Okomu Oil Palm Company PLC, filiale de la société franco-luxembourgeoise Socfin (elle-même en partie détenue par le groupe Bolloré), possède une plantation de caoutchouc de 7 335 hectares et une plantation de palmiers à huile de 19 062 hectares dans le district d’Ovia South-West de l’État d’Edo, au Nigeria. Le groupe Socfin détient 66 % des actions de l’Okomu Oil Palm Company PLC, le reste du capital étant partagé entre des individus et des institutions nigérianes et internationales.
Malgré les bénéfices annuels engrangés par l’entreprise grâce au caoutchouc et au palmier à huile, les communautés d’accueil continuent de lutter pour leur survie, et beaucoup se plaignent des mauvais traitements infligés par la filiale de la Socfin. L’Okomu Oil Palm Company a engrangé 59 milliards de nairas de revenus en 2022 (59,4 millions d’euros), avec un bénéfice brut de 39 milliards de nairas – des chiffres en hausse par rapport à 2021, où ils étaient respectivement de 37 et 21 milliards de nairas. Cependant, dans les villages de la communauté d’Okomu, on ne trouve aucune trace apparente de toute cette richesse.
Comme il n’y a pas de route qui dessert la communauté, les habitants doivent emprunter la rivière, soit neuf minutes de bateau à moteur jusqu’au champ de cocotiers près du site de l’entreprise, puis plus d’une heure à travers la plantation avant d’atteindre la ville. Lors de notre visite, en juillet 2023, les habitants ont déclaré que le robinet avait cessé de couler depuis plus de trois ans et qu’ils devaient boire l’eau de la rivière.
Les fruits du palmier à huile servent de matière première à une large gamme de produits, depuis l’huile de cuisson jusqu’aux cosmétiques. Le caoutchouc est utilisé pour fabriquer des ustensiles de cuisine, des chaussures et des gants, mais surtout des pneus. L’Europe consomme plus de 1 million de tonnes de caoutchouc par an, mais n’en produit pas un seul gramme. La Socfin exporte la majeure partie de son caoutchouc vers les usines de fabrication de pneus du vieux continent. Comme pour le caoutchouc, l’entreprise exporte son huile de palme vers l’Europe, y compris directement auprès des consommateurs. En Grande-Bretagne, on peut acheter cette huile en ligne sur eBay pour 20 livres sterling les 2 litres, et sur Etsy pour 25 livres sterling.
Déplacements forcés
Sur place, les habitants accusent l’entreprise d’avoir démoli trois villages, celui de Lemon en 2005, puis ceux de Oweike et Agbenda en 2008, entraînant le déplacement forcé de populations autochtones, mais aussi la destruction des terres agricoles et l’impossibilité pour les enfants d’aller à l’école. Nombre des personnes affectées n’avaient aucun parent en dehors de leur village pour leur porter assistance. Même plusieurs années après la destruction de ces communautés, les habitants affirment en ressentir encore les effets.
Notre enquête confirme qu’à l’époque où ces trois villages ont été expulsés, la société a étendu sa plantation et acquis 1 969 hectares de palmiers à huile et 1 811 hectares d’hévéas. Selon le site web de l’entreprise, celle-ci s’est encore étendue depuis et contrôle désormais 33 112 hectares. Si les habitants d’Oweike et d’Agbenda se sont réinstallés de l’autre côté de la rivière, le village de Lemon n’existe plus en tant que tel.
Austin Lemon n’avait que 15 ans lorsqu’il a vu la Socfin arriver dans son village avec des agents de sécurité. Il raconte que ses parents et d’autres habitants de Lemon ont imploré en vain la société franco-luxembourgeoise de les laisser rester parce qu’ils n’avaient nulle part où aller. Son père, Lemon, avait fondé la communauté en 1969 et lui avait donné son nom. Selon le droit coutumier nigérian, la première personne s’installant sur une terre vierge pendant une longue période en devient propriétaire.
Aujourd’hui âgé de 33 ans, Austin Lemon se rappelle à quel point son père a été choqué d’apprendre que la Socfin pouvait ainsi mettre la main sur son foyer ancestral. Les demandes d’indemnisation des villageois pour leur réinstallation sont également restées sans réponse. « L’entreprise a juste installé sa plantation », dit-il. Toutes les maisons de Lemon ont été détruites, de même que les zones réservées où les villageois cultivaient le plantain, le manioc, le cacao et le taro. « Pendant un an, je ne suis pas allé à l’école, poursuit Lemon, parce que nous étions déplacés et que nous devions lutter pour notre survie. C’est l’action de l’entreprise qui a causé la mort de mon père, qui souffrait d’hypertension artérielle. Il est mort parce que les terres agricoles qui servaient à nourrir ses trente-deux enfants ont également été détruites. »
Un intérêt public à géométrie variable
Ces accusations sont démenties par l’Okomu Oil Palm Company. Les représentants de l’entreprise, que nous avons sollicitée pour cette enquête, ont déclaré qu’elle avait acquis les terres pour sa plantation auprès du gouvernement après que celui-ci eut déclassé une partie de la réserve forestière d’Okomu, conformément à la législation du Nigeria. La loi sur l’utilisation des terres de 1978 autorise le gouverneur d’un État ou une administration locale à révoquer un droit d’occupation si le terrain est nécessaire à un usage public. La loi stipule que lorsqu’un droit d’occupation est ainsi révoqué, les occupants et détenteurs doivent être compensés de la valeur de la terre. D’après son porte-parole, M. Ajele Sunday, la communauté d’Okomu n’a jamais été indemnisée quand bien même la Socfin affirme avoir acquis le terrain auprès du gouvernement.
Selon l’avocat nigérian Liborous Oshoma, avant que le gouvernement puisse révoquer un certificat d’occupation pour cause d’intérêt public prépondérant, un tribunal doit confirmer qu’il s’agit bien d’une opération d’intérêt public. « L’intérêt public, c’est par exemple que le gouvernement veuille construire une route, une école ou fournir des services publics à tous, explique-t-il. Pas de prendre un terrain pour le donner à une entreprise. » Cependant, les membres de la communauté possédant des terres rurales antérieures à la loi sur l’utilisation des terres de 1978 « peuvent faire don de terres au gouvernement pour le développement », précise-t-il.
Plusieurs sources de la communauté d’Okomu affirment que l’entreprise a négocié avec le gouvernement sans consulter la communauté. La déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones consacre pourtant le principe du « consentement préalable, libre et éclairé ». Celui-ci donne théoriquement aux peuples autochtones le droit de consentir ou non à tout projet qui les affecterait ou qui affecterait leurs territoires.
La colère des villageois
Les villages d’Okomu sont des communautés isolées auxquelles on ne peut accéder qu’en passant à travers le domaine de l’entreprise, au milieu des plantations de palmiers à huile et d’hévéas. Pour les nouveaux visiteurs, le trajet est intimidant. C’est ce chemin que nous avons emprunté, avec un fixeur non résident, pour nous rendre sur place. Après plus d’une heure de route depuis Udo, une demi-heure a été nécessaire pour traverser la plantation et atteindre le camp de Makilolo, un village vide avec quelques maisons en chaume, et prendre un bateau à moteur. Un quart d’heure plus tard, nous étions au siège administratif de la communauté d’Okomu pour entendre les témoignages des habitants affectés par la Socfin.
C’est cette même route que les pêcheurs et les agriculteurs doivent emprunter pour transporter leurs produits vers le marché de la ville. Les enfants l’utilisent aussi pour se rendre à l’école en dehors de leur communauté. Cela n’a pas empêché la Socfin de faire creuser un énorme fossé autour de sa plantation en 2022. Les habitants ne pouvaient plus entrer ni sortir. Pendant la saison des pluies, racontent-ils, les eaux du fossé chargées d’engrais polluent la rivière Okomu, leur seule source d’eau potable, et tuent les poissons. Il existe des enregistrements vidéo qui montrent les débordements de ce fossé dans le village de Marhiaoba, également connu sous le nom de communauté AT&P.
En mai 2022, les habitants ont organisé une manifestation pacifique à l’entrée de l’entreprise, exigeant la fermeture du fossé. Nous avons obtenu des photos de cette manifestation montrant des personnes tenant des pancartes demandant à l’entreprise de rouvrir la seule route menant à leurs villages. C’est à cette occasion que, selon plusieurs témoignages, Iyabo Batu, âgée de 56 ans, aurait reçu une balle dans le genou tirée par des agents de sécurité de l’entreprise. Le premier jour, les habitants avaient manifesté dans leur communauté, puis ils ont décidé le jour suivant de se rendre devant l’entrée de la plantation. Ils ont été bloqués en chemin par le personnel de sécurité, qui voulait mettre fin à la manifestation.
« Il était très difficile pour mes petits-enfants d’aller à l’école parce que l’homme blanc bloquait la route », explique Iyabo Batu en faisant référence au directeur de la Socfin. Selon elle, à cause du fossé creusé par l’entreprise, les enfants du village ont été contraints de cesser d’aller à l’école. « Au cours de cette manifestation pacifique, poursuit-elle, les agents de sécurité attachés à l’entreprise m’ont tiré dans les genoux, et j’ai été transportée d’urgence à la clinique avant d’aller à l’hôpital général d’Igbuobazua. » Batu a été hospitalisée pendant plus d’un mois après avoir été opérée du genou. La radiographie a révélé de multiples fractures de la rotule. Elle nous a confié sa déception que l’entreprise n’ait jamais payé ses factures d’hôpital ni présenté ses regrets pour cette blessure par balle. De fait, en réponse à nos questions, l’entreprise a nié que l’un de ses employés ait tiré sur Mme Batu.
Manœuvres dilatoires
C’est l’ONG nigériane Environmental Rights Actions (ERA) qui s’est occupée de Iyabo Batu. Rita Ukwa, de l’ERA, nous a confirmé que son association avait pris soin d’elle, notamment en lui louant un appartement en ville pendant un an après sa sortie de l’hôpital afin de la préparer à rentrer chez elle. Son reçu de sortie montre qu’elle a payé 226 940 nairas (228 euros), une somme importante pour des populations pauvres du Nigeria, avant de quitter l’hôpital.
Le message envoyé par l’entreprise en réponse à nos questions indique :
Nous ne sommes pas en mesure de commenter l’allégation selon laquelle une femme aurait été blessée par balle lors d’une manifestation, car aucune plainte officielle n’a été déposée par la plaignante présumée, que ce soit auprès de notre société ou des forces de police nigérianes. Sachez toutefois qu’aucun des agents de sécurité employés par notre société n’a jamais été autorisé à porter une arme, car le gouvernement ne l’autorise pas, et nous pouvons donc affirmer avec certitude qu’aucun de nos agents de sécurité n’a tiré sur qui que ce soit.
Pourtant, selon plusieurs témoins à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise qui ont accepté de nous parler, un agent de sécurité de l’entreprise serait bien en cause. Un employé de l’entreprise ne résidant pas à Okomu a identifié l’individu qui a tiré sur Mme Batu comme un agent du gouvernement chargé de la lutte contre le terrorisme. Notre source a souhaité rester anonyme par crainte de l’entreprise ou des officiers de police. Selon elle, la sécurité de l’Okomu Oil Palm Company est assurée par des policiers, des agents de sécurité privés et des militaires. Bien que ces agents soient payés par le gouvernement fédéral, ils sont également rémunérés par l’entreprise et suivent ses instructions.
Selon Ajele Sunday, porte-parole de la communauté, lorsque Mme Batu a été transportée d’urgence au poste de police de la division d’Igbuobazua, les agents sur place ont utilisé des tactiques dilatoires. « Au poste, la police n’a jamais voulu que nous prenions des photos ou que nous filmions la scène, explique-t-il. Ils ont refusé de nous donner une copie de la déclaration de police, et au lieu de nous donner une note de renvoi pour que nous l’emmenions à l’hôpital, la police est allée avec nous à l’hôpital et a discuté avec le personnel sur place avant de laisser commencer le traitement. »
Une longue histoire de conflits
Ces événements ne sont que le dernier épisode d’une longue histoire de conflits entre la Socfin et la communauté d’Okomu autour de la route traversant la plantation. Selon Ajele Sunday, l’entreprise a déjà fermé en décembre 2010 la seule porte permettant d’entrer et de sortir de la communauté, parce que les habitants refusaient de signer un protocole d’accord préparé par l’entreprise. À travers ce protocole d’accord, les villageois étaient censés reconnaître que leurs terres appartenaient à l’Okomu Oil Palm Company et qu’ils n’en étaient que locataires. C’est lorsque les résidents ont refusé de signer, explique Sunday, que la société a fermé la porte à clé.
« Mais nous avons découvert plus tard que le même contrat que nous rejetions avait été signé, raconte-t-il. L’entreprise a invité quelques anciens, et leur a demandé de signer des livres à distribuer à la communauté. Ce qu’ils ont fait. Quelques jours plus tard, l’entreprise a montré le protocole d’accord signé, et tout le monde était choqué. » Nous n’avons pas été en mesure de confirmer ce témoignage de manière indépendante.
À cette époque, l’équipe juridique de l’ERA était déjà intervenue en soutien à la communauté et avait contesté, à travers une lettre officielle à l’Okomu Oil Palm Company, la validité juridique de son occupation des terres concernées. Selon les juristes de l’ONG, le camp de Makilolo existait avant le classement de la réserve forestière en 1950, son existence étant mentionnée dans de nombreux textes officiels. Ces terres n’étaient donc pas couvertes par l’ordonnance de déclassement de la forêt prise en 2000 par le gouvernement de l’État d’Edo pour permettre l’expansion de la Socfin. « En l’absence d’un document de location et d’un certificat d’occupation valide, la société Okomu Oil Palm Company ne peut valablement revendiquer la propriété légale du terrain qui lui permettrait d’émettre un avis d’expulsion à Makilolo ou à tout autre camp déjà reconnu par l’arrêté de 1950 [...] », affirmait notamment ce document.
L’entreprise aurait cependant choisi d’ignorer la lettre de l’équipe juridique de l’ERA et a refusé d’ouvrir le portail, obligeant les habitants d’Okomu à traverser la rivière vers un autre État voisin pour pouvoir se rendre à Benin City, la grande ville la plus proche. Ce n’est que six mois plus tard que le portail a finalement été ouvert, sur ordre du président du gouvernement local de l’époque.
Une communauté très pauvre
Ce même portail aurait à nouveau été fermé entre 2014 et 2015, et ce n’est qu’après l’intervention d’un commandant militaire de l’État de Bayelsa qu’il a été rouvert. Selon Ajele Sunday, l’entreprise avait alors menti aux autorités en affirmant que la communauté était un point névralgique pour des insurgés. « Lorsque les officiers militaires sont arrivés pour enquêter, ils ont bien vu qu’il s’agissait d’une communauté pauvre et ont invité la communauté et l’entreprise dans l’État de Bayelsa pour une réunion de conciliation. » Le commandant a ensuite requis l’ouverture de la porte. « Lorsqu’ils ont vu le niveau de pauvreté, les militaires nous ont même fourni une machine à ensacher l’eau et une pompe », se souvient le porte-parole de la communauté.
La communauté d’Okomu est essentiellement composée de pêcheurs. Selon le planificateur en chef de la communauté Tonwei, connu sous le nom de French Yabike, les quantités massives d’engrais et de pesticides utilisées par l’entreprise pour ses plantations s’écoulent dans la rivière et la polluent, et rendent plus difficile la capture de poissons. Cette même rivière est utilisée pour l’eau de boisson. L’entreprise a bien fait forer un puits, ce qui a aidé la communauté dans un premier temps, mais, selon Yabike, celui-ci « ne fonctionne plus depuis plus de trois ans. Nous avons dû nous rabattre sur l’eau de la rivière que l’entreprise a polluée avec ses engrais. »
Oluwafumilayo Christopher, 80 ans, a pu payer l’éducation de ses six enfants grâce aux poissons pris dans la rivière Okomu. Depuis que l’entreprise a pollué la rivière, « il n’y a plus de poisson à pêcher », nous a-t-elle indiqué. Une autre pêcheuse, Dorcas Wuluku, accuse elle aussi l’entreprise de polluer la rivière dans laquelle elle pêche et dont elle donne l’eau à boire à ses enfants. Elle se souvient que pendant plus d’une décennie la communauté réussissait à pêcher des poissons à tout moment de la journée et à les revendre avec profit. « J’ai utilisé le poisson de la rivière pour donner une éducation à tous mes enfants, et certaines personnes l’ont utilisé pour faire construire leurs maisons, explique-t-elle. Si vous étiez venu pendant la saison des pluies, vous auriez vu la pollution de vos propres yeux. Nous nous sommes plaints à plusieurs reprises auprès de l’entreprise, y compris en manifestant, mais en vain. »
Après avoir écouté ces témoignages et avoir visionné les vidéos montrant les écoulements d’eau se déversant depuis la plantation dans la communauté, nous avons prélevé un échantillon d’eau de la rivière Okomu, près du champ de cocotiers et des plantations de l’entreprise, pour le faire tester par le laboratoire de l’université de Port Harcourt. Les résultats du test montrent que l’eau de la rivière présente des niveaux élevés de solides dissous1 et de chlore, ce qui suggère la présence d’engrais chimiques, ainsi que des niveaux élevés d’oxygène dissous qui pourraient nuire aux poissons et à d’autres formes de vie marine.
Pollution au chlore
Le département des ressources naturelles du Missouri indique que le chlore peut pénétrer dans l’environnement du fait de l’utilisation d’engrais, de déchets d’élevage, de dépoussiérants, de rejets industriels et d’autres intrants, et est toxique pour les poissons, les arbres et les plantes à des niveaux faibles ou élevés. Selon le Centre de recherche Glenn, la turbidité de l’eau est causée par des solides en suspension tels que le limon, l’argile et les déchets industriels. La recherche montre que « les poissons vivant dans des eaux turbides perdent du poids et que cette perte de poids augmente avec les unités de turbidité néphélométriques, ce qui prouve que l’exposition à long terme à la turbidité est préjudiciable à la productivité de la croissance ».
Bien que la plage normale des solides dissous totaux (TDS) soit comprise entre 0 et 5, le résultat de notre test indiquent 33 mg/l de TDS. Selon ces experts, le ruissellement des produits agricoles et des pesticides est une cause fréquente d’excès de matières dissoutes totales, qui peuvent être nocives pour les écosystèmes. Des études ont montré qu’une trop grande quantité de TDS dans l’eau nuit aux poissons, aux amphibiens et aux macro-invertébrés2.
L’entreprise a été informée de ces constatations. Mais elle nie avoir pollué la rivière, affirmant respecter la réglementation environnementale en vigueur au Nigeria :
La véritable raison de la disparition des poissons, outre la pêche au filet illégale, est le mazout qui s’écoule dans le fleuve à partir des bateaux transportant des marchandises illicites sur notre frontière fluviale. Notre société a informé le ministère de l’Environnement et le corps de défense civile nigérian de cette situation et ils ont apparemment arrêté un certain nombre de personnes impliquées. Ce fait a même été publié dans un journal national. Nous ne pouvons pas nous prononcer sur la vidéo et les images d’érosion que vous semblez avoir, car elles n’étaient pas jointes à votre courrier électronique.
L’entreprise a également précisé qu’elle analysait régulièrement l’eau et que son dernier test avait été effectué le 30 mai 2023. Nous avons prélevé nos propres échantillons d’eau de rivière le 17 juillet 2023.
Une succession de plaintes
Le jeune Christopher, un leader local, témoigne que les membres de la communauté doivent souvent se soigner avec des herbes après avoir bu l’eau de la rivière polluée par la Socfin. Il a exhorté le gouvernement et l’entreprise à agir rapidement pour atténuer ces souffrances. Selon lui, l’entreprise accorde une bourse annuelle de 80 000 nairas (environ 80 euros) à seulement trois étudiants d’Okomu, un montant que de nombreux dirigeants de la communauté, dont Christopher, estiment insuffisant.
Cependant, l’entreprise affirme avoir versé 110 000 nairas à chaque bénéficiaire de la bourse dans la communauté d’Okomu. « En 2022 seulement, 38 étudiants ont reçu 110 000 nairas chacun et non 80 000 nairas. En 2023, ce nombre est passé à 46 bénéficiaires. Les lettres d’approbation pour 2022 et 2023 sont jointes, ainsi qu’une copie des chèques de paiement émis pour 3 bénéficiaires en 2022 », nous a-t-elle écrit.
Les habitants d’Okomu affirment avoir écrit au gouvernement au sujet des violations de leurs droits et de l’accaparement des terres par l’entreprise, sans résultats selon eux. Une lettre nous a été montrée prouvant que, le 10 septembre 2020, la présidence et le gouverneur ont reçu des plaintes de la communauté. Pourtant, rien ne semble avoir été fait pour y remédier. Chris Osa Nehikhare, porte-parole du gouvernement de l’État d’Edo, a nié avoir eu connaissance d’une lettre envoyée au gouvernement, mais a déclaré que le gouvernement examinerait la question afin d’éviter toute exploitation.
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1Le total des solides dissous détermine la quantité de substances organiques ou inorganiques dans un liquide. Un paramètre souvent utilisé pour l’eau.
2Selon diverses recherches, le niveau optimal d’oxygène dissous (OD) est supérieur à 6,5-8 mg/l et se situe entre 80 et 120 %. Cependant, les résultats de laboratoire montrent que l’eau de rivière testée présente un niveau d’OD de 5,6 mg/l. Selon le Département des ressources naturelles du Pays de Galles, « les poissons et autres animaux peuvent suffoquer et mourir si les niveaux d’oxygène dans l’eau chutent rapidement ou sont trop bas ».