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Peste brune et continent noir

L'image représente une scène de discussion entre deux personnes assises l'une en face de l'autre dans un salon élégant. L'une des personnes porte un costume clair, tandis que l'autre est habillé d'un costume sombre. Ils sont assis sur des fauteuils en cuir, avec une table basse en bois ornée entre eux, où se trouve un objet décoratif. L'arrière-plan est composé de rideaux drapés et de murs en ton neutre, créant une atmosphère formelle et chaleureuse. L'éclairage est doux, ajoutant une sérénité à leur échange. On peut imaginer qu'ils discutent de manière engagée, leurs gestes accentuant l'intensité de la conversation.
Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front national, et Téodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de Guinée équatoriale, en mai 2016.
Twitter de Jean-Marie Le Pen

L’élection présidentielle française approche à grands pas. Le premier tour aura lieu le 10 avril et, selon les sondages, plus de 30 % des électeurs se disent prêts à voter pour l’extrême droite, incarnée par deux candidats : Marine Le Pen et Eric Zemmour. Si l’on ajoute les électeurs de la candidate du parti Les Républicains, Valérie Pécresse, dont certaines de ses propositions sont directement empruntées à l’extrême droite, près d’un Français sur deux pourrait être tentés par ces idées. Et pour cause : avec la complicité d’une partie des médias (dont ceux possédés par l’homme d’affaires Vincent Bolloré), les thèses d’extrême droite dominent désormais la campagne électorale. L’immigration, l’islam et le « grand remplacement » sont devenus les sujets numéro 1 du débat public.

L’idéologie de l’extrême droite française, et plus largement européenne, a beaucoup évolué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si la hiérarchie raciale et l’antisémitisme restent de puissants ferments, l’islamophobie et le séparatisme culturel sont de nouveaux chevaux de bataille. Les Africains et la diaspora africaine sont en première ligne.

L’Afrique au cœur de l’histoire de l’extrême droite

Paradoxalement, l’Afrique - avec ses guerres d’indépendance, l’apartheid en Afrique du Sud ou encore les réseaux affairistes avec la France et l’Europe - a nourri l’idéologie d’extrême droite. Dès les années 1960, c’est sur le terreau des indépendances (et dans un mouvement de réaction) que naissent, en France, l’OAS, Occident et Ordre Nouveau - et en Belgique, le Cabda, puis le MAC.

Très vite, des militants de ces organisations s’engageront dans la voie du mercenariat et deviendront des « chiens de guerre » au service de la Françafrique. On les retrouvera dans tous les mauvais coups (au Katanga, au Biafra, aux Comores…), puis dans les rangs d’organisations politiques, parmi lesquelles le Front national, cofondé par Jean-Marie Le Pen en 1972.

La dynastie Le Pen fait une obsession de l’Afrique et de ses chefs d’État. Mais elle n’a que rarement réussi à s’y faire recevoir avec les honneurs. En revanche, certaines de ses idées ont bonne presse auprès de nationalistes africains. En critiquant la Françafrique (tout en en profitant), elle a cultivé des réseaux, comme au Congo Brazzaville, et gagné des partisans. En parallèle, des militants panafricanistes n’hésitent pas à se revendiquer de certains idéologues d’extrême droite, à l’image de Kemi Seba.

À quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, nous proposons de revenir sur l’histoire complexe de l’extrême droite française avec le continent, sur son essence raciste et sur ses incompatibilités avec les luttes panafricaines contemporaines.