Aux origines coloniales de Barkhane (1)

Dans l’armée française, un imaginaire colonial omniprésent

Série · Des militaires français qui ont combattu au Sahel ces dernières années ont couché par écrit ce qu’ils ont vécu sur le terrain. Cette guerre, la plupart d’entre eux la décrivent avec les mots de soldats biberonnés depuis leur enfance aux « exploits » de la conquête coloniale. Au-delà de leur expérience personnelle, ces témoignages mettent en lumière le poids de l’héritage colonial au sein de l’armée française.

Des soldats de la force Barkhane patrouillent dans la zone d’Ansongo (Mali), en décembre 2015.
Fred Marie / shutterstock.com

Du général Bernard Barrera, bon nombre de journalistes qui l’ont côtoyé sur le terrain durant les premières semaines de l’opération Serval, début 2013, gardent le souvenir d’un officier affable et souriant, passionné autant que concentré sur sa mission. Celui qui, en tant que commandant des forces terrestres de Serval, a dirigé la « reconquête » du nord du Mali par l’armée française, et notamment la prise des villes de Gao, de Tombouctou et de Kidal, était à l’évidence heureux d’être là. Dans son livre-témoignage, publié au Seuil deux ans plus tard (Opération Serval, notes de guerre, Mali 2013, éditions du Seuil, 2015), il raconte l’enthousiasme qui l’a gagné alors qu’il traquait les djihadistes : pour lui, il ne s’agissait pas seulement d’une mission, mais bien d’un retour aux sources – celles, écrites par ses lointains aînés durant la conquête coloniale, qui ont bercé sa jeunesse et nourrit ses rêves d’adolescent.

En avril 2013, en parcourant le compte-rendu d’opération d’un de ses capitaines, il a, écrit-il, « l’impression de relire celui du lieutenant-colonel Joffre, rédigé en 1894, dénonçant les mêmes peurs des sédentaires face aux brigands et aux peuples du Nord ». Quelques jours plus tôt, une discussion avec des médecins lui avaient rappelé l’expédition Duchesne qui, à Madagascar en 1895, avait perdu près de 40 % de ses effectifs à cause de la maladie, et à laquelle avait participé son arrière-grand-père. Comme beaucoup d’officiers, Barrera est issu d’une famille de militaires. Et comme beaucoup d’entre eux, l’univers dans lequel il a grandi est constellé de références datant de la conquête coloniale. Nombre d’ouvrages publiés par des militaires ayant participé à la guerre de la France au Sahel en témoignent.

Bien que peu abondante pour l’heure, la bibliothèque des livres écrits par des militaires s’étant battus au Sahel s’étoffe d’année en année. Les deux premiers ont été publiés en 2015. Il s’agit de deux témoignages d’officiers qui ont joué un rôle majeur durant la « reconquête » du Nord-Mali. Opération Serval, notes de guerre est le journal de bord du général Bernard Barrera, qui a commandé l’opération1. « C’est lui qui a gagné sur le terrain, au Nord Mali, une des batailles les plus dures que l’armée française ait eu à livrer depuis la fin de la guerre d’Algérie », rappelle le général Henri Bentégeat en préface2.

Libérez Tombouctou. Journal de guerre au Mali, publié à la même époque chez Tallandier, est l’œuvre du lieutenant Frédéric Gout, envoyé au Mali dès le déclenchement de l’opération Serval en tant que commandant du 5e régiment d’hélicoptères de combat (RHP) basé à Pau. Un troisième ouvrage, Entre mes hommes et mes chefs. Journal d’un lieutenant au Mali, a été publié en 2017 chez Lavauzelle. Il s’agit du journal de bord de Sébastien Tencheni, jeune officier ayant combattu au Mali en 2014, à l’époque où l’opération Serval est devenue l’opération Barkhane et s’est étendue à quatre autres pays de la zone : le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. « Écrit comme un journal de marche, jour après jour, sous la chaleur du désert malien », cet ouvrage est une succession d’« impressions à chaud ».

Deux autres ouvrages écrits par des militaires français ont été publiés ces deux dernières années : Chef de guerre, de Louis Saillans (Mareuil Editions, 2020), et Au cœur de Barkhane. Face aux terroristes, de Raphaël Bernard (éditions JPO, 2021). Ces deux récits diffèrent des trois précédents dans le sens où ils ne regorgent pas de références coloniales et épargnent le lecteur de considérations passéistes3.

Le temps « béni » des colonies bien ancré dans les mémoires des militaires

Ces publications ont certainement fasciné les fanatiques d’opérations militaires. Elles permettent, dans une certaine mesure, de comprendre les réalités militaires d’un terrain complexe – tant au niveau humain qu’en ce qui concerne le climat et la topographie – et donc d’une opération particulièrement délicate, mais aussi d’entrevoir les difficultés qu’un chef militaire peut rencontrer dans le feu de l’action. Elles offrent également au lecteur critique des éléments qui en disent long sur la manière de penser des officiers, et leur vision d’un théâtre qui leur est étranger et dont ils ne maîtrisent pas tous les tenants.

Une évidence s’impose à la lecture des trois ouvrages cités : s’il est loin, le temps « béni » des colonies, il reste encore bien ancré dans les mémoires des militaires. Barrera, qui a fait Saint-Cyr (promotion Monsabert, 1982-85), « l’école de l’Idéal, du Service et de la Tradition » écrit-il, rappelle que « les militaires sont attachés à l’histoire de leurs unités, à l’exemple des Anciens », et qu’ils « puisent dans ces références leur fierté et leur singularité ». Or dans l’armée de Terre, nombre de ces références remontent à la conquête coloniale, et beaucoup se rapportent à la « pacification » du Sahara, qui fut très largement médiatisée par la presse française de l’époque. « Il y a encore aujourd’hui une importance du Sahara dans un certain nombre d’unités de l’armée française. Cette région est toujours marquée par un imaginaire mythique », rappelait récemment sur France Culture l’historienne Camille Lefebvre, autrice de plusieurs ouvrages sur la conquête coloniale au Sahel.

Dans son livre, Barrera raconte comment, lors de l’avancée des troupes françaises en direction de Tombouctou en janvier 2013, la grande histoire lui est revenue en regardant une carte du Mali :

« En lisant les noms, je retrouve l’itinéraire de l’expédition française de 1894, de Bamako à Tombouctou, à l’époque du Soudan français, l’histoire militaire au service des opérations ! Léré, Niafounké, Goundam, la marche épuisante de la colonne du colonel Bonnier, suivie de celle du lieutenant-colonel Joffre, futur vainqueur de la Marne, régulièrement attaqués par les Touaregs insoumis, venus effectuer des razzias sur les sédentaires noirs du fleuve Niger. En lisant Niafounké sur la carte, je revois mon grand-père, vieil officier colonial, me raconter les soirs d’été dans sa grande villa marseillaise les expéditions lointaines ».

Niafounké qui fut « libérée cent-dix-neuf ans après sa conquête par les tirailleurs de Joffre, le 20 janvier 1894, au prix de cent rebelles tués ». Puis il continue : « Je regarde ma carte : Niafounké, Goundam et, 35 kilomètres plus loin, l’objectif, celui de Joffre […] J’ai une pensée pour le colonel Bonnier et son état-major : 13 Français, 63 tirailleurs tués le 15 janvier 1894 à Tacoubao ».

La légende de Caillié et des méharistes

Une fois la ville de Tombouctou « nettoyée » des djihadistes, Barrera se lance sur les traces d’une autre de ses idoles, René Caillié. Alors que la situation semble sous contrôle, il traverse la ville dans le but de visiter la maison du célèbre explorateur, « premier Occidental à être entré dans la ville le 20 avril 1828 ». Il s’en était fait la promesse en lisant L’esclave de Dieu, le livre de Roger Frison-Roche qui retrace les aventures de Caillié. Caillié était un civil, mais les militaires lui vouent une grande admiration. L’historien Emmanuel Garnier constate qu’il tient « une place particulière » dans l’armée « en raison du rôle pionnier qu’il jouera dans la conquête militaire de la future AOF [NDLR : Afrique-Occidentale française] ».4

Portrait de René Caillié.
Source gallica.bnf.fr / BnF

Plus au nord, Barrera retrouve les paysages qui l’ont fait rêver, petit : « Les massifs algérien du Hoggar, malien de l’Adrar des Ifoghas et nigérien de l’Aïr ont peuplé mon imagination pendant ma jeunesse, époque où je lisais les récits des méharistes ». Il regretterait presque « d’être né trop tard pour connaître les grandes expéditions sahariennes ». Mais lesquelles au juste ? La plupart ont laissé de biens mauvais souvenirs à ces peuples d’Afrique qu’il se dit fier d’avoir libéré du joug djihadiste. Camille Lefebvre rappelle que durant la conquête du Sahara dans les années 1880-1890, les violences contre les civils sont des « pratiques ordinaires ». « Immenses colonnes se nourrissant sur le pays, abandonnant blessés et malades sur la route, fusillant les déserteurs, pratiquant des feux de salve sur les populations civiles, tirant au canon sur les villages, et les brûlant, sont des phénomènes récurrents », détaille-t-elle5.

Lorsqu’il se trouve au fort d’Araouane, en plein désert, Barrera loue « ces hommes (qui) devaient avoir une vie intérieure forte, une vocation profonde, pour vivre des mois, des années entre ces dunes hors du temps ». Et de conclure par cette ode à la colonisation : « L’action de l’État s’inscrivait dans la durée. Les instituteurs, les ingénieurs, les techniciens, les administrateurs suivaient les colonnes et apportaient une certaine idée de la civilisation européenne. […] Même si les peuples ont légitimement accédé à la liberté, ils gardent en mémoire les repères et les souvenirs d’une autorité souvent disparue, synonyme de sécurité ».

« Le passé glorieux de la France »

Gout (un Saint-Cyrien comme Barrera), dont le récit est bien moins lyrique, et qui se contente la plupart du temps de détailler le déroulement des opérations, n’échappe pas lui non plus à un petit moment de nostalgie lorsqu’il se trouve à Gossi, au centre du Mali. « J’ai l’impression de retrouver mes lectures d’aventuriers d’un autre temps », écrit-il.

Mais c’est dans le récit de Tencheni que la nostalgie coloniale, si prégnante dans l’armée, saute littéralement aux yeux, page après page. Ce jeune officier est issu de l’École militaire interarmes (EMIA), promotion Bigeard (2010-12)6, du nom d’un des principaux protagonistes des guerres d’Indochine et d’Algérie, pour qui la torture était « un mal nécessaire » - ce qui ne l’a pas empêché d’être nommé au poste de Secrétaire d’Etat à la Défense par Valéry Giscard d’Estaing en 1975. Dès le début, après avoir loué la légende de l’empereur Napoléon, et avant d’écrire que le peuple français est à ses yeux « le plus courageux et le plus extraordinaire des peuples », Tencheni prévient : « Si le lecteur est choqué par certaines réflexions ou avis, qu’il sache qu’en effet ces pensées me sont bien venues ».

Et quelles pensées ! L’Afrique, ce « rêve colonial de la toute jeune République », ce « théâtre magnifique » qui l’attire « bien plus que les froids Balkans », cette terre « de tous les dangers », mais aussi de « tous les fantasmes » et « des anciennes gloires coloniales et du passé glorieux de la France », reçut selon lui de la France « les bénéfices de la civilisation » et « fut libérée du joug des trafiquants d’esclaves arabes ». Ah ! La magie africaine, « avec cette monnaie remontant au temps des colonies », ces paysages merveilleux, ces peuples naïfs et généreux (« Dans ces pays-là, il suffit de peu pour rendre les gens heureux », écrit-il)…

Lui aussi, comme Gout et comme Barrera, aura, durant sa mission, l’impression de faire un voyage dans le passé. Parce qu’en Afrique, on vit « dans un autre temps ». « Sommes-nous en 2014 ou bien en 1350 ? se demande-t-il. Sommes-nous les nouveaux Du Guesclin venu au Mali pour chasser les bandes de routiers oppressant le peuple des campagnes et ainsi rétablir la paix ? » Pour lui, c’est une évidence : la France, « belle France ! », a un rôle à jouer pour pacifier le Mali, comme elle le fit voici plus d’un siècle. « Nous sommes un pays fort, puissant et respecté : imposons une tutelle le temps de régler les problèmes […] et nous pourrons repartir, tout en gardant un œil “paternel” ».

On se croirait revenu en 1890. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Tencheni est un jeune homme de son époque. « Nous ne traquons pas l’infâme Anglais, précise-t-il, mais le fou d’Allah ». Cette fois-ci, la France, « grande nation au cœur généreux, [vole] au secours d’un peuple opprimé par la barbarie islamique ». Il semble ignorer que lorsque les Français colonisent le Sahara à la fin du XIXe siècle, ils se retrouvent face à ce que l’historien Emmanuel Garnier appelle « une forme d’État islamique », la Senoussiya, dont le « prosélytisme prospère rapidement dans la région en prônant un retour à la pureté de l’islam originel ».

Le mythe des « brigands de grand chemin »

Outre ces déversements de nostalgie rance, les officiers français démontrent parfois une méconnaissance des pays dans lesquels ils se battent, des peuples qu’ils sont persuadés d’aider, voire de sauver, et des ennemis qu’ils disent combattre. Pour eux, c’est clair, il y a d’un côté les « méchants » et de l’autre les « gentils ». C’est la guerre qui veut cela, mais peut-être aussi, un peu, les certitudes héritées du passé - car sur le terrain comme à Paris, on croit bien connaître ce territoire que l’on a arpenté pendant des décennies, et ces habitants que l’on a matés puis, pour certains, cooptés.

Les « méchants » tout d’abord : leurs ennemis. Des « terroristes », mais aussi de vils trafiquants, des « contrebandiers du désert » (Barrera), des « brigands de grand chemin » (Gout). Les militaires ressassent jusqu’à l’indigestion le mythe du narco-terroriste qui se servirait de l’islam pour mener ses petits trafics, et qui n’aurait pour véritable Dieu que l’argent. La plupart des spécialistes de la zone ont pourtant depuis longtemps déconstruit ce discours. « Il ne faut surtout pas confondre les acteurs criminels et les acteurs djihadistes. C’est une erreur grave, expliquait en mars 2021 un des meilleurs spécialistes en la matière, Guillaume Soto-Mayor. Cette idée que les groupes armés djihadistes seraient des bandits de grand chemin drapés dans un voile de religion, dont le principal objectif serait pécuniaire, est absurde et irréaliste. […] Ce label narco-djihadiste est un aveuglement volontaire. Il sert souvent des objectifs politiques. ».

Pourquoi les militaires continuent-ils de se complaire dans cette théorie ? Peut-être parce qu’elle renvoie une nouvelle fois à cet imaginaire hérité de la conquête coloniale : l’historien Emmanuel Garnier rappelle que la colonisation, dans cette partie du monde, a longtemps été présentée comme une mission de lutte contre les pillards. Il cite notamment un rapport du ministère des Colonies daté de 1918, dans lequel il est précisé qu’il s’agit de réaliser « le plan grandiose » consistant à « purger le Sahara de ses écumeurs »7.

Tout est bon pour ôter à ce « méchant » toute ambition politique, pour lui dénier même toute possibilité de raisonnement. Barrera, homme de savoir et de mesure, n’échappe pas à la caricature lorsqu’il affirme : « Le djihadisme sahélien prône le retour aux sources, mais il profite des Toyota, des ordinateurs et des téléphones satellitaires. Pour étendre son pouvoir et imposer ses trafics sur des régions entières, il détruit sans construire, impose le retour au Moyen-Âge à des peuples impuissants qui subissent le dictat d’un petit nombre ». Et de conclure, dans une curieuse comparaison : « Le communisme, notre ennemi précédent, avait une certaine vision de la société, des projets. Les nouveaux barbares n’en ont aucun ».

« Rien n’a changé depuis des siècles »

Face à ces « méchants », il y aurait les « gentils ». Les soldats français bien sûr. Mais aussi les Maliens qui, eux « sont pacifiques et vivent le plus souvent en paix », croit savoir Gout. Les Maliens, comme tous les Africains, sont naïfs, chaleureux, bonhommes, souriants... « Influençables » aussi (Tencheni). Rien à voir avec ces obscurs djihadistes. Discours paternaliste qui entre en contradiction avec la réalité : les nombreuses recherches menées sur le terrain démontrent en effet que le gros des troupes qui constituent les différentes katibas actives dans le Sahel ont été recrutées localement. Si Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) a vu le jour en Algérie, et si ses chefs sont dans un premier temps venus d’Afrique du Nord, voilà bien longtemps qu’ils ont été remplacés par des hommes originaires du Mali, du Burkina ou du Niger8. Mais cette réalité n’a pas sa place dans le récit des militaires français. Cela n’empêche pas Tencheni d’affirmer qu’un soldat « se doit de maintenir son cerveau en alerte et d’avoir une vision bien plus complète que la version simpliste imposée par les médias et l’Éducation nationale ».

Inutile de chercher bien loin les références idéologiques de ce jeune officier, qui a « l’impression que nous sommes les derniers remparts […] les derniers survivants d’une certaine idée de la France ». Nul doute que cet adepte d’Aymeric Chauprade, un ancien conseiller de Marine Le Pen qu’il cite comme une référence en matière de géopolitique, a également dévoré les ouvrages de Bernard Lugan. Pour cet historien honni par la plupart de ses confrères, mais lu avec délectation par nombre d’officiers, tout est simple en Afrique, tout renvoie à l’ethnie et tout est figé dans le temps9. C’est également le message que font passer nos militaires-auteurs. « Le temps s’est arrêté dans cette ville » (Tombouctou), écrit Barrera. À propos des « ruelles magnifiques » de Tombouctou, Gout croit savoir que « rien n’a changé depuis des siècles ».

1Le 20 octobre 2020, Bernard Barrera a fait ses adieux aux armes aux Invalides. Comme nombre d’officiers, il s’est très vite trouvé une voie de reconversion puisqu’il a rejoint dès le 1er novembre 2020 le groupe Thalès, où il officie en tant que Conseiller Défense Terre.

2Le même Henri Bentégeat qui a pour modèle le maréchal Hubert Lyautey, un officier ayant joué un rôle majeur dans la conquête coloniale : « Parmi les personnages qui ont été à la source de ma conviction militaire, Hubert Lyautey, maréchal de France, dont le portrait orne mon bureau, occupe une place toute particulière et symbolise l’image de l’officier dans toute sa plénitude et toute sa grandeur », écrit-il dans la préface d’une réédition d’un célèbre article de Lyautey, Le rôle social de l’officier (éditions Lavauzelle, 2004).

3En réaction à une première version de cet article publiée par Orient XXI, Olivier Hanne, enseignant aux écoles militaires de St-Cyr Coëtquidan, avait tenu à préciser que « l’enseignement prodigué aux officiers est alimenté par de nombreux titres d’ouvrages nuancés et universitaires », et que « ces témoignages ne forment pas le fond intellectuel des officiers qui partent sur Barkhane ».

4Emmanuel Garnier, L’Empire des sables. La France au Sahel,1860-1960, Perrin, 2018.

5Camille Lefebvre, Des pays au crépuscule. Le moment de l’occupation coloniale (Sahara-Sahel), Fayard, 2021.

6Le chant de la promotion lui est consacré : « Un soldat qui anoblit notre histoire […] qu’à jamais notre action s’inscrive dans ses pas ».

7Emmanuel Garnier, L’Empire des sables. La France au Sahel,1860-1960, Perrin, 2018.

8Le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM), qui a pris le relai d’Aqmi dans la région, Iyad Ag Ghaly, est un Touareg malien. Celui de la katiba Macina, l’une des plus actives au Mali, Hamadoun Koufa, est un Peul malien. Celui d’Ansaroul islam, actif au nord du Burkina, est un Peul burkinabé.

9Tencheni reprend d’ailleurs l’un des argumentaires favoris de Lugan lorsqu’il écrit : « L’histoire malienne depuis l’indépendance n’est qu’un long conflit entre les populations noires du sud du fleuve et celles arabes du nord ».