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Une (post)colonie au XXIe siècle (6/6)

Mayotte. « La départementalisation est un fait social total »

Entretien · Dirigeants français et élus mahorais font très souvent le lien entre immigration et délinquance. Pourtant, les enquêtes de terrain menées par le sociologue Nicolas Roinsard durant près de dix ans montrent que la réalité est bien plus complexe, et soulignent que la violence qui gangrène Mayotte est en partie liée au rouleau compresseur de la départementalisation.

L'image représente une scène d'accueil vibrant sur un aéroport. Au premier plan, un homme en costard se penche pour embrasser une petite fille qui porte une robe colorée et un paréo. La fillette a un grand sourire et semble très joyeuse. Autour d'eux, plusieurs autres personnes, dont des adultes en vêtements traditionnels et militaires, les observent avec des expressions bienveillantes. Certains présents portent des guirlandes de fleurs autour du cou, ajoutant une touche festive à l'atmosphère. En arrière-plan, le ciel est clair, suggérant une journée ensoleillée. L'ensemble de la scène dégage une impression de chaleur et de convivialité.
Yves Jégo, alors secrétaire d’État chargé de l’Outremer, en visite à Mayotte, en janvier 2009, quelques semaines avant le référendum sur la départementalisation.
© Rémi Carayol

En mettant en œuvre (et en scène), au lendemain du mois de ramadan, fin avril 2023, une opération baptisée « Wuambushu » de décasages et d’expulsions en masse au nom de la lutte contre l’insécurité qui gangrène Mayotte depuis quelques années, le ministre français de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a envoyé un message très clair : selon lui, la présence de personnes présentées comme étrangères et l’augmentation de la délinquance sont liées ; pour résoudre le problème, il faut se débarrasser des « clandestins ». Sauf que la situation est bien plus complexe que cela. Non seulement les « étrangers » ont parfois été fabriqués par l’État français lui-même – et nombre d’entre eux, souvent originaires des autres îles de l’archipel des Comores, pourraient prétendre à la nationalité française –, mais, en plus, ils sont loin d’être les seuls moteurs de l’insécurité.

Nicolas Roinsard, que Darmanin n’a probablement pas lu, le démontre dans son ouvrage paru en 2022 : Une situation postcoloniale. Mayotte ou le gouvernement des marges (CNRS Éditions). Ce sociologue, qui a longtemps vécu à La Réunion1 et enseigne aujourd’hui à l’université Clermont Auvergne, a enquêté durant près de dix ans à Mayotte, notamment auprès des jeunes délinquants. Dans son livre, le portrait qu’il dresse de cette jeunesse abandonnée de tous, et plus globalement de cette population partagée entre son appartenance culturelle à la nation comorienne et son choix politique de rester française, donne une idée très précise des raisons pour lesquelles Mayotte, territoire « le plus jeune, le plus pauvre, le plus inégalitaire et le plus touché par l’immigration », est aujourd’hui perçu comme une « poudrière ».

« Le lien entre la départementalisation et l’observation d’une société fragmentée et désorganisée n’est [...] jamais posé de manière explicite », constate-t-il. Et c’est précisément ce à quoi il s’attelle. Après être revenu sur la quête de la départementalisation de l’île – qui, rappelle-t-il, n’a rien à voir, au départ, avec une volonté d’assimilation –, il entre dans le vif du sujet en dressant le portrait des plus fragiles de ses habitants : les femmes, les adolescents et les « étrangers » ; et en questionnant la responsabilité de l’État français.

Rémi Carayol : Qu’appelez-vous « une situation postcoloniale » ? Certains considèrent que Mayotte est encore une colonie. D’autres que le territoire fait désormais partie intégrante de la société française.

Nicolas Roinsard : Le postcolonial s’attache à objectiver ce qui reste de colonial dans un monde qui n’est plus colonial. Tout ce qui relève du postcolonial, ou de la littérature décoloniale, renvoie à des débats très animés, notamment en France. Je précise dans l’introduction de mon livre que la notion de situation postcoloniale doit être définie à partir d’un cas précis. Pour ma part, je m’intéresse aux outre-mer français, et plus précisément aux départements d’outre-mer. Mayotte est une ancienne colonie, décolonisée d’un point de vue juridique – du moins du point de vue français, car du point de vue de l’ONU, Mayotte fait partie de l’Union des Comores –, mais qui subit un traitement différencié à l’échelle nationale qui n’est pas sans rappeler l’exceptionnalité juridique propre à la gouvernance coloniale.

Ce que je questionne plus largement, c’est la relation de pouvoir et de domination d’une société à une autre. Et la particularité de Mayotte, c’est que cette domination relève aussi d’une volonté populaire, exprimée à plusieurs reprises dans les années 1970, 1990 et 2000.

« Les Mahorais ont le sentiment d’être des citoyens de seconde zone »

Rémi Carayol : Pourtant, cette situation suscite de la colère et aboutit à des tensions récurrentes.

Nicolas Roinsard : Elle suscite de la frustration. Les Mahorais ont le sentiment d’être des citoyens de seconde zone. Je montre dans mon livre que la manière dont on gouverne Mayotte aujourd’hui a déjà été expérimentée dans les quatre anciennes colonies qui sont devenues des départements d’outre-mer en 1946 [NDLR : Guadeloupe, Guyane, Martinique et La Réunion]. La France a toujours du mal à intégrer pleinement ses anciennes colonies, et donne l’impression de toujours vouloir gagner du temps.

Rémi Carayol : Comment expliquer le fait que la France reproduit à Mayotte les mêmes erreurs que dans les autres DOM ?

Nicolas Roinsard : C’est une singularité française de « sortir du colonial sans décoloniser », pour reprendre l’expression de Benoît Trépied et Marie Salaün2. On sort du colonial au sens juridique du terme, mais on ne décolonise pas totalement puisqu’on conserve une emprise politique. C’est lié à l’histoire impériale de la France, mais aussi à la manière dont on exerce le pouvoir en France, notamment dans le cadre de la Ve République, avec un pouvoir centralisé autour de la figure du président. On le voit avec Emmanuel Macron quand il s’adresse aux élus locaux, et plus encore aux élus des outre-mer.

Cette centralisation fait partie de l’ADN de la Ve République. Cela explique en partie pourquoi on n’a pas tiré les leçons : d’une part on ne remet pas en question la gouvernance du centre vis-à-vis des marges ; d’autre part, le côté disloqué ou inégalitaire des sociétés ultramarines est attribué à des propriétés intrinsèques de ces sociétés – l’insularité par exemple – et jamais à la gouvernance. On interroge très peu les effets mêmes de cette gouvernance sur la matérialité sociale des outre-mer.

« Deux sociétés qui évoluent en parallèle »

Rémi Carayol : Pour beaucoup de Mahorais, le statut de département est synonyme d’égalité. Mais pour les fonctionnaires qui viennent de la « métropole », ou pour les responsables politiques français, le discours qui revient souvent, c’est que le département est synonyme d’assimilation. Avant que les Mahorais votent pour ce statut, en 2009, rien n’avait été mis en œuvre pour expliquer ce qu’était réellement l’assimilation et ce qu’elle impliquait concrètement : interdiction de la polygamie, fin de la justice des cadis, modification du droit foncier et des droits de succession... Ce travail a-t-il été fait après la départementalisation ?

Nicolas Roinsard : Très peu. Avant la consultation de 2009, il y a eu un jeu complice de la part des élus afin de ne pas faire de publicité sur les conséquences concrètes de la départementalisation, concernant la polygamie, le mariage musulman, le droit coutumier, etc. Les élus n’étaient pas dupes, ils savaient très bien ce que cela signifiait. Mais ils ont entretenu un silence complice, car la priorité était d’obtenir ce statut de département. Il ne fallait donc pas aborder les questions qui fâchent. Sophie Blanchy3 l’a très bien expliqué dans ses travaux : tout en souhaitant la départementalisation, les Mahorais ne se sentaient pas prêts à remettre en question ce qui relevait de leur identité. Elle parlait d’une contradiction profonde qui n’était pas assumée.

L’idée des partisans de la départementalisation était la suivante : « Prenons la maison d’abord, nous verrons pour les meubles ensuite ». La priorité était de devenir département pour définitivement couper le lien avec les Comores. C’était une peur archaïque liée à une longue histoire. Par conséquent, on disait « oui oui » de manière officielle, même si on résistait en catimini.

Les enquêtes ethnographiques que j’ai menées entre 2013 et 2020 ont montré que ce travail d’explication n’a pas été fait après 2011 non plus. Je constate que la plupart des réformes concernant Mayotte relèvent de l’exécutif, elles sont prises par décret. On a l’impression que Mayotte est encore aujourd’hui gouvernée par l’État central, dans une forme d’administration technique, pour que le droit commun puisse s’appliquer – condition sine qua non de la départementalisation –, et que la population est souvent mise devant le fait accompli. Le sentiment de dépossession est très largement partagé.

Aujourd’hui, à Mayotte, nous observons deux sociétés qui évoluent en parallèle. D’un côté, la société de la départementalisation et du droit commun : l’école de la République, l’économie marchande déclarée, le français comme langue officielle, etc. De l’autre, la société mahoraise : les mariages religieux, le travail non déclaré, la prédominance des langues vernaculaires, etc. Cela aboutit à des contradictions insurmontables. Ainsi, on ne veut pas des étrangers mais on les intègre dans la société par des mariages, ou dans l’économie par l’embauche de main-d’œuvre clandestine. Par exemple, la polygamie est interdite mais c’est toujours une réalité. Les cadis, qui ont en principe perdu leurs prérogatives, continuent de jouer un rôle important dans la société, bien plus que les officiers d’état civil s’agissant des mariages qui, à Mayotte, demeurent coutumiers dans 98 % des cas.

« Les bandes ont un gros pouvoir intégrateur »

Rémi Carayol : Dans votre livre, vous évoquez le rouleau compresseur de la départementalisation, mais vous expliquez qu’il y a des résistances, que certains font tout pour continuer de vivre comme avant. C’est une ambivalence permanente. Finalement, se dirige-t-on vers une nouvelle société, ou les Mahorais vont-ils continuer à vivre « à la comorienne » ?

Nicolas Roinsard : De toute façon, on a déjà affaire à une nouvelle société. D’ailleurs, aucune société n’est figée. Ce que l’on peut dire aujourd’hui de la société mahoraise, c’est qu’elle n’est plus une société intégrée, au sens sociologique du terme. La société mahoraise étudiée par Sophie Blanchy dans les années 1980 est une société intégrée au sens où il n’y a pas véritablement de conflits ou de tensions sociales, et où chacun connaît son rôle et sa place dans la société. À cette époque, il n’y avait quasiment pas de délinquance. A contrario, la montée de la délinquance observée ces dernières années est tout à fait symptomatique d’une société faiblement intégrée. Dans un contexte de durcissement des inégalités et de profondes transformations sociales, la société n’arrive plus à imposer des règles de vivre-ensemble.

On note aussi que les nouvelles générations prennent de la distance par rapport à certaines règles coutumières et religieuses. Les jeunes filles, en particulier, sont dans des trajectoires d’émancipation et remettent en question les formes de contrôle social qui étaient et qui sont encore très fortes aujourd’hui au sein des familles et des villages. En ce sens, la société mahoraise reste très singulière à l’échelle nationale : on peut la qualifier de société à la fois française, bantoue et islamique.

Rémi Carayol : Mayotte est souvent le théâtre d’épisodes de poussées de violence : batailles entre gangs, décasages violents, grandes grèves... Choses qui étaient relativement rares il y a encore quinze ans. L’un des phénomènes nouveaux est la violence d’une partie de la jeunesse, qui est au cœur de votre ouvrage. D’où vient-elle ?

Nicolas Roinsard : La violence est en augmentation effectivement, et l’une de ses caractéristiques, c’est qu’elle est le fait de rivalités inter-bandes ou inter-quartiers. Les jeunes de Doujani se battent contre ceux de Mtsapere, ceux de Mirereni contre ceux de Combani, etc. Ça peut partir souvent de pas grand-chose, même si ce n’est pas toujours le cas. Les membres de ces bandes sont globalement des jeunes qui occupent une même position dominée : ce sont souvent des enfants nés sur le sol mahorais – contrairement à ce que peuvent avancer les médias ou les responsables politiques –, ils ont 15-16 ans, occupent l’espace public à longueur de temps, vivotent, sont au chômage. Dans ce contexte, ils développent une appartenance très forte au quartier. Quand il n’y a pas grand-chose pour se rattacher à la société, les bandes ont un gros pouvoir intégrateur. Il y a un côté famille par substitution.

Ceux que l'on appelle les « enfants des rues » à Mayotte, des mineurs livrés à eux-mêmes, sont apparus au milieu des années 2000 (ici en 2008).
Ceux que l’on appelle les «  enfants des rues  » à Mayotte, des mineurs livrés à eux-mêmes, sont apparus au milieu des années 2000 (ici en 2008).
© Rémi Carayol

Durant mes enquêtes menées auprès des jeunes garçons délinquants, j’ai rencontré nombre de trajectoires de gamins qui se retrouvent seuls, parfois après l’expulsion d’un de leurs parents, et qui sont récupérés par les bandes. On se fait d’abord racketter, puis protéger et intégrer. Ce qu’on observe en ce moment, c’est le côté « à la vie à la mort » de ces adolescents : « je fais partie d’un quartier, d’une bande, je dois les défendre ». Et à ce titre, les profils de ces jeunes peuvent être tout à fait divers, entre ceux qui sont encore scolarisés et ceux qui glissent petit à petit vers des carrières délinquantes.

On observe également une violence socialisée. Ce dont témoignent les jeunes de 17-18 ans que j’ai interviewés, c’est que la violence fait partie de leur vie : elle s’exerce à l’endroit des bandes rivales à coup de chaînes de tronçonneuse, de barres de fer ou de chombo [coupe-coupe], mais elle s’exerce aussi entre eux, sur le mode de l’humour. Par exemple, on brûle les orteils du copain quand il dort…

De l’extérieur, toute cette violence qui éclate très fréquemment dans les quartiers est très impressionnante. Les Mahorais adultes se sentent désemparés face à cette jeunesse numériquement dominante. Il suffit de se balader à Mayotte pour voir que ces jeunes adolescents sont partout. C’est un groupe majoritaire du point de vue démographique, mais qui est globalement dominé dans l’espace social, car sans diplôme, sans emploi, sans papiers pour certains d’entre eux. La société est clairement dépassée par cette jeunesse, à la fois par ses comportements délictueux et par les enjeux d’intégration qu’elle soulève.

« Une forme de dépossession »

Rémi Carayol : Comment est né ce fossé ? Vous écrivez qu’on est passé d’une société communautaire à une société d’individus. Par quel processus : la mondialisation ? L’histoire particulière de Mayotte ?

Nicolas Roinsard : Les deux. On a l’habitude de dire à Mayotte que la société a connu en l’espace de 20 ou 30 ans les changements que l’Europe avait connus en 100 ans. Il y a un peu de ça. Jusqu’aux années 1980 et 1990, Mayotte est une société insulaire relativement fermée sur elle-même, ou sur l’archipel, épargnée par le phénomène d’occidentalisation. À partir des années 2000, on a vu un changement. Les Mahorais ont commencé à bouger, à La Réunion et en « métropole ». Or, quand ils voyagent, ils ne transportent pas que des valises, ils transportent aussi des nouvelles représentations du monde. Et puis il y a la télévision, internet…

Après, il est vrai que la trajectoire politique particulière de Mayotte a eu des effets, avec cette forme de dépossession que j’ai déjà évoquée. Mayotte avait son organisation sociale : le droit coutumier islamique, l’organisation à l’échelle de la famille matrifocale, les villages, les classes d’âge, la matrilocalité… Cette organisation se fragilise sous l’effet de la départementalisation que l’on peut considérer comme un « fait social total », au sens où elle impacte sensiblement l’organisation sociale. Tout à leur volonté farouche d’obtenir le statut de département, les élus ont compris que pour y arriver, il ne fallait demander aucun particularisme. Cela a abouti à une certaine posture d’effacement : la société s’est en partie effacée, avec l’idée que l’État – et pas n’importe quel État, l’État français, avec sa tradition jacobine et son histoire impériale – a les moyens de régler les problèmes, et notamment la délinquance. Mais aujourd’hui, des acteurs se rendent compte que la société civile a un rôle à jouer dans le politique au sens premier du terme.

Rémi Carayol : La figure du mzungu – le Blanc, ou le « métro » –, qui est souvent de passage et qui domine notamment l’administration, participe-t-elle des tensions actuelles ? Fait-elle partie des griefs de la jeunesse ?

Nicolas Roinsard : Ce n’est pas formulé ainsi. On pourrait imaginer que les groupes dominés s’en prennent aux groupes dominants. C’est un peu le cas si l’on regarde la délinquance d’appropriation, avec les cambriolages notamment, mais c’est souvent entre eux, c’est-à-dire entre jeunes défavorisés, qu’ils exercent leur violence. J’ai entendu peu de griefs contre les mzungu. Par contre, il y a un discours très critique vis-à-vis de la France. Il y a même une forme de haine de la France, parce qu’elle a expulsé des parents, parce qu’elle empêche d’obtenir des papiers… Et dans cette critique de la France, on englobe les Mahorais. Plus on enferme ces gamins dans leur position de « surnuméraire » et de « moins-que-rien », plus ils s’enferment dans cette position-là. Cela renvoie à une violence sourde depuis des années : la violence d’État. C’est une violence à laquelle ne s’intéressent pas les médias. En expulsant à tour de bras et en rendant très compliquée l’obtention d’un visa, d’un titre de séjour, voire de la naturalisation à l’âge adulte, l’État fabrique aussi des clandestins et des mineurs isolés.

Rémi Carayol : Contrairement aux idées reçues qui attribuent la délinquance aux seuls étrangers, vous montrez qu’il y a aussi beaucoup de jeunes, parmi eux, qui ont la nationalité française.

Nicolas Roinsard : En effet, et cela tient en premier lieu à la nature des violences contemporaines qui opposent des quartiers plus que des communautés. Ensuite, il faut souligner le poids des unions mixtes. Sur dix enfants nés à Mayotte, quatre le sont d’une union mixte, principalement entre un homme mahorais et une femme comorienne. Mais dans les représentations populaires, ces enfants sont considérés comme des étrangers, car rattachés à leur lignage maternel. Ils sont français car ils ont bénéficié d’une reconnaissance de paternité, mais sont étiquetés comme « enfants d’étrangers ». Et le fait est que beaucoup d’entre eux vivent dans les bidonvilles, où se concentrent les étrangers, avec ou sans papiers. Leur trajectoire délinquante doit beaucoup à la paupérisation extrême de leur milieu de vie et à l’isolement de leur mère. De fait, en associant la délinquance aux seuls étrangers, on minore le poids des unions mixtes ainsi que la place et la responsabilité des pères de nationalité française. Sauf que les gamins, eux, l’interrogent. Le morceau de Stromae, « Papaoutai », a d’ailleurs eu un grand succès à Mayotte.

1Nicolas Roinsard a notamment publié : La Réunion face au chômage de masse, Presses universitaires de Rennes, 2007.

2Benoît Trépied, Marie Salaün, «  Sortir du colonial sans décoloniser  ?  », Outre-Mers Revue d’Histoire, 406-407, 2020.

3Ethnologue, Sophie Blanchy a étudié la société mahoraise à partir des années 1980. Elle a publié de nombreux travaux. Lire notamment : La vie quotidienne à Mayotte, L’Harmattan, 1985. Lire également son interview dans Le Monde : Laurence Caramel, «  À Mayotte, les Comoriens ne sont pas des étrangers  », Le Monde, 25 avril 2023.