Depuis bientôt quatre semaines, une mobilisation historique se déroule au Kenya : des centaines de milliers de manifestants, notamment des jeunes de la « GenZ » (nés après 1997), occupent les rues du pays pour protester contre l’annonce du nouveau projet de loi de finances (Finance Bill 2024). Ce dernier, qui devait être approuvé avant le 30 juin par l’Assemblée nationale et par le président William Ruto (il ne l’avait toujours pas été au moment où ces lignes étaient écrites), prévoit l’augmentation inédite de taxes sur des produits de base, comme le pain, les serviettes hygiéniques ou le service de paiement mobile M-Pesa (utilisé par la plupart des Kényans), ainsi que l’instauration d’un loyer annuel sur les « terres ancestrales ».
Le projet de loi de finances, réponse du gouvernement kényan aux pressions du FMI pour résorber sa lourde dette publique, a été le déclencheur de la mobilisation mais, depuis, les revendications se sont élargies à d’autres sujets, comme la corruption des élites politiques et économiques.
La réaction du gouvernement a été celle de la répression meurtrière, exécutée par une police historiquement violente : selon les derniers rapports, elle aurait tué au moins 39 personnes.
Afrique XXI a interrogé Douglas Lucas Kivoi, docteur en éthique et philosophie africaine (Université de Nairobi), politologue et analyste senior au Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis. Ses recherches portent notamment sur les réformes légales et institutionnelles, l’État de droit et les dispositifs de sécurité. Il revient sur le projet de loi, l’origine et le déroulement des manifestations, ainsi que sur le comportement de la police. Il met en lumière la singularité du mouvement et de ses protagonistes dans l’histoire politique récente du pays.
Marta Perotti : Selon les derniers rapports, depuis le 18 juin, date de la publication du projet de loi de finances qui a déclenché les premières manifestations, il y aurait eu au moins 39 morts et 360 blessés, sans compter les arrestations arbitraires et les enlèvements. Quelle est votre réaction face à ce bilan ?
Douglas Lucas Kivoi : Je suis tout simplement choqué. Tous ceux qui ont été tués n’étaient pas armés et ils exerçaient leur droit démocratique à manifester pacifiquement. Le droit de tenir un piquet de grève est inscrit dans notre Constitution. De plus, le nombre officiel qui a été donné est de 39 morts, mais il y a d’autres cas qui ne seront peut-être jamais connus. Nous n’avons aucun bilan dans d’autres régions par exemple. Certaines familles sont toujours à la recherche de leurs proches. Le nombre de victimes pourrait donc être plus élevé.
La plupart des personnes ont été abattues dans le dos alors qu’elles fuyaient les agents qui leur ont tiré dessus. Un jeune garçon de 13 ans a été abattu ainsi. Qu’avait-il fait ? Constituait-il une menace pour qui que ce soit ? Ce sont des exécutions sommaires. Ces actes mettent en évidence le problème de l’impunité de la police dans ce pays. La violence policière est devenue une norme : il est devenu normal qu’un policier puisse tirer sur quelqu’un sans être inquiété.
Quant aux personnes arrêtées, elles ont été traduites en justice et relâchées aussitôt parce que le procureur a clairement indiqué qu’il n’y avait aucune preuve pour les détenir.
Marta Perotti : Le président William Ruto n’a pas signé le projet de loi, qui va donc être renvoyé au Parlement. Quels sont les points en particulier qui ont mis en colère les Kényans ?
Douglas Lucas Kivoi : En effet, le projet de loi doit revenir devant le Parlement car le gouvernement ne peut approuver aucune autre dépense sans loi de finances. Mais les membres du Parlement devront aborder toutes les questions soulevées par les manifestants, dont l’augmentation exorbitante des taxes sur les produits de base, mais aussi la volonté de taxer les terres ancestrales : avec ce projet de loi, les Kényans vivant depuis toujours sur des terres qui sont considérées par la Constitution comme leur « propriété absolue » devront s’acquitter d’un loyer annuel, en plus d’une taxe sur la production (par exemple agricole) déjà existante. Toutes ces propositions doivent être ajoutées au fait qu’au Kenya le coût de la vie est très élevé et que les employeurs n’augmentent pas les salaires.
Marta Perotti : William Ruto n’a pas signé le projet de loi mais les manifestations continuent...
Douglas Lucas Kivoi : Oui, car il y a d’autres facteurs qui expliquent cette colère, et le projet de loi de finances n’est que la partie émergée de l’iceberg : les Kényans en ont assez du gaspillage des fonds publics, de la corruption galopante et du comportement de leurs dirigeants, qui vivent dans l’opulence alors que la population lutte chaque jour pour mettre de la nourriture sur leur table, et de bien d’autres choses encore.
Il y a également la question du chômage des jeunes : la plupart d’entre eux sont allés à l’école mais ils ont du mal à trouver un emploi, notamment parce que la plupart des industries manufacturières ont été délocalisées dans les pays voisins, comme l’Éthiopie ou la Tanzanie. Le président de la commission des Finances du Parlement avait même dit aux fabricants que, s’ils trouvaient les taxes au Kenya trop élevées, ils pouvaient aller s’installer en Ouganda, y fabriquer leurs produits et les importer ensuite gratuitement au Kenya. Mais si ces entreprises manufacturières se délocalisent en Ouganda ou en Tanzanie, où les jeunes femmes et les jeunes hommes trouveront-ils un emploi ?
Marta Perotti : D’aucuns accusent le Fonds monétaire international (FMI) d’avoir fait pression sur le Kenya pour qu’il se désendette et donc pour qu’il adopte ces réformes. La situation peut-elle être comparée avec les effets provoqués par les ajustements structurels imposés dans les années 1990 ?
Douglas Lucas Kivoi : Oui, il y a des similitudes : à cause de ces réformes impulsées par les institutions de Bretton Woods, de nombreux Kényans avaient perdu leur emploi et leurs moyens de subsistance. Les programmes d’ajustement structurel des années 1990 ont été très destructeurs. Aujourd’hui, les étudiants ne sont plus en mesure de payer leurs études face à l’augmentation importante des frais universitaires, une mesure soutenue par l’institution financière. Le FMI et la Banque mondiale doivent admettre leur part de responsabilité dans le désordre économique actuel du pays. En fait, la rumeur court que certains technocrates de la Banque mondiale et du FMI sont même à l’origine de la loi de finances qui a été rejetée par les Kényans...
Marta Perotti : Les hashtags du mouvement, en particulier sur X, sont passés de #RejectFinanceBill (« rejet de la loi de finance ») à #RutoMustGo (« Ruto doit partir »). Comment expliquez-vous cette évolution des revendications ?
Douglas Lucas Kivoi : Le président est le représentant de la majorité au Parlement, il est responsable du comportement de ses secrétaires de cabinet, des ministres… Pourtant, il laisse faire, malgré les scandales. Par exemple, un ministre a vendu de faux engrais aux Kényans sans être inquiété ; il y a quelques jours, un secrétaire de cabinet a lui été arrêté à Dubaï alors qu’il transportait 210 millions de shillings kényans (1,5 million d’euros) en devises étrangères et il n’a pas été sanctionné ; d’autres ont vu leur demande de visa refusée aux États-Unis pour cause de corruption... Ruto doit agir, nettoyer son gouvernement, se débarrasser des fonctionnaires corrompus et répondre aux préoccupations des Kényans. Les gens se demandent ce qu’il a fait concrètement pour eux depuis 2022, année de son élection.
Marta Perotti : Selon vous, les gens ont-ils encore confiance en leur démocratie ? Les pouvoirs en place sont-ils toujours légitimes à leurs yeux ?
Douglas Lucas Kivoi : Les gens ne remettent pas en cause la démocratie, mais le non-respect de l’État de droit et de la Constitution. Peu importe qui est élu après Ruto ou si Ruto est réélu, le président ne devrait pas restreindre arbitrairement l’État de droit. Le problème est endémique et il n’est pas dû à Ruto en tant que tel : il est profondément enraciné dans presque toutes les strates de la société.
La structure politique kényane est complètement déstructurée : c’est un espace où ce sont ceux qui ont de l’argent qui sont élus et où cet argent est bien souvent sale. Des médias ont fait état de liens entre certains membres de la classe politique et le trafic de drogue ou le groupe armé Al-Chabab... C’est difficile à prouver, mais je suis sûr que les services de renseignements (y compris étrangers) disposent de ces informations.
Il est par ailleurs important d’examiner la séparation des pouvoirs entre le législatif, le judiciaire et l’exécutif. Il semble que l’exécutif ait capturé le législatif. Les députés votent systématiquement dans le sens décidé par l’exécutif. Les députés ne lisent même pas les projets de loi, ils se contentent de les approuver. Ce qui agace la plupart des Kényans.
Tant que le corps législatif travaillera uniquement pour l’intérêt de l’exécutif, la colère subsistera. C’est la raison pour laquelle les gens sont entrés au Parlement pendant les manifestations, parce qu’ils avaient placé leur espoir en lui, mais la loi et les promesses n’ont pas été respectées. Il faudra plus d’un cycle électoral pour réorganiser et assainir la classe politique de ce pays.
Marta Perotti : Les protagonistes du mouvement sont surtout des jeunes, la « GenZ », dont la majorité n’a pas connu la répression de Daniel arap Moi (président de 1978 à 2002). Cette génération est-elle plus politisée et plus téméraire que la précédente ?
Douglas Lucas Kivoi : La démographie est certainement un facteur : la proportion de jeunes est plus importante que par le passé. Et ces citoyens ne sont pas engagés de manière productive dans la société. Nous sommes face à une génération qui a été ignorée et qui en a assez des politiciens qui refusent de changer. Le président lui-même a fait partie du gouvernement de Daniel arap Moi et j’espère qu’il ne pense pas que les citoyens que le président Moi gouvernait sont les mêmes que ceux d’aujourd’hui.
Grâce à la technologie, ces jeunes peuvent facilement lire des informations sur les actions politiques de Ruto. Lorsqu’ils disent avoir besoin d’un emploi et qu’un dirigeant leur répond qu’ils peuvent aller travailler comme femmes de ménage ou chauffeurs dans les pays du Moyen-Orient, ce qui signifie pratiquement accepter l’esclavage, la colère est légitime. Tant que nous, Kényans, n’aurons pas trouvé le moyen d’impliquer cette GenZ, ces choses se reproduiront. Il est donc temps de réparer ce pays et de se demander comment nous allons les inclure de manière productive dans la société.
Il y a aussi la question de la mauvaise gouvernance, où des gens peuvent voler des fonds publics et s’en tirer à bon compte : l’opulence affichée sur les réseaux sociaux, leurs propos méprisants envers la population, comme s’ils parlaient à des animaux ou des sous-hommes... Pourtant, ce sont eux qui financent le style de vie de ces élites. Y a-t-il besoin de dix véhicules pour escorter un fonctionnaire alors que les hôpitaux n’ont pas de médicaments ? Les jeunes interrogent donc le gouvernement sur ces paradoxes. Et c’est une bonne chose qu’ils le fassent.
Marta Perotti : Pensez-vous que les réseaux sociaux ont contribué à la politisation de ces jeunes ?
Douglas Lucas Kivoi : Les réseaux sociaux ont joué un rôle dans leur mobilisation mais pas dans leur politisation. Ces jeunes ne prennent parti pour aucune aile politique. Ils demandent simplement au gouvernement de rendre des comptes sur la manière dont leurs impôts sont utilisés, tant au niveau national qu’au niveau des comtés, où pratiquement aucun argent n’est consacré aux programmes de développement et est absorbé par les salaires des fonctionnaires et les charges de fonctionnement.
Marta Perotti : Les manifestations se déroulent principalement dans les zones urbaines. Pourquoi ?
Douglas Lucas Kivoi : Parce qu’il est plus facile de s’y mobiliser que dans les zones rurales, où les gens sont moins connectés sur les réseaux sociaux faute de connectivité.
Marta Perotti : Peut-on parler d’un « moment historique » pour le Kenya ?
Oui, c’est un moment historique pour plusieurs raisons. D’abord parce que la police affronte des jeunes gens non armés, éduqués et qui connaissent leurs droits. Ensuite parce que cette mobilisation est sans parti politique, sans tribu et sans communauté. Il s’agit simplement de jeunes gens qui s’appellent eux-mêmes la « GenZ ». C’est donc différent et historique, j’en conviens. Les Kényans vont être forcés de s’interroger sur le moment où le pays a perdu sa jeunesse et trouver le moyen de l’intégrer à la fois dans les structures de gouvernance et dans le secteur économique pour qu’elle participe à la gestion du Kenya.
Marta Perotti : Comment expliquer un tel déchaînement de violence de la part de la police ?
Douglas Lucas Kivoi : Malheureusement, la police nationale kényane n’a jamais été indépendante : elle a toujours été rattachée à l’exécutif et semble toujours protéger les intérêts des riches et non de l’homme ou de la femme de la rue. Elle protège toujours les intérêts de ceux qui sont au pouvoir : elle a tiré sur des gens qui manifestaient à l’extérieur du Parlement et qui n’avaient pas d’armes ! Pourquoi n’ont-ils pas simplement arrêté ces personnes et ne les ont-ils pas traduites en justice ?
Notre Constitution prévoit des cas spécifiques de recours à la force mais, cette fois-ci, des personnes ont été abattues alors qu’elles s’enfuyaient. Les ordres viennent de l’exécutif : lorsque Ruto s’est exprimé le 25 juin à la State House, il a semblé se ranger du côté de la police, qui a pourtant agit en dehors de la loi, de manière inhumaine, brutale et sauvage. Cela ne devrait pas être toléré dans un pays civilisé comme le Kenya.
Marta Perotti : Par le passé, la police s’est-elle déjà rangée du côté de la population ?
Douglas Lucas Kivoi : La police n’a jamais pris le parti de la population et c’est pourquoi la plupart des Kényans ne lui font pas confiance. Elle est également l’une des institutions les plus corrompues du pays. Raison pour laquelle, lorsque l’armée est déployée dans les rues, les gens se réjouissent car la plupart font davantage confiance aux militaires qu’aux policiers. Le président Ruto a fait appel à l’armée lors des manifestations, mais, elle, elle n’a tué personne.
Marta Perotti : Vous écrivez dans un article paru en 2020 que « la brutalité dont font preuve les forces de police kényanes est le résultat de nombreux facteurs »...
Douglas Lucas Kivoi : L’un des problèmes vient du recrutement. Dans l’armée, la promotion se base sur le mérite, et non sur les réseaux individuels. Alors que dans la police, la corruption et l’appartenance à une communauté ethnique sont les deux piliers du recrutement.
Un autre problème est la discipline : la police extorque de l’argent aux gens et se livre à des activités illégales dans les rues. Également, l’obligation de rendre des comptes n’existe pas : dans l’armée, si vous ne suivez pas les ordres, vous êtes traduit en justice. Dans la police, il ne vous arrive rien. Au pire, vous serez affecté à un autre endroit et continuerez vos activités illégales.
Il y a aussi la formation. Il faut que les policiers soient formés à la question des droits humains car nous avons désormais des obligations internationales en la matière.
Et, pour terminer, ne négligeons pas la colonisation : sous le gouvernement colonial britannique, son rôle était de protéger les intérêts de l’administration. Elle ne servait pas les intérêts de la population. Depuis les indépendances, tous les pouvoirs successifs ont perpétué ce fonctionnement.
Marta Perotti : Quelles institutions pourraient poursuivre ces violations des droits humains ?
Douglas Lucas Kivoi : La police elle-même dispose d’une unité appelée Internal Affairs Unit, qui enquête sur les plaintes déposées contre des officiers. Le problème de cette unité est qu’elle est très opaque dans ses opérations : personne ne sait où sont situés ses bureaux, et lorsque vous leur signalez un cas ils se contentent de confirmer sa réception mais ne s’en occupent pas.
Ensuite, nous avons l’Independent Policing Oversight Authority (IPOA), qui est un organe constitutionnel censé s’occuper de la manière dont les officiers de police interagissent avec les communautés. Mais l’IPOA est débordée par les affaires qui impliquent la police, et son succès repose sur la coopération des policiers eux-mêmes : il existe de nombreux cas où des agents de l’IPOA ont été agressés et même enfermés dans des cellules de police, comme à Kayole, il y a quelques années.
Il existe également des organisations communautaires, telles que l’Independent Medical Legal Unit, qui enquête sur les morts et les blessures suspectes. Ces organisations sont régulièrement discréditées au motif qu’elles sont financées par des pays étrangers dont le but serait de déstabiliser le Kenya.
Enfin, il y a la Kenya National Commission on Human Rights, qui est une commission publique indépendante. Mais elle se limite à interpeller la police et ne peut pas engager de poursuites.
Marta Perotti : Des plaintes ont-elles été déposées suite aux manifestations ?
Douglas Lucas Kivoi : Oui, auprès de l’IPOA. Mais les enquêtes et les poursuites sont menées par des officiers de police. Par conséquent, il est peu probable que ces affaires atterrissent devant les tribunaux.
Marta Perotti : L’opposition s’est-elle saisie de ces questions ?
Douglas Lucas Kivoi : Raila Odinga [candidat en 2022, NDLR] a dénoncé et condamné les enlèvements. Kalonzo Musyoka, candidat aux dernières élections, a condamné la brutalité employée contre des manifestants non armés. Mais, en général, l’opposition, comme l’Église, est restée silencieuse.
Il faut comprendre que les personnes qui manifestent dans les rues n’appartiennent à aucun parti. De plus, la majorité d’entre elles ont voté pour le gouvernement actuel, en 2022. Il s’agit d’une désillusion générale. La seule chose que l’opposition pourrait faire serait d’utiliser cet élan pour s’assurer qu’il y aura des réformes significatives au Parlement.
Marta Perotti : William Ruto est très proche du gouvernement états-unien. Est-ce la raison pour laquelle la communauté internationale reste silencieuse sur les violations des droits humains ?
Douglas Lucas Kivoi : Certains universitaires africains affirment que le Kenya a été choisi pour faire avancer l’agenda des États-Unis et de l’Otan en Afrique. Personnellement, je ne pense pas que notre président soit « utilisé » pour faire le sale boulot du monde occidental en Afrique. Mais les États-Unis ne veulent pas perdre un allié qui, par exemple, a accepté d’envoyer des troupes en Haïti pour rétablir l’ordre et combattre les milices armées – avec des armes fabriquées aux États-Unis, soit dit en passant – alors que le Kenya n’a aucun intérêt en Haïti...
Marta Perotti : Uhuru Kenyatta, président de 2013 à 2022, avait été poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) à la suite des violences postélectorales de 2007. William Ruto pourrait-il être également poursuivi ?
Douglas Lucas Kivoi : Je pense que le risque existe. À nous de montrer à la CPI que nous sommes en capacité de résoudre nos problèmes et que nous pouvons demander des comptes sur notre territoire national.
Marta Perotti : Le mouvement peut-il durer et pousser William Ruto à démissionner ? Ou du moins à changer de politique ?
Douglas Lucas Kivoi : Ruto ne va pas démissionner. Il doit réorganiser son gouvernement, s’entourer de personnes intègres, s’assurer qu’il n’y a pas de gaspillage de l’argent public et répondre aux attentes des manifestants. Le problème ne concerne plus seulement le projet de loi de finances, mais la manière dont le gouvernement est dirigé et par qui. On peut s’attendre à un remaniement du gouvernement à tout moment.
Il a été élu en faisant des promesses à l’électorat, et l’une d’entre elles était de veiller à ce que le coût de la vie diminue. Cela n’a pas été le cas. Si les manifestants rejoignent l’opposition, il risque d’avoir du fil à retordre pendant les trois années restantes de sa présidence.
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