« Le président [de la République] parle de Laniera mais il ne sait rien de qui se passe ici. Pour lui, Laniera, c’est juste un grand espace. Mais ici on lutte », explique Ly. Cet habitant du village de Sitabaomba, situé dans l’immense plaine marécageuse de Laniera, à une quinzaine de kilomètres d’Antananarivo, la capitale malgache, est l’un des personnages centraux de Sitabaomba, chez les zébus francophones (Papang Films, Endemika Films, Niko Film, Diam Production), le dernier long-métrage documentaire de Nantenaina Lova, dans les salles françaises depuis le 23 octobre 20241.
Dans ce nouveau film qui nourrit l’esprit, coécrit avec son épouse et productrice Eva Lova-Bély, le réalisateur malgache s’est fixé la même mission qu’avec les deux précédents : partager le quotidien engagé de ceux qui font rarement l’actualité, tout en mettant en valeur la culture malgache. Ady Gasy (2014) s’attachait ainsi à montrer l’ingéniosité déployée par les plus défavorisés pour survivre, tandis qu’Aza Kivy - Étoile du Matin (2020) braquait les projecteurs sur la mobilisation de pêcheurs et de cultivateurs de Tuléar (dans le sud de Madagascar) contre une société minière étrangère menaçant leur environnement et bouleversant leur vie.
Avec Sitabaomba, chez les zébus francophones, Nantenaina Lova, petit chapeau toujours vissé sur la tête, nous emmène cette fois aux côtés de Ly et d’autres petits paysans de Laniera qui se trouvent confrontés à la construction d’une route, puis aux assauts répétés de riches spéculateurs fonciers venus de la ville (voir la bande-annonce ci-dessous). Pendant sept ans, Nantenaina Lova a filmé, avec délicatesse et empathie, leurs manifestations et leur combat devant les tribunaux pour conserver leurs champs et leur mode de vie, tandis que des bulldozers attaquaient leurs terres verdoyantes, détruisant rizières et orangeraies, pour faire sortir des immeubles de terre.
Son récit, qui oscille entre gravité et humour grinçant, est triple. Il s’inscrit dans l’histoire du pays, racontée par l’actrice Claudia Tagbo, se déploie à travers un conte mis en scène avec des marionnettes par des enfants de Sitabaomba, et se veut aussi fidèle à la tradition du kabary, l’art oratoire malgache, et à l’état d’esprit du peuple de la Grande Île. « Dans notre langue, pour exprimer le désespoir face aux situations aberrantes et tristes qu’on rencontre au quotidien, nous avons coutume de dire “mampihomehy”, qu’on peut traduire littéralement par “ça fait bien rire”. Rire de l’injustice plutôt que pleurer, c’est une forme de pudeur, et résister plutôt que s’apitoyer, c’est une forme de courage. Pudiques, courageux et parfois drôles aussi, c’est comme ça que je perçois les membres de la famille de Ly, les dirigeants de l’association [paysanne de Laniera, dont Ly fait partie], les enfants du village et les artistes que j’ai filmés », souligne Nantenaina Lova dans le dossier de presse de ce film.
« Souvent, on pense que la route amène le progrès »
Fanny Pigeaud : Comment présenteriez-vous en quelques phrases Sitabaomba, chez les zébus francophones ?
Nantenaina Lova : Mon film fait la chronique d’un village qui essaie de résister tant bien que mal à l’arrivée de citadins et de spéculateurs aux bras longs, venus avec la construction d’une route. Souvent, on pense que la route amène le progrès, le développement. Dans nos têtes de citadins, c’est quelque chose de positif. Mais en fait ça perturbe l’équilibre et, en l’occurrence, celui de ce village, Sitabaomba. C’est cette métamorphose qui m’intéresse : comment les gens gardent leur culture, leur manière de faire, leur identité, comment ils résistent.
Fanny Pigeaud : Parmi les villageois que le film met en avant, il y a Ly et sa famille. Vivant du travail de la terre, doté d’un regard lumineux, Ly a aussi la particularité d’être un orateur reconnu dans son village. Comment s’est faite cette rencontre ?
Nantenaina Lova : J’ai rencontré pour la première fois Ly en 2007, à l’occasion d’un court-métrage que j’avais tourné à Sitabaomba sur une fête villageoise. J’avais découvert ce village, perdu dans les marais d’Antananarivo, où les maisons avaient encore des toits de chaume et dont les habitants avaient conservé leur identité paysanne. Et puis, le temps a filé. En 2016, j’ai entendu parler de paysans qui manifestaient contre des spéculateurs immobiliers. Je suis allé sur place pour voir ce qu’il en était. Je me suis alors rendu compte, en voyant Ly, que je connaissais ce village ! Je ne l’avais pas reconnu tout de suite car les travaux pour faire la route avaient déjà débuté et, neuf ans plus tôt, j’avais emprunté un chemin un peu différent pour y aller. J’étais très heureux de retrouver Ly, mais aussi très triste de voir qu’il allait subir l’envahissement des citadins – dont je fais partie.
Fanny Pigeaud : Le film interroge la notion de propriété foncière. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nantenaina Lova : Qui dit propriété foncière, dit titre foncier ; qui dit titre foncier, dit papiers... On est dans un système hérité de la colonisation : le pouvoir colonial avait décrété que toutes les terres appartenaient à la France, sauf les terres pour lesquelles les services de l’État délivraient un titre ; ces terres n’étaient plus alors une propriété de l’État mais une propriété privée. Ce système a provoqué des traumatismes, il est toujours en vigueur et est à l’origine de nombreux imbroglios administratifs, d’autant plus que la loi est souvent modifiée et que, dans notre culture, on n’a pas l’habitude d’avoir des papiers pour revendiquer un bien.
Je ne sais pas s’il existe une seule famille malgache qui n’ait pas eu des problèmes de terres, à cause des papiers à obtenir. Pour donner un ordre d’idée : deux tiers des affaires traitées dans les tribunaux malgaches sont liés à des problèmes fonciers. C’est énorme ! Et ça pompe tellement d’énergie et d’argent à l’État mais aussi aux gens...
« Très peu de gens parviennent à obtenir un titre [foncier] »
Fanny Pigeaud : Quelles sont les possibilités pour les petits paysans de devenir propriétaires d’une parcelle ?
Nantenaina Lova : Il existe une disposition de la loi foncière selon laquelle si quelqu’un valorise un terrain pendant plus de cinq ans, il est en droit d’enclencher une démarche de reconnaissance de cette valorisation et de demander un titre foncier. Sauf que, dans les faits, les démarches sont tellement compliquées et longues que beaucoup se découragent en cours de route. Dans les annonces de vente de terrains qu’on voit sur Internet ou dans les journaux, il est précisé : « Nous avons un certificat foncier ». Mais le certificat n’est qu’une reconnaissance au niveau local d’une valorisation. C’est un élément parmi d’autres à fournir pour demander un titre foncier. Très peu de gens parviennent à obtenir un titre : seulement 10 % des terres du pays sont titrées. C’est comme ça que l’État arrive chez des paysans en disant : « Il n’y a pas de titres ici, on a vu au service des domaines qu’il n’y avait personne. » Mais ce n’est pas vrai : des paysans sont là et valorisent les terres en les cultivant, en produisant de quoi manger.
Fanny Pigeaud : On comprend, en écoutant les habitants de Sitabaomba, qu’autrefois les méthodes étaient bien différentes pour marquer la propriété d’un bien...
Nantenaina Lova : Dans le film, il est question des bouses de vache qui servent à alimenter le feu de cuisson. Autrefois, si on repérait une bouse de vache en train de sécher et qu’on voulait s’en servir, il suffisait de la retourner. Les autres comprenaient que quelqu’un était passé par là et reviendrait la ramasser quand elle serait bien sèche. On n’avait pas besoin de titre de propriété pour ça… Il y a un proverbe qui dit : « On ne regarde pas la plaine déserte, on regarde Zanahary (Dieu) au-dessus de nos têtes. » Cela signifie que ce n’est pas parce que tu es seul que tu vas voler la bouse de vache d’autrui. C’était le fonctionnement des anciens : il y avait des relations de confiance, de la générosité. À partir du moment où on a introduit l’administratif, l’argent, tout a été chamboulé. Mais dans le monde paysan, ces valeurs sont toujours vivaces : la parole donnée reste importante.
Fanny Pigeaud : Dans le film, on voit les habitants de Sitabaomba s’adresser à un ouvrier embauché par l’un des spéculateurs et critiquer son rôle dans la spoliation dont ils sont victimes. Il finit par dire que lui-même a subi un accaparement dans sa localité…
Nantenaina Lova : Le problème est vraiment généralisé. Autour de 2020, nous avons voulu, avec Ly, acheter des parcelles saines et surtout situées loin des difficultés qu’il rencontrait. Mais là où nous sommes allés, à 300 kilomètres de chez lui, nous avons aussi trouvé des problèmes d’accaparement de terres. Sur place, les gens ont cru que nous étions venus pour le compte d’un notable. « Il est venu la semaine dernière pour planter des piquets partout dans nos terres et vous, vous travaillez pour lui, vous prenez des photos pour faire votre business en ville et avoir des titres fonciers sur notre dos ! », nous a-t-on dit. Du coup, Ly a renoncé à s’installer là-bas : pas question de vivre les mêmes problèmes que chez lui...
Moi, j’étais pris pour un topographe à cause du trépied de ma caméra qui ressemble aux instruments de topographie. Il va d’ailleurs falloir que je fabrique un tee-shirt indiquant : « Je suis cinéaste et pas topographe ! » Parce que ça peut tourner très vite au vinaigre… Ça fait soixante-quatre ans que le pays est indépendant, et on n’a toujours pas mis fin à ce bazar administratif foncier. J’ai l’impression que ça arrange certains que le problème ne soit pas réglé. Cela permet à ceux qui maîtrisent les rouages des « papiers » de prendre les terres facilement…
« Personne ne fait plus confiance à personne »
Fanny Pigeaud : Un autre aspect apparaît dans le film : les paysans ne savent pas toujours à qui ils ont affaire dans ces processus d’accaparement. Est-ce courant ?
Nantenaina Lova : Souvent, la situation est confuse. Il arrive que l’appareil étatique soit utilisé par certains pour imposer des choses injustes. Alors personne ne fait plus confiance à personne. Il y a une méfiance dans l’esprit des gens concernant tout ce qui est administratif : les paysans ont toujours vu l’État comme un système oppressif qui les dépossède.
Fanny Pigeaud : Quand les paysans de Sitabaomba, réunis dans une association, comprennent qu’ils font face à des gens puissants, ils ne donnent pas l’impression d’avoir peur de s’y opposer. Pourquoi ?
Nantenaina Lova : Il faut dire que certains d’entre eux ont fait des études et connaissent leurs droits. Ce sont des paysans « modernes ». Ils essaient aussi toujours de conserver le collectif face à tout ce qui arrive de l’extérieur, même lorsque quelques-uns ont fini par trahir la cause et par travailler pour ceux d’en face. Et c’est ce qui m’intéresse : suivre une telle vibration collective. Ce collectif, et c’est rare, veut faire les choses de manière légale, en allant au tribunal pour porter sa cause, en payant des avocats. Ils ont passé beaucoup de temps à inciter les membres de l’association à payer leurs cotisations pour régler tous les frais de justice – qui leur ont coûté une fortune. Au lieu de cultiver, ils passent leur temps à aller au tribunal…
Fanny Pigeaud : La question de la terre amène celle de la place dans la société de ces petits paysans qui pratiquent une agriculture familiale, utilisant des moyens de production très simples. Quelle est-elle ?
Nantenaina Lova : Certains disent qu’ils n’apportent pas le « développement ». En attendant, ce sont bien eux et leur agriculture familiale qui nourrissent les Malgaches puisqu’ils représentent 85 % de la population et nourrissent le pays à hauteur de 75 %. C’est important de le dire car c’est tellement facile pour nous autres, experts, citadins, de les dénigrer, de les rabaisser. Le film montre bien qu’ils ont des rêves, des projets, qu’ils investissent – certains vendent leurs zébus pour financer les travaux dans les champs. Il s’agit d’une véritable économie. Le fait qu’ils s’entraident pour faire les travaux des champs, par exemple, on pourrait l’évaluer en termes d’investissement.
Mais le rêve des dirigeants reste de développer une agriculture intensive moderne, avec des tracteurs, des systèmes bancaires... Mais ça, c’est le danger parce que ça enlève toute l’indépendance de ces paysans. Au lieu de les déposséder de leurs terres, on devrait plutôt les soutenir pour qu’ils puissent produire de la nourriture plus saine, plus compétitive.
« “Développement” , “progrès”, sont des mots-valises »
Fanny Pigeaud : Est-ce que ce discours est entendable aujourd’hui à Madagascar ?
Nantenaina Lova : Lorsque je présente mes films, je rencontre souvent des citadins qui critiquent « ces paysans, ces pêcheurs réfractaires au développement, à des projets qui vont rapporter des sous ». Mais on n’a jamais évalué ce que l’on perd avec ces fameux grands projets. Prenons l’exemple du projet de construction d’un port par la compagnie minière australienne Base Toliara, à Tuléar, contre lequel s’opposent les pêcheurs que je filme dans Aza Kivy - Étoile du matin : on ne prend pas en compte le nombre d’emplois qui seront détruits par ce port, les dommages sur l’environnement, les risques liés à la radioactivité émanant du site d’extraction d’ilménite…
Les mots « développement », « progrès », sont des mots-valises qu’on nous balance sans qu’on puisse les remettre en question. On a l’impression que ces mots reviennent dans la bouche des citadins comme un moyen oppressif pour faire taire les autres, pour faire passer des choses inacceptables. Alors que chacun a sa propre définition et ses propres aspirations. On attend aujourd’hui que les politiques publiques se penchent un peu plus sur le sort des paysans et ne leur imposent pas des « grands projets » qui les transforment en ouvriers agricoles. Il faut se mettre autour d’une table et choisir ce qui peut convenir à tout le monde. Quand un projet est accepté par l’ensemble d’une communauté, on peut aller vraiment très loin.
Fanny Pigeaud : L’enjeu autour de la terre, c’est aussi la manière dont on l’utilise. On comprend que Ly emploie des pesticides, mais que sa fille a choisi une autre voie…
Nantenaina Lova : C’est comme ça qu’on a enseigné l’agriculture à Ly. Avant, les paysans n’utilisaient pas ces produits chimiques. Mais de plus en plus, les agents du ministère de l’Agriculture, qui collaborent avec toutes sortes de partenaires vendant des intrants agricoles, viennent expliquer aux paysans qu’il faut utiliser tel produit, telle semence… La fille de Ly représente un peu le futur de mon point de vue : elle est depuis longtemps convaincue de l’importance de cultiver bio et sensibilise son père peu à peu. Je l’ai filmée il y a quelques semaines en train de planter son riz sans utiliser de produits chimiques. Le problème, c’est qu’autour de sa parcelle, tout le monde utilise des pesticides. Le jour où elle trouvera un terrain plus sain, elle s’épanouira vraiment dans ce qu’elle fait.
Elle voit les conséquences directes des produits chimiques sur la santé de sa famille. Car il est arrivé que Ly soit un peu malade, à force d’épandre des pesticides. Il est lui-même conscient du problème. Tout ça nous fait revenir au sujet du film : la nécessité de questionner cette « modernité » qui débarque. Est-ce approprié pour nous ? Quand on voit que certains paysans en Europe cherchent à remettre au goût du jour les méthodes agricoles d’autrefois, cela devrait faire réfléchir. Mais ce message ne passe pas du tout à Madagascar.
« Les gens qui luttent me donnent espoir »
Fanny Pigeaud : Vos derniers films se concentrent sur des luttes sociales, pourquoi ce choix ?
Nantenaina Lova : J’aime voir les gens qui luttent parce que ça me donne de l’espoir. Mais c’était dur psychologiquement de voir pendant toutes ces années tout ce qui tombait sur les paysans de Sitabaomba. C’était un petit challenge pour nous de regarder ça avec humour et un minimum de détachement. Le tournage a duré aussi longtemps, sept ans, car j’attendais qu’ils obtiennent une victoire définitive… qui n’est pas arrivée. Ils ont quand même gagné contre ceux qui ont bénéficié des titres fonciers frauduleux en première et en deuxième instance – leurs adversaires iront sûrement en cassation. C’est une histoire qui n’est pas terminée. Et ce d’autant plus que des bruits disent qu’une autoroute va passer par là et qu’il y aura un projet d’aménagement pour créer un lieu de promenade, de baignade pour les citadins...
Les habitants de Sitabaomba ne sont donc pas tranquilles. Mais j’espère que le film permettra de sensibiliser les autorités. Avec lui, on aura au moins témoigné qu’il y a eu un moment donné des gens qui ont osé dire haut et fort qu’ils n’étaient pas d’accord, qu’ils avaient d’autres propositions que cette vision verticale du développement imposée.
Fanny Pigeaud : D’où vient votre sensibilité ?
Nantenaina Lova : C’est peut-être le résultat de ma formation universitaire qui me destinait à travailler dans le développement. J’ai fait un DUT [diplôme universitaire de technologie] en carrières sociales filière « gestion du développement et de l’action humanitaire ». Mais j’ai aussi beaucoup appris d’une expérience plus personnelle. À l’âge de 20 ans, j’ai géré dans le cadre d’une association de jeunes, dont certains étaient français, des petits projets de développement. Nous pensions alors que nous allions changer le monde. Nous avions notamment un petit financement pour aider des paysans dans l’est du pays. Quel projet pouvait-on mener ?
Nous avons envoyé un agronome sur place pour identifier les besoins. Il est revenu en disant que dans ce village de la côte Est où il pleut tout le temps, un élevage de canards serait le plus adapté et le moins contraignant. Mais les villageois ont refusé et ont demandé qu’on leur achète plutôt deux cochons, et pas n’importe lesquels : « On fréquente des Vazaha [des Blancs] comme vous, on veut des cochons vazaha de race améliorée, roses, bien gros ! », nous ont-ils dit. « Mais il faut respecter tout plein de normes pour élever ce type de cochons, les faire vacciner, etc. C’est compliqué ! », avons-nous tenté d’expliquer. Ils n’ont rien voulu entendre. Nous avons donc acheté ce qu’ils demandaient, un mâle et une femelle.
Au bout d’un an, nous avons demandé des nouvelles, posé la question de savoir s’ils avaient réussi à avoir des petits. Leur réponse : « Non, non, nous les avons engraissés et les avons mangés le 26 juin [jour de la fête nationale.] » Pour nous, ça a fait l’effet d’une grosse claque. Nous étions terriblement déçus. Mais cette expérience nous a fait comprendre que nous n’étions experts en rien du tout. Ce sont les gens eux-mêmes qui connaissent le mieux leur situation et leurs besoins. Nous avons aussi réalisé qu’il y a une envie de faire comme les autres, que l’attrait de ce qu’on appelle la « modernité » est très fort.
La dernière grande leçon que nous avons tirée, c’est que les gens investissent dans le lien social. C’est le plus important pour eux. Le fait d’avoir mangé et partagé ces cochons un 26 juin pour raffermir leurs liens était plus important que de chercher à les multiplier. Nous avons compris ça, Eva, ma coautrice, et moi, quand nous avions la vingtaine, et cette expérience nous a guidés depuis pour chercher à comprendre comment les Malgaches raisonnent.
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1Le film a reçu le prix Leipziger Ring au festival Dok Leipzig et le prix du Film vert au festival du film francophone Les Œillades d’Albi, en France.