
Ce n’est pas seulement un retour. C’est une revanche. Il aura fallu plus d’un demi-siècle pour que la Guinée rebelle, la seule colonie qui avait dit « non » au général de Gaulle en 1958, revienne enfin dans le giron français. Au tournant des années 2010, Nicolas Sarkozy puis François Hollande avaient pourtant fondé de grands espoirs sur Alpha Condé.
Mais l’ancien chargé de cours à la Sorbonne, qui avait vécu des décennies d’exil en France dans un deux-pièces de la place d’Italie, préféra s’acoquiner avec d’autres. Il y eut bien une mine de bauxite offerte par « Alpha » à des personnes ayant été proches d’Arnaud Montebourg (ministre français de l’Économie de 2012 à 2014) et d’Anne Lauvergeon (ancienne dirigeante d’Areva), et une clinique à Conakry qu’il baptisa du nom de son vieil ami Bernard Kouchner (ancien ministre des Affaires étrangères). Mais Alpha Condé avait appris une chose des luttes de pouvoir auxquelles il avait assisté lorsqu’il était membre du Parti socialiste français : il faut toujours savoir se vendre au plus offrant. Et, visiblement, une France déjà déclinante en Afrique n’avait plus assez à lui proposer. Au moment du putsch qui renversa Condé en 2021, les troupes d’élite du pays étaient formées par les Turcs, et ses mines de bauxite exploitées par les Étatsuniens, les Russes et les Chinois.
Heureusement, un colonel providentiel allait réaligner la Guinée avec l’Élysée : Mamadi Doumbouya. Fils d’un vendeur de pneus, Doumbouya semble tout droit sorti d’un roman qui aurait été écrit à quatre mains par Gauz et Amadou Kourouma. Immigré de galère en Europe, il fut sans-papiers en Allemagne, videur de boîte de nuit aux Pays-Bas, puis finit par s’engager dans la Légion étrangère française. Affecté à Nîmes, dans le sud-est de la France, il n’y rencontra pas la gloire – son contrat ne fut pas renouvelé et il sortit des rangs en 2009 avec le grade modeste de caporal-chef –, mais sa femme : Lauriane Darboux, sous-officier de la gendarmerie qui s’occupait des cambriolages dans la Drôme. De retour en Guinée, Doumbouya gagna la confiance d’Alpha Condé, qui n’avait d’yeux que pour sa stature de colosse. Les deux hommes étaient aussi issus de la même communauté malinké. Doumbouya gravit les échelons militaires jusqu’à être envoyé à l’École de guerre, à Paris. En 2018, il finit par être nommé à la tête des nouvelles forces spéciales. La suite était cousue de fil kaki : Doumbouya trahit son mentor pour devenir calife à la place du calife en septembre 2021. Et, dans quelques jours, il devrait s’offrir une Constitution taillée sur mesure pour obtenir la légitimité des urnes...
Un rapprochement franco-guinéen couleur kaki
La France n’a pas hésité une seule seconde à épauler le nouveau dirigeant. Il faut dire que Doumbouya, l’ancien légionnaire, est aussi un citoyen français. Il a même acquis en 2020, avec son épouse, une bicoque à la campagne dans le Gard. Et puis, l’Élysée n’a guère envie que Doumbouya suive l’exemple de son voisin malien Assimi Goïta et se rapproche de la Russie. Quelques semaines après le putsch, le patron des Éléments français au Sénégal (EFS), le général Michel Delpit, se rend discrètement à Conakry1. Il s’offre même une petite virée en hélicoptère avec Doumbouya, survolant cette langue de terre qui titille l’océan. La lune de miel commence.
Très vite, la coopération militaire et sécuritaire hexagonale reprend avec la junte. Et l’alliance avec Doumbouya devient d’autant plus précieuse que les pays du Sahel chassent l’un après l’autre l’armée française. Pour l’Élysée, la Guinée devient « un enjeu fondamental », comme le répète en off le conseiller Afrique d’Emmanuel Macron, Jérémie Robert. Paris veut à tout prix empêcher la nouvelle Alliance des États du Sahel (AES) d’embarquer la Guinée dans son aventure et de s’offrir ainsi un débouché sur la mer via le port de Conakry. Alors, la France met les petits plats dans les grands. Et tant pis s’il faut fermer les yeux sur le climat de terreur qui s’installe progressivement à Conakry.
L’allégresse qui a suivi le putsch s’est perdue dans les embouteillages de la capitale guinéenne. Doumbouya a confisqué le pouvoir qu’il avait promis de rendre au peuple. Les lendemains sont amers et rougis de sang. Selon Amnesty International, au moins 47 manifestants ont été tués par les forces de l’ordre en septembre 2021 et au printemps 20242. En juillet 2024, deux figures de la société civile, Oumar Sylla (alias Foniké Menguè) et Mamadou Billo Bah ont été kidnappées par des éléments des forces spéciales. Transportés en bateau jusqu’à la prison secrète de Fotoba, au large de Conakry, ils n’ont plus jamais donné signe de vie. En décembre, c’était au tour du journaliste d’investigation Habib Marouane Camara de disparaître, après son arrestation par la gendarmerie commandée par le tout-puissant Balla Samoura, un corps auprès duquel deux coopérants français sont affectés.
Une coopération longtemps restée secrète
Mais l’appui militaire et sécuritaire de la France à Mamadi Doumbouya ne se limite pas à quelques officiers envoyés de Paris, déjà présents dans les états-majors guinéens sous le précédent régime – François Hollande et Alpha Condé, vieux camarades de l’Internationale socialiste, avaient signé un accord de coopération militaire en 2014. Le coup de main de Paris va beaucoup plus loin. Le volet le plus important de la coopération entre la France et Mamadi Doumbouya est longtemps resté secret. Et pour cause, le putschiste ne veut surtout pas être vu comme un pantin à la solde de Paris. Doumbouya aime plutôt cultiver une stature panafricaine, rebaptisant l’aéroport de Conakry du nom du premier président, l’anti-impérialiste (et sanguinaire) Ahmed Sékou Touré. En 2023, à la tribune des Nations unies, il ose même une diatribe contre les grandes puissances : « Nous ne sommes ni pro- ni anti-Américains, ni pro- ni anti-Chinois, ni pro- ni anti-Français, ni pro- ni anti-Russes. Nous sommes tout simplement pro-Africains, c’est tout. »
Le problème, c’est que l’anticolonialisme de Doumbouya n’est que de façade. Dans une Guinée qui, depuis l’indépendance, n’a pas connu de présence militaire étrangère importante (hormis des instructeurs et des coopérants), le président cache un secret qui pourrait lui coûter cher. Car des troupes françaises séjournent régulièrement et discrètement dans son pays depuis 2022. Une enquête de Marianne3 a révélé que les militaires français basés au Sénégal et au Tchad formaient les troupes d’élite guinéennes.
Jusqu’au deuxième semestre 2024, selon plusieurs sources guinéennes et hexagonales, les soldats français prenaient leurs quartiers à Soronkoni, un camp militaire de l’est de la Guinée, dans la région natale de Doumbouya. Soronkoni fut utilisé comme prison par Alpha Condé4, et le camp accueillit, à la toute fin de son règne, des instructeurs turcs chargés de mettre sur pied une unité d’élite concurrente des forces spéciales. Partis après le coup d’État, les militaires turcs ont été remplacés moins d’un an plus tard par des soldats tricolores. Affectés à Soronkoni pour des missions de trois mois en général, les formateurs français ont entraîné les nouvelles promotions du Groupement des forces spéciales (GFS) et du Groupement des forces d’intervention rapide (GFIR). Ces unités d’élite dévouées corps et armes au président n’ont pas vraiment les mains propres : d’après plusieurs témoignages, le GFS a participé à l’enlèvement d’Oumar Sylla et de Billo Bah, et le GFIR a durement réprimé des manifestations dans la région aurifère de Siguiri5, toujours dans l’est de la Guinée.
Un système généralisé confirmé par des documents inédits
Des documents inédits consultés par Afrique XXI viennent confirmer ces formations. Il s’agit de demandes de visas de courtoisie pour des militaires français arrivant en Guinée, transmises par le ministre guinéen de la Défense à son homologue des Affaires étrangères, non pas dans le cadre de quelques missions ponctuelles mais bien d’un système généralisé d’appui à l’armée guinéenne, avec des dizaines de demandes de visas.
Par exemple, trois instructeurs se sont rendus en Guinée du 17 janvier au 14 février 2024 pour « livrer une formation au profit des GFS [NDLR : le Groupement des forces spéciales] ». D’autres, en provenance du Tchad, faisant partie « d’un détachement d’instruction opérationnel (DIO) », ont débarqué le 1er décembre 2023. Toujours selon ces documents, une autre unité d’élite de l’armée guinéenne est particulièrement friande des entraînements made in France : le Bataillon autonome des troupes aéroportées (Bata), basé au camp Alpha Yaya de Conakry et à Kindia, à 150 kilomètres de la capitale. Un détachement de partenariat militaire opérationnel français (DPMO) « en provenance du Tchad et du Sénégal » a ainsi séjourné en Guinée du 27 avril au 30 juin 2024, dans le cadre « d’une formation au profit du Bata ». Mi-mai 2024, précise une note de l’attaché de défense à l’ambassade de France à Conakry, des éléments français au Sénégal sont venus relever cinq de leurs camarades.

Les formations ne se limitent pas à l’instruction des troupes d’élite. La marine guinéenne et l’armée de l’air sont également concernées. Depuis qu’il a été révélé dans la presse, ce va-et-vient incessant (et pourtant non assumé officiellement) d’uniformes français suscite des remous dans une opinion guinéenne farouchement attachée à sa souveraineté.
À l’Assemblée nationale française, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, a fini par reconnaître qu’il pouvait y avoir « des déploiements opérationnels » français en Guinée. Ces propos, tenus lors d’une audition à huis clos en septembre 2024 et rapportés par le député de la France insoumise Aurélien Saintoul, ont créé un certain malaise, comme si le patron des armées en avait trop dit. Aurélien Saintoul a été menacé de sanctions par le président de la Commission de la défense nationale et des forces armées, qui lui reprochait d’avoir violé le secret-défense.
« Cette affaire de sanction était grotesque », dit le parlementaire insoumis. « Mais la réaction du président de la Commission de défense était révélatrice de deux choses. Premièrement, le renoncement des parlementaires macronistes à exercer pleinement leur mission de contrôle du gouvernement. Deuxièmement, le sentiment diffus que la Guinée est un sujet sensible. On ne sait pas trop pourquoi, mais mieux vaut ne pas poser trop de questions, de peur de découvrir quelque chose que finalement, on préférerait n’avoir jamais su. »
Irritation de Bamako
Il n’y a pas qu’au Palais Bourbon que la présence de soldats français en Guinée fait du bruit. En effet, d’après les informations d’Afrique XXI, les rotations des troupes françaises dans l’est de la Guinée auraient irrité le voisin malien. La junte au pouvoir à Bamako s’est rapprochée des Russes et a chassé Barkhane en 2022. Le régime d’Assimi Goïta ne voyait donc pas d’un bon œil les soldats français à ses portes. D’autant qu’au milieu de l’année 2024 il était même prévu que les instructeurs hexagonaux se déplacent de Soronkoni vers une nouvelle base des GFIR en construction à Kourémalé, une ville située directement sur la frontière malienne. Selon Africa Intelligence, l’appui français à la frontière Guinée-Mali pour éviter des infiltrations djihadistes remonte à 2022. Mais, dans le nouveau contexte politique sahélien, Bamako ne veut plus à sa frontière de soldats français, fussent-ils officiellement des instructeurs.

La situation tourne même au psychodrame. En novembre 2024, le secrétaire général à la présidence guinéenne, le général Amara Camara, se fend d’une sortie en grand uniforme à la télévision d’État : « Une autre chose que nous voulons porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale, c’est que nous ne sommes pas ce pays qui servira de bastion ou de base à une quelconque force pour déstabiliser un pays voisin. » Mais cette déclaration ne rassure pas totalement Bamako. Début 2025, de curieux objets volants, possiblement des ballons d’observation6, se mettent à tomber du ciel dans l’est de la Guinée, renforçant encore la méfiance de part et d’autre de la frontière.
Sous pression de son voisin, Mamadi Doumbouya finit donc par demander aux Français de se replier vers le sud. À l’heure actuelle, les instructeurs tricolores sont déployés dans la région côtière et conduisent des formations au camp Alpha Yaya du Bata, à Conakry, à la base des forces spéciales à Forécariah (à 100 kilomètres de la capitale) ou encore dans les écoles militaires de Manéah, où un détachement français venu du Gabon a offert « une formation des formateurs » du 21 avril au 21 mai 2025. Le commandant d’unité du personnel déployé est même venu de Libreville inspecter ses hommes, d’après une note de l’attaché de défense de l’ambassade de France.
Des infidélités occasionnelles à la France
Mais Paris n’est pas pour autant en terrain conquis à Conakry. Le président de la Guinée fait parfois des infidélités à son principal allié. En juin 2025, RFI confirmait que des convois de matériel militaire russe étaient acheminés au Mali en passant par le port de Conakry7. Selon un document consulté par Afrique XXI, un spécialiste militaire russe, V. Mironov, s’est rendu en Guinée au tout début de l’année 2024 pour « accomplir des missions au profit de l’armée guinéenne ». Le ministre des Affaires étrangères de Vladimir Poutine, Sergueï Lavrov, s’est lui-même rendu à Conakry en juin 2024. Le lendemain de la visite du chef de la diplomatie russe, le conseiller Afrique d’Emmanuel Macron, Jérémie Robert, débarquait en Guinée. Un peu comme un acheteur à Drouot prêt à renchérir sur un lot.
La nouvelle génération des dirigeants africains sait à merveille utiliser la concurrence entre les puissances pour obtenir toujours plus. Et Doumbouya a décroché la timbale avec les Français. De peur que le président guinéen ne se jette dans les bras des Russes, Paris sort le carnet de chèques. Le Trésor français et la Banque publique d’investissement lui prêtent des dizaines de millions d’euros pour l’acquisition d’un système de surveillance de l’espace aérien guinéen vendu par Thalès (Guinée28, 1er février 2025), la construction d’hôpitaux par le groupe Eiffage (Africa Intelligence, 6 janvier 2023) ou un controversé projet de Télévision numérique terrestre (Ecofin, 7 mars 2022) dans un pays qui, rappelons-le, a interdit les grands médias privés8.
Et par-dessus le marché, la France ferme les yeux sur la dérive de Doumbouya. L’homme fort de Guinée est devenu une sorte de rejeton illégitime de Pablo Escobar et de Sékou Touré, bunkerisé avec sa paranoïa et ses gardes du corps armés jusqu’aux dents sur l’île de Kassa, au large de Conakry9. Il se prépare à remporter haut la main une élection présidentielle où il n’aura aucun rival, puisqu’il s’est déjà débarrassé de tous ses opposants. Le premier cercle du pouvoir a d’ailleurs donné un nom de code à cette pratique de disparition forcée : le « projet Kagame », car il aurait été inspiré à Doumbouya par le président rwandais lors d’une visite de ce dernier à Conakry en avril 2023 (et le 2 mai, ce fût au tour de Doumbouya de se rendre en visite à Kigali...). Les kidnappings et autres exécutions extrajudiciaires ont commencé avec la mort du général Sadiba Koulibaly, ancien compagnon d’armes et de putsch de Mamadi Doumbouya, décédé en détention en juin 2024 après avoir été atrocement torturé.
Une armée fantôme en mode camouflage
Évidemment, dans ce climat de répression tous azimuts, la coopération militaire française pose un problème moral autant que démocratique. Son caractère confidentiel empêche tout contrôle parlementaire. Le droit de regard est d’autant plus difficile à exercer pour des députés français ou africains que l’armée française agit selon une nouvelle doctrine sur le continent (à l’exception notable de Djibouti, où une base officielle a été maintenue). Comme la présence des militaires français suscite l’hostilité des populations locales faisant qualifier le président qui les accueille de laquais inféodé à Paris, la grande muette est passée en mode camouflage, telle une armée fantôme. Elle ne débarque plus dans ses anciennes colonies avec des milliers de soldats et de grandes bases. L’heure des drapeaux tricolores claquant sous l’harmattan est définitivement révolue.
Aujourd’hui, que ce soit au Bénin, en Côte d’Ivoire ou en Guinée, les derniers bastions de l’influence française en Afrique de l’Ouest, l’armée hexagonale opère dans l’ombre. Officiellement, elle se cantonne à la formation des troupes locales pour lutter contre le djihadisme. Mais, en Côte d’Ivoire et au Bénin, des avions de la société luxembourgeoise privée CAE Aviation, loués par les services de renseignement français, effectuent tous les jours des vols de surveillance. Ces aéronefs dernier cri sont capables d’intercepter les conversations téléphoniques dans les zones qu’ils survolent. En juin 2024, un avion de CAE Aviation est même entré depuis le Bénin dans l’espace aérien du Burkina Faso, ce qui a passablement irrité le régime d’Ibrahim Traoré.
En Guinée aussi, la présence de soldats français se fond dans l’opacité, d’autant que le pouvoir de Doumbouya n’a encore jamais subi d’attaque djihadiste sur son sol (ni même de rébellion armée). Et les questions pleuvent comme un orage de juillet sur les montagnes du Fouta-Djalon. Les instructeurs français se contentent-ils bien de former les troupes d’élite locales ? Ou outrepassent-ils cette mission, enfreignant du même coup l’accord de coopération militaire signé entre la France et la Guinée en 2014 ? Celui-ci cantonne quasi exclusivement le partenariat franco-guinéen à la formation des troupes. Il ne prévoit pas explicitement, par exemple, d’appui de Paris en termes de renseignement. À moins que la France et la junte de Doumbouya n’aient secrètement amendé cet accord10. Quoi qu’il en soit, le passé récent ne plaide pas en faveur de l’armée française, qui n’a jamais été avare de cachotteries en Afrique : c’est ainsi, par exemple, qu’au début des années 2010, au Burkina Faso, il s’était avéré que les « instructeurs » débarqués de Paris étaient en réalité des membres des forces spéciales nouvellement installés.
« Lutte contre le terrorisme djihadiste »
Sollicité par Afrique XXI, le ministère des Armées a concédé à demi-mot que l’armée française ne se limitait pas à des missions de formation : « La France apporte un appui partenarial à certains pays de la région du golfe de Guinée, à leur demande, dans leur lutte contre le terrorisme djihadiste. Cet appui est multiforme et adapté aux contingences locales. » Concernant plus spécifiquement la Guinée, le ministère a précisé : « Les armées françaises mènent des actions de partenariat avec l’armée guinéenne reposant sur le triptyque “structuration-formation-entraînement”. Dans ce cadre, les armées françaises organisent, ponctuellement et dans un temps limité, des détachements d’instruction opérationnelle dans les domaines maritime ou terrestre, comme avec de nombreux autres pays partenaires en Afrique. » Le ministère insiste également sur des actions humanitaires et de préservation de l’environnement, en éludant nos questions sur les nombreuses formations dispensées aux troupes d’élite de Doumbouya. Le porte-parole du gouvernement guinéen, Ousmane Gaoual Diallo, n’a, lui, pas donné suite à nos questions.
Un dernier document vient questionner la nature troublante de ce partenariat militaire. Il s’agit d’une demande de visa pour un capitaine de l’armée française, Patrick N., qui a d’ailleurs été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2024. Cet officier a coordonné le débarquement de quinze Masstech dans le port de Conakry le 18 mai 2024. D’après nos informations, ces véhicules blindés légers de l’entreprise Technamm, basée dans les Bouches-du-Rhône, un département du sud-est de la France, auraient été livrés aux forces armées guinéennes et pourraient, par exemple, être employés dans la répression des manifestations. Ils seraient aujourd’hui utilisés par le GFS, les terribles forces spéciales d’un Mamadi Doumbouya plus que jamais proche de Paris.
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1« Entre Paris et Conakry, les contours d’un rapprochement militaire », Africa Intelligence, 20 juillet 2022.
2Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) porte ce bilan à 64 morts du coup d’État au 1er mai 2025.
3« Guinée Conakry : Mamadi Doumbouya, putschiste, autocrate... et petit soldat des intérêts de la France », Marianne, 12 août 2024
4« Guinée : plongée dans l’enfer du camp militaire de Soronkoni », Le Point, 13 mai 2020.
5« Violences à Léro, « Siguiri » : plusieurs personnes blessées par balles », Africa Guinée, 23 avril 2024.
6« Guinée : que sait-on des « objets volants non identifiés » retrouvés dans la région de Kankan ? », France 24, 14 janvier 2025.
7« Russie en Afrique : Conakry, porte d’entrée de l’armement russe au Sahel », RFI, 18 juin 2025.
8« Un avenir pour la presse en Guinée ? Pas sans les médias toujours interdits », RSF, 22 mai 2025.
9« Guinée : Mamadi Doumbouya, le reclus des îles de Loos », Jeune Afrique, 3 mars 2025.
10La coopération militaire entre la France et la Guinée pourrait concerner « toute autre activité convenue d’un commun accord entre les Parties en fonction de leurs intérêts communs », prévoit, en effet, le texte de l’accord.