Les mémoires de « Petit Barry »

Aux premières loges de la dérive de Sékou Touré

Podcast (2/4) · Le 2 octobre, la Guinée a célébré le 65e anniversaire de son indépendance. Mamadou Bowoï Barry, dit « Petit Barry », 87 ans, est l’un des grands témoins de cette époque. Dans un podcast en quatre épisodes, ce proche d’Ahmed Sékou Touré raconte les espoirs nés avec l’arrivée au pouvoir du leader indépendantiste, puis la dérive de son régime, dont il sera une des nombreuses victimes.

L'image montre un espace extérieur avec un sol en carreaux de damier, alternant entre des teintes claires et foncées. En arrière-plan, on aperçoit une étendue d'eau qui pourrait être la mer ou un lac, sous un ciel clair. Sur un muret, plusieurs affiches sont accrochées. Ces affiches semblent contenir du texte et des images en rapport avec un événement ou une exposition. L'environnement dégage une atmosphère calme, avec un éclairage naturel et une vue agréable sur l'eau.
Conakry, le 9 janvier 2022, à l’occasion de la célébration du centenaire de Sékou Touré organisée par le mouvement «  sekoutoureiste  » aux cases Bellevue.
© Tangi Bihan

Au soir de sa vie, Mamadou Bowoï Barry, dit « Petit Barry », a décidé d’écrire ses mémoires. Sept ans sous le mont Gangan, paru en mai, est le premier des sept tomes d’une série intitulée « Camp Boiro »1. Un recueil de récits, de poèmes, d’hommages, qui racontent avec force détails les pratiques carcérales et meurtrières durant les heures sombres de la première République de Guinée (1958-1984).

Afrique XXI a rencontré « Petit Barry » en mai 2023, en région parisienne. C’est un monsieur de 87 ans, affable, enjoué, avec une mémoire stupéfiante. Il était pressé de raconter sa vérité historique, et surtout ses longues années d’enfermement (sept ans et demi, entre 1971 et 1978) à Kindia, à 135 km de Conakry.

Dans ce deuxième épisode, « Petit Barry » se rappelle sa collaboration avec Sékou Touré. En 1960, deux ans après l’indépendance de la Guinée, il est expulsé de France où il a étudié les lettres et milité au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf). À son arrivée en Guinée, Sékou Touré l’accueille et lui offre un poste au sein du gouvernement. « Petit Barry » décline : il souhaite achever ses études. Il met alors le cap sur Genève (Suisse) et son Institut des hautes études internationales. En janvier 1965, il rentre enfin au pays et est affecté à la direction générale de la coopération internationale du ministère des Affaires étrangères. Confident de Sékou Touré, avec qui il partage les petits déjeuners, il est aux premières loges de sa dérive autoritaire, et notamment de sa brouille épistolaire avec Aimé Césaire.

Le premier épisode est à écouter ici.

Merci à Dom Peter et Samba Diabaté pour leur contribution musicale. Retrouvez-les sur l’album Sou Kono de Midgnight Ravers.

Réalisation : Agnès Faivre (avec Michael Pauron)

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1Le camp Boiro, un ancien camp de gendarmerie créé par l’administration coloniale française dans le quartier central de Camayenne, à Conakry, est devenu l’un des plus célèbres camps d’enfermement sous la présidence d’Ahmed Sékou Touré (1958-1984). Des milliers de Guinéens y ont été torturés et tués, notamment par diète noire (privation d’eau et de nourriture jusqu’à la mort).