniquement catholique et perd toute connotation bi-religieuse. Dès lors, le sanctuaire est consacré à une madone [une Vierge, NDLR] : la madone des colons qui s’installent sur l’île, et que l’on fête encore aujourd’hui.
Rémi Carayol : Quand cette île devient-elle ce qu’elle est aujourd’hui : une île refuge pour les nombreux exilés venus d’Afrique, mais aussi une île frontière ?
Dionigi Albera : Cela se passe en trois temps : elle redevient une île frontière d’abord au moment de la Seconde guerre mondiale, car Malte est anglaise et Lampedusa italienne ; puis au moment de la décolonisation, de la Guerre froide, de la création de l’Otan [Organisation du traité de l’Atlantique Nord, NDLR]. Lampedusa est alors en première ligne. On y installe une base de l’Otan gérée par les Américains. Cela devient donc une frontière militaire. Enfin, elle redevient une nouvelle fois une île frontière avec la multiplication des mouvements migratoires à la fin des années 1990 et au début des années 2000.
Il faut savoir que Lampedusa a été colonisée au XIXe siècle avec l’objectif d’en faire une colonie agricole. Mais ça n’a pas marché, c’était illusoire. Les habitants sont alors devenus des pêcheurs et ils ont établi des relations étroites avec la rive Sud de la Méditerranée, notamment la côte tunisienne. Ils étaient chez eux à Sfax par exemple. De même, les Tunisiens venaient pêcher dans les eaux de Lampedusa. Ce n’étaient pas vraiment des étrangers. Les liens étaient étroits.
Tout change avec le processus de l’unification européenne qui alourdit le poids de cette frontière maritime, notamment avec la création de l’espace Schengen [en 1995, NDLR]. Auparavant, c’était plus facile de circuler, notamment entre la Tunisie et l’Italie. À partir des années 1990, on observe à Lampedusa l’arrivée des premiers migrants identifiés comme tels. Mais au début, ils se fondent dans l’histoire longue des circulations. Puis à partir du début des années 2000, les routes sahariennes aboutissent à Lampedusa. Les arrivées se multiplient sur l’île.
« La frontière a été radicalisée, à Lampedusa comme ailleurs »
Rémi Carayol : C’est un lieu, écrivez-vous, de « radicalisation » de la frontière. Que voulez-vous dire ?
Dionigi Albera : La frontière a été radicalisée, à Lampedusa comme ailleurs. C’est incroyable de voir les épaves de naufrages dont personne n’a entendu parler qui arrivent presque quotidiennement sur les côtes de l’île, ou même des cadavres. C’est une mer ensanglantée. Et à Lampedusa, cela saute d’autant plus aux yeux que, depuis quelques années, les exilés sauvés en mer sont amenés sur l’île. Les corps récupérés aussi…
Rémi Carayol : Comment les habitants de l’île vivent-ils tout cela : l’afflux des exilés, mais aussi des ONG et des forces militaires ?
Dionigi Albera : La situation n’est pas facile. Dès le début, ils ont fait preuve d’une grande humanité. Ils ont accueilli, nourri, aidé les gens. Après, les choses se sont professionnalisées avec l’arrivée des ONG. Ils sont aussi attentifs à leurs intérêts économiques. D’ailleurs, il faut mentionner une autre présence : celle des touristes. Cela peut paraître invraisemblable mais Lampedusa est une île touristique. Ce qui est paradoxal, c’est que l’on constate que l’image de Lampedusa en tant que lieu d’accueil des migrants a coïncidé avec la mise en valeur de sa réputation de destination touristique. Aujourd’hui, les habitants qui ont massivement abandonné la pêche pour le tourisme, bien plus lucratif, craignent que la présence des forces militaires et des migrants finisse par décourager les touristes. Malgré tout, dans les moments cruciaux, ils ont toujours été là pour aider. En septembre [2023], lorsque 6 000 personnes sont arrivées en une journée, ils étaient là pour les accompagner.
Rémi Carayol : En conclusion, vous écrivez que « l’héritage historique de Lampedusa appartient à tous », qu’il « indique une voie pour humaniser à nouveau cette frontière, pour restituer une horizontalité à la mer, pour en faire une zone de brassage et non une barrière infranchissable »...
Dionigi Albera : Je crois que l’on peut encore s’inspirer de l’histoire de cette île et du miracle de son sanctuaire. On peut s’en inspirer et ne pas céder à la surenchère haineuse à laquelle on assiste actuellement. Cette frontière ne peut pas continuer à être tracée avec le sang. De même que c’est illusoire de vouloir recréer un « lac » en externalisant la frontière et en la repoussant plus au sud, notamment en confiant le sale boulot de la fermeture des frontières aux pays du Maghreb et aux États subsahariens.
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