Né une première fois sous le nom de James Ngugi le 5 janvier 1938 à Kamiriithu au Kenya, l’auteur aujourd’hui célébré de Decolonising the mind (Décoloniser l’esprit, traduit en 2011 chez La Fabrique) est né une seconde fois en 1967 lors de la parution de son roman A grain of Wheat (Et le blé jaillira, traduit en 1967 chez Julliard), en choisissant de signer ses livres sous le nom de Ngũgĩ wa Thiong’o et en commençant à écrire dans sa langue maternelle, le gikuyu.
Découvert et encouragé par le célèbre romancier nigérian Chinua Achebe (1930-2013) dès ses débuts en 1962, Ngũgĩ wa Thiong’o est l’auteur d’une œuvre puissante composée de romans (Weep not child, Petals of blood, Devil on the cross…), de pièces de théâtre (The black Hermeit, The Trial of Dedan Kimathi…) et d’essais (Decolonising the mind : the politics of language in African literature).
Au début des années 2010, il a commencé à rédiger ses mémoires, dont le premier tome, Dreams in a time of war. A childhood Memoir, vient d’être traduit en français par Jean-Pierre Orban et Annaëlle Rochard pour les éditions Vents d’ailleurs, sous le titre Rêver en temps de guerre. Mémoires d’enfance. Sans pathos, l’écrivain kényan y raconte son enfance et son désir d’éducation tout en laissant entrevoir la violence de la domination britannique. Avec une grande précision près de quelque quatre-vingt années après les faits, il y décrit sa vie quotidienne, son goût pour les histoires et sa fascination pour l’écrit qui finiront par faire de lui un auteur particulièrement attentif aux autres.
Emprisonné sous le règne de Daniel Arap Moi en 1978 pour une pièce coécrite avec Ngũgĩ wa Mirii, Ngaahika Ndeenda, Ngũgĩ Wa Thiong’o a alors cessé de rédiger ses romans en anglais et s’est tenu à cette décision depuis lors. Et ils sont bien rares, les auteurs africains qui ont abandonné la « langue du pouvoir » pour mettre en valeur leur langue maternelle ! Installé aux États-Unis, Ngũgĩ wa Thiong’o a répondu à nos questions par visioconférence.
Adrien Vial : Comment allez-vous après ces années de pandémie ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Je vais bien ! Évidemment, nous avons tous dû affronter l’isolement durant cette période, mais nous avons essayé d’en tirer quelque chose. Pour ma part, j’ai écrit, j’ai fait des traductions de mes anciens textes depuis l’anglais vers le gikuyu.
Adrien Vial : Vos mémoires sont aujourd’hui traduites en français. Comment vous est venue l’idée de les écrire ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Pendant longtemps, j’ai résisté à l’idée de l’autobiographie. En tant qu’écrivain et romancier, vous avez l’impression d’avoir tout donné dans vos fictions, parce qu’elles s’appuient sur vos propres expériences. Mais ma femme m’a convaincu de m’y atteler. Nous avons deux jeunes enfants qui sont nés ici, aux États-Unis, et ils avaient envie de savoir ce que j’avais vécu. C’est pour eux que je me suis lancé dans le premier tome de mes mémoires, Dreams in a time of war, qui raconte mon enfance. J’ai ensuite écrit In the House of the interpreter et Birth of a dream Weaver.
« Je pouvais rêver d’aller à l’école, mais pas imaginer que c’était possible »
Adrien Vial : A-t-il été difficile pour vous de plonger si profond dans votre passé ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : C’est surprenant, mais les souvenirs d’enfance sont bien plus vifs que ceux d’événements plus récents. Par exemple, ils sont bien plus précis que mes souvenirs d’étudiant à Makerere [NDLR : en Ouganda]. Je suppose que quand vous découvrez quelque chose pour la première fois, cela vous laisse une image plus durable. Je n’ai même pas eu de recherches à faire pour écrire ce premier livre de mémoires, alors que pour le deuxième et le troisième, j’ai dû m’appuyer sur des archives et des écrits afin de m’y retrouver. Aujourd’hui encore, je peux me souvenir de ma mère me demandant si je voulais aller à l’école comme si c’était hier. Pourquoi ? Parce que je ne m’y attendais pas ! Je pouvais rêver d’aller à l’école, mais pas imaginer que c’était possible. Je pouvais à peine y croire quand elle me l’a proposé et cette question est devenue la première phrase de mon premier roman, Weep not, Child [NDLR : Ne pleure pas mon enfant, traduit en 2019 chez Passage(s)].
Adrien Vial : La violence coloniale était partout durant votre enfance, mais vous avez décidé de raconter votre vie quotidienne et votre désir d’éducation, plutôt que le combat de votre frère, Good Wallace, contre l’occupant...
Ngũgĩ wa Thiong’o : Le combat pour l’éducation a un lien fort avec la question coloniale, évidemment. Quand vous lisez mes mémoires, vous savez que des combats ont lieu, mais vous ne les voyez pas, je ne les décris pas directement. Le premier paragraphe du livre raconte ainsi une scène que j’ai vécue. À l’école, des rumeurs circulaient sur quelqu’un qui avait échappé à la police coloniale britannique. Les soldats lui avait tiré dessus, il avait couru, il était tombé, il s’était relevé, il avait fui vers les montagnes en échappant aux balles. Moi, j’ai entendu cette histoire racontée par d’autres enfants en rentrant de l’école. Et quand je suis arrivé chez moi, j’ai appris que cette personne qui avait échappé à la police était mon frère.
Adrien Vial : Vous avez adopté le point de vue de l’enfant que vous étiez.
Ngũgĩ wa Thiong’o : Oui, je voulais raconter les choses comme elles me sont arrivées. Je n’étais qu’un enfant, je ne pouvais pas me battre dans les montagnes, mais les effets de la guerre étaient ressentis par tout le monde.
Adrien Vial : Comment gériez-vous le fait que dans votre famille, certains combattaient le colonialisme tandis que d’autres collaboraient avec l’occupant ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : C’est la réalité des moments historiques. Les choses ne sont jamais simples et claires. Parmi les Kényans, il y avait des collaborateurs et des combattants de l’indépendance, et cela pouvait arriver dans les familles qu’il y ait les deux, comme ce fut le cas dans ma famille. Mon père avait quatre femmes, j’avais quatre mères et nous étions très proches. Alors qu’un de mes frères s’est engagé dans la résistance, un autre a travaillé pour les Britanniques.
« Les balles que j’ai entendues sont celles qui ont tué mon frère »
Adrien Vial : Vous avez réussi à dépasser ces différends ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai écrit mes mémoires : essayer de comprendre ces mécanismes. Quand j’étais au Kenya, ces questions se posaient tous les jours mais nous n’avions pas le temps d’y penser, la vie continuait. Quelqu’un a été tué ? Blessé ? Continue, avance ! Mais quand je suis arrivé à Makerere, en Ouganda, en 1959, j’ai pu me poser pour y réfléchir et me demander : « Que m’est-il arrivé ? » L’un de mes frères travaillait pour les Britanniques et un autre a été tué par les Britanniques. Il était sourd, on lui a demandé de s’arrêter mais il ne pouvait pas entendre. Il courait, les soldats hurlaient : « Stop ! Stop ! », il ne s’est pas arrêté, alors ils ont tiré. Les coups de feu qui l’ont tué sont les coups de feu que j’ai entendus alors que j’étais rentré à la maison pour le déjeuner, et qu’il n’y avait rien à manger et que j’avais décidé de retourner à l’école, ma sœur me disant : « N’y va pas ! N’y va pas ! » Moi je tenais absolument à y aller, j’avais promis à ma mère de ne jamais manquer l’école. Les balles que j’ai entendues sont celles qui ont tué mon frère.
Adrien Vial : Enfant, vous étiez fasciné par les mots... et par les trains !
Ngũgĩ wa Thiong’o : Oui, les trains étaient centraux dans nos vies ! C’est très intéressant, les trains. Le chemin de fer a permis l’ouverture du Kenya vers l’intérieur. Dans l’histoire, le train a joué le même rôle en ouvrant l’hinterland américain comme l’hinterland russe. Le train est ainsi très important dans le roman de Tolstoï, Anna Karénine. Au Kenya, les quais des gares étaient un point de rencontre. Il n’y avait guère d’Africains qui pouvaient prendre le train, mais ils s’y rendaient pour le regarder s’arrêter et observer les Européens y entrer et en sortir. Beaucoup d’histoires se déroulaient sur les quais de gare.
Adrien Vial : À l’université de Makerere, à l’époque, il y avait de grands débats littéraires. Plus qu’au Kenya ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Oui, je pense. La première conférence africaine des auteurs d’expression anglaise sur le continent a eu lieu à Makerere. J’y ai été invité en tant que jeune auteur, en 1962. C’était très excitant, à l’époque. Le Kenya où j’avais grandi était un Kenya de violences, de tensions raciales, de morts, mais Kampala, qui vivait aussi sous domination coloniale, était plus tranquille. Les gens marchaient dans la capitale comme s’ils étaient chez eux. Au Kenya, c’était l’opposé. Dans les grandes villes, les Kényans n’étaient pas chez eux. Vous pouviez être abattu à n’importe quel moment.
« Je crois en la langue maternelle avant tout »
Adrien Vial : Après l’indépendance, vous avez été emprisonné pendant un an sous le règne de Daniel Arap Moi. Quel souvenir en gardez-vous ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Vous savez, quand je me trouve dans une position difficile, j’essaie toujours d’en tirer quelque chose de positif. J’ai été détenu à la prison de haute sécurité de Kamiti en 1978, en raison d’une pièce que j’avais écrite avec Ngũgĩ Wa Mirii dans ma langue maternelle, le gikuyu, et qui était jouée par des villageois, des travailleurs. La pièce [NDLR : Ngaahika Ndeenda (« Je me marierai quand je le voudrai » en français)] a été interdite en novembre 1977 et j’ai été conduit derrière les barreaux le 31 décembre 1977 pour n’être relâché qu’en décembre 1978. Mais c’est là que j’ai décidé de changer mon rapport au langage.
J’ai réfléchi au problème de la langue et du colonialisme et je me suis dit : « Non, non, non, je ne peux pas continuer à écrire en anglais ! » Mes romans, mes fictions, ma poésie, mon théâtre seraient, à partir de ce moment-là, écrits dans ma langue natale. Et en prison, j’ai écrit mon premier roman en gikuyu, Caitaani mutharaba Ini [NDLR : traduit en anglais sous le titre Devil on the cross], sur du papier toilette. Je ne me souviens donc pas de la prison avec amertume, mais plutôt du moment où j’ai pris cette décision qui a changé ma vie positivement.
Adrien Vial : Quand vous écrivez en gikuyu, vous pensez en gikuyu ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Oui. Ce qui est intéressant, c’est qu’aujourd’hui, alors que je suis en train de traduire mes anciennes œuvres dans ma langue maternelle, je me rends compte que même lorsque j’écrivais en anglais, j’effectuais une traduction mentale du gikuyu. Du coup, la traduction est très facile.
Adrien Vial : Comment expliquez-vous que si peu d’écrivains africains choisissent aujourd’hui d’écrire dans leur langue natale ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : C’est à cause du conditionnement colonial de l’esprit. En anglais, j’appelle cela « la normalisation de l’anormalité » : quand ce qui est anormal devient la norme. C’est la même chose dans toutes les sociétés coloniales, françaises, anglaises, portugaises... Les enfants étaient punis quand ils parlaient leur langue maternelle, parfois même ils récoltaient des châtiments corporels, mais ils recevaient des applaudissements et des louanges quand ils parlaient correctement la langue du colonisateur. Ce conditionnement a permis à certaines langues de devenir les langues du pouvoir dans les administrations, les systèmes d’éducation et encore aujourd’hui, elles demeurent les langues du pouvoir sur le continent. Le français au Mali ou au Sénégal, l’anglais au Kenya...
Avec toutes les autres langues, même pas la peine de postuler pour un job ! Du coup, je ne suis pas surpris que les écrivains africains continuent d’écrire dans les langues européennes, et que la plupart des éditeurs publient dans ces langues, même s’ils sont africains. Quand j’écris en gikuyu, les éditeurs me disent : « Oh bon dieu... » en se prenant la tête. Et si j’écris en anglais, ils se réjouissent !
Adrien Vial : Quels conseils donneriez-vous à un jeune auteur ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Je crois en la langue maternelle avant tout, quelle que puisse être la langue du pouvoir. J’ai récemment parlé avec une Française qui avait lu mon livre, Decolonising the mind, et qui menait un travail de recherches sur ce qui est arrivé aux langues en France, notamment en Bretagne. Et elle me racontait que les enfants bretons étaient eux aussi humiliés quand ils ne parlaient pas français. Je pense que, partout dans le monde, nous devons trouver le moyen de nous éloigner de cette idée qu’une nation ne doit avoir qu’une langue. Il est possible d’avoir un langage qui permette de communiquer entre tous, mais il faut aussi permettre aux autres langues d’exister. C’est une garantie de créativité. Je ne veux pas haïr ma langue pour être fier en anglais ou en français.
« Je me bats pour le pouvoir des travailleurs, où que ce soit »
Adrien Vial : Les écrivains blancs peuvent-ils, selon vous, écrire sur la colonisation ou l’esclavage ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : La plupart des sociétés, y compris et surtout les sociétés européennes, ont été affectées par le capitalisme. Et le capitalisme moderne s’est construit sur le commerce des esclaves. Il n’y a pas de pays en Europe dont les principales villes n’ont été bâties grâce aux profits tirés de l’esclavage. La plupart des monarques européens ont investi dans l’esclavage - même la reine d’Angleterre ! Les écrivains blancs doivent s’emparer de ce sujet, bien entendu ! Vous ne pouvez être européen et ignorer la question de l’esclavage. Même si vous écrivez sur le Siècle des Lumières, il faut en discerner la part sombre ; si vous écrivez sur la révolution française, il faut prendre en compte la révolution haïtienne.
Adrien Vial : Certains vous décrivent comme un auteur « marxiste fanoniste ». Qu’en pensez-vous ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : (Rires) Ah ah ! C’est une description que je ne m’appliquerais pas moi-même, mais je sais pourquoi je me bats. Je vais être clair : je me bats pour le pouvoir des travailleurs, où que ce soit. Si je me rends en France, par exemple, je ne vais pas observer le pays du point de vue de ses plus puissantes entreprises, je vais m’intéresser aux Français ordinaires. Pareil au Kenya ou aux États-Unis, je m’intéresse aux gens simples, je ne regarde pas les gratte-ciels mais ceux qui marchent en dessous et travaillent pour vivre. Ceux qui ne peuvent pas aller à l’hôpital, ceux qui meurent dans les rues comme à Los Angeles, alors que le pays est immensément riche.
Adrien Vial : Karl Marx et Frantz Fanon ont compté pour vous ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Oui, tous deux ont été très importants pour moi. Ils m’ont aidé à comprendre comment la société fonctionne. Marx m’a ouvert les yeux sur la mécanique du système capitaliste, Fanon sur la structure de classes de la société coloniale. Le Kenya était une colonie d’occupants blancs et nous considérions toute chose en noir ou blanc. Le blanc, c’était le pouvoir et l’exploitation, le noir, c’était la pauvreté. En réalité, il y avait des divisions au sein même de ces groupes qui sont devenues encore plus évidentes dans le monde post-colonial. J’ai compris qu’elles séparent surtout ceux qui travaillent et ceux qui profitent du travail des autres.
Adrien Vial : Vous portez un regard très critique sur l’économie de marché...
Ngũgĩ wa Thiong’o : Le capitalisme est un cancer. Comprenez-moi bien, il y a des aspects positifs, mais le capitalisme ne peut pas garantir certains minima essentiels. Regardez aux États-Unis, cette nation riche où des personnes meurent dans les rues parce qu’elles ne peuvent accéder aux infrastructures fondamentales, à l’éducation, à la santé, à un logement décent... Le profit est devenu un dieu que l’on vénère, quel qu’en soit le prix. On peut même partir en guerre et tuer des gens parce que cela génère du profit !
« La traduction, c’est la langue commune des langues »
Adrien Vial : L’élection présidentielle approche au Kenya (elle est prévue le 9 août 2022). Vous vous y intéressez ? Vous allez votez ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Non, pas vraiment, je ne suis pas la politique au Kenya dans le détail. Je ne vote pas ici [aux États-Unis] car je ne suis pas un citoyen américain, j’ai seulement une « greencard » et je garde mon passeport kényan. Je pense y retourner pour ma retraite.
Adrien Vial : Vraiment ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Oui, je veux prendre ma retraite au Kenya, mais vous savez, les écrivains... Et puis j’ai vécu ici si longtemps, plus de trente ans. Et ma santé ne me permet pas vraiment de voyager. J’ai 84 ans !
Adrien Vial : Comment avez-vous vécu les années Trump ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : Oh mon Dieu ! En fait, j’ai écrit sur lui une fois, avant qu’il ne devienne président, car je pouvais déjà voir, à l’époque, certaines tendances. Ce que je sais, c’est qu’un président qui ment de manière ouverte, ce n’est pas bon pour la société. On ne peut pas célébrer le mensonge, même s’il est fréquent dans l’histoire, les Occidentaux ayant menti sur l’esclavage, menti sur la colonisation. Ce n’est jamais bon de dire que le vert n’est pas vert mais qu’il est rouge !
Adrien Vial : Vous écrivez un nouveau livre ?
Ngũgĩ wa Thiong’o : J’en ai un qui devrait bientôt paraître. Sur la traduction, que j’appelle « le langage des langages ». La traduction, c’est la langue commune des langues, la langue que toutes les langues peuvent parler. Elle m’a permis de lire Rabelais, Balzac, Tolstoï alors que je ne parle ni français ni russe. J’ai moi-même traduit deux pièces de Molière en gikuyu et j’essaie de trouver un éditeur. J’aimerais que les bons écrivains européens soient traduits dans les langues africaines et j’essaie d’initier une démarche dans ce sens.
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