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Enquête

Cameroun. Un chantier pharaonique, des salaires princiers

La construction de l’immense complexe sportif d’Olembé à Yaoundé est l’objet d’un long feuilleton depuis plusieurs années. Des milliards de francs CFA ont été dépensés sans qu’il soit pour l’heure achevé. Parmi les éléments qui ont plombé le budget : les salaires exorbitants du personnel étranger facturés à l’État par une des entreprises impliquées.

L'image montre un grand stade avec une architecture moderne. La façade du stade est ornée de tuiles de diverses couleurs vives, allant du rouge, orange, jaune, vert, bleu jusqu'au violet, formant une belle mosaïque sur un fond en béton. Au premier plan, on peut voir un groupe de personnes, habillées en vêtements de travail, qui semblent discuter ou se préparer à entrer dans le stade. Les escaliers mènent à une entrée principale, et le ciel au-dessus est bleu avec quelques nuages épars, ajoutant une impression de clarté et d'énergie à la scène.
Le stade Paul-Biya d’Olembé, en janvier 2022. D’une capacité de 60 000 places, il a été livré in extremis pour le début de la CAN.
© The Taxi Photographer / Shutterstock

Ce devrait être un grand ensemble sportif avec plusieurs stades de football, un gymnase, une piscine, des terrains de basket et de volley-ball, des courts de tennis, des espaces commerciaux, un hôtel, etc. Cinq ans après le démarrage du chantier, le complexe d’Olembé, du nom d’un quartier périphérique de Yaoundé, capitale politique du Cameroun, n’est achevé qu’à environ 40 %, et les travaux n’avancent plus guère. L’État du Cameroun s’est pourtant endetté pour le financer. Mais tout s’est passé comme si un schéma de détournement de fonds s’était mis en place avec l’implication d’intérêts à la fois locaux et étrangers. Ce chantier d’Olembé illustre la mal-gouvernance qui règne dans de nombreux secteurs au Cameroun, classé 36e pays le plus corrompu du monde par Transparency International.

Imaginé à la fin des années 2000, le complexe d’Olembé faisait à l’origine partie d’un programme financé par la Chine qui prévoyait l’édification de dix stades de football dans le pays, mais qui a finalement été abandonné. Le gouvernement l’a remis sur la table en 2014 avec l’idée d’en faire l’une des principales structures d’accueil de l’édition de 2019 de la prestigieuse Coupe d’Afrique des nations (CAN). Le marché, d’un montant de 163 milliards de francs CFA (248 millions d’euros), est alors attribué en 2015 au groupe italien Piccini, qui a pour mission de livrer le complexe à la fin de 2018. Le ministère des Sports et de l’Éducation physique (Minsep) en est le maître d’ouvrage. Le projet est aussi suivi de près par une « task force », composée du secrétaire général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, du conseiller aux affaires économiques à la Présidence, Jean-Claude Ayem Mauger, et du secrétaire général des services du Premier ministre, Séraphin Magloire Fouda.

Mais les choses ne se passent pas comme prévu : pour différentes raisons, notamment administratives, les travaux ne démarrent qu’en mars 2017. Afin de rattraper le temps perdu, Piccini fait venir par bateau des éléments préfabriqués en Italie. Ce n’est toutefois pas suffisant, et, à la fin de 2018, les autorités du football africain retirent au Cameroun la charge d’organiser la CAN 2019, invoquant les retards enregistrés à Olembé mais aussi dans d’autres villes où doivent se dérouler des matchs1. Elles confient tout de même au pays le soin de recevoir l’édition suivante, prévue en 2021 – qui se jouera finalement début 2022 après un report dû à la pandémie mondiale de Covid-19.

Les problèmes ne sont pas finis pour autant. À la fin de novembre 2019, nouveau rebondissement : prétextant « d’importants manquements contractuels » et « la défaillance de l’entreprise », le Minsep résilie le contrat de Piccini au profit d’une autre entité, Magil Construction.

Un contrat de 55 milliards de francs CFA

La société Magil Construction a un profil de multinationale : elle est canadienne mais appartient depuis 2009 au groupe français Fayolle et compte plusieurs ressortissants français dans son staff, dont son « vice-président des opérations internationales », Franck Mathière. Lorsqu’elle fait affaire avec le Minsep pour le chantier d’Olembé, elle opère au Cameroun depuis peu : elle a été engagée en 2018 pour la réhabilitation du stade de Bépanda, un quartier de Douala, la capitale économique.

Dès le 9 décembre 2019, Magil Construction s’installe sur le site d’Olembé et signe peu après un contrat pour « l’achèvement des travaux du complexe sportif d’Olembé ». Son budget : 55 milliards de francs CFA (83 millions d’euros). Sa feuille de route prévoit que les opérations se dérouleront en deux phases. Pour la première, il s’agira d’achever le stade principal de 60 000 places (déjà en partie construit), les terrains d’entraînement, l’hôtel et des aménagements (parkings, voiries, etc.), ce qui devra coûter 28 milliards de francs CFA (42,5 millions d’euros).

La deuxième phase comprend la construction de la piscine, du centre commercial, du gymnase, des courts de tennis, des terrains de basket et de volley-ball, ainsi que la clôture de l’enceinte2. Elle coûtera 22,9 milliards de francs CFA (34,9 millions d’euros). Le budget prévoit aussi 6,5 milliards de francs CFA (9,9 millions d’euros) pour les coûts indirects, constitués principalement des dépenses en salaires prévues pour le personnel non camerounais, ainsi qu’un surplus de 4 milliards de francs CFA (6 millions d’euros) devant être consacrés à la « maintenance » et à « l’entretien jusqu’à la fin de la CAN », selon le contrat.

« Tout est larmes, désolation et désespoir »

Mais alors que Franck Mathière s’est engagé à livrer le stade principal en juillet 2020, un autre scénario se met en place. Pendant des mois, le chantier fait du surplace, faute d’argent : Magil Construction a mis beaucoup plus de temps que prévu à trouver un prêteur, la Standard Chartered Bank, et un assureur-crédit, BPI-France, qui acceptent de financer le projet et donc de fournir un emprunt à l’État du Cameroun. L’argent a été mis à disposition du Cameroun en novembre 2021 au lieu de mai 2020. Certes, le stade de 60 000 places (baptisé du nom de... Paul Biya, le président en exercice) a pu être mis en service in extremis au début de la CAN, qui s’est déroulée en janvier et février 2022, mais il n’est pas totalement terminé et il est déjà en train de s’abîmer : à chaque coup de vent violent, des panneaux de la couverture du toit, conçus pour ressembler à des écailles de pangolin, se détachent et tombent au sol.

Quant au reste des travaux de la première phase, ils ne sont toujours pas finis ; et ceux de la seconde phase n’ont pas démarré alors que cela aurait dû être le cas dès la CAN terminée. Pourtant, selon plusieurs sources politiques et administratives, Magil Construction a déjà reçu 42 milliards de francs CFA (64 millions d’euros) sur les 55 milliards prévus pour l’ensemble du projet. Et, actuellement, la situation est bloquée : le chantier est à l’arrêt depuis plusieurs semaines.

Plus personne ou presque ne travaille sur place car les fournisseurs et les sous-traitants de Magil Construction attendent depuis de nombreux mois que l’entreprise s’acquitte envers eux de ses dettes, lesquelles représenteraient plus de 12 milliards de francs CFA (18 millions d’euros). « “Quand l’État va nous payer, on va vous payer”, voilà la réplique qu’on nous renvoie toutes les fois où nous essayons de solliciter un éclaircissement auprès de Magil Construction », s’est plaint dans un courrier, à la fin de février 2022, un groupe de PME camerounaises, dont certaines ont fait travailler pendant plusieurs mois des centaines de personnes et se disent désormais pressées par leurs banques, leurs employés et leurs partenaires. « Nous appelons l’État au secours car tout est larmes, désolation et désespoir », ajoute ce collectif dans sa lettre. L’une de ces entreprises sous-traitantes, Razel-Bec, filiale du groupe français Fayat, réclame à elle seule 10 milliards de francs CFA (15 millions d’euros) à Magil Construction pour des travaux effectués à Olembé, et 7 milliards de francs CFA (10,5 millions d’euros) pour deux autres chantiers.

Sans garde-fous

Magil Construction accuse de son côté le Minsep de reporter depuis plusieurs mois l’approbation de ses dépenses et de bloquer le versement du reliquat du budget, soit 12 milliards de francs CFA (18 millions d’euros), ce qui l’empêcherait de régler ses arriérés de paiement. L’entreprise dit qu’elle ne reprendra le chantier que lorsque l’État l’aura payée. D’après plusieurs sources, le Minsep attendrait de son côté des justificatifs de dépenses plus probants pour poursuivre le processus de décaissement.

Selon un haut fonctionnaire qui a demandé à rester anonyme, ce scénario n’a rien de surprenant : le contrat conclu entre le Minsep et Magil Construction a prévu un système de validation des dépenses sans garde-fous solides pour empêcher des dérapages, ce qui fait que, maintenant que les autorités ont des doutes sur une partie des factures, chacun se renvoie la balle, explique-t-il. Le contrat comporte plusieurs autres dispositions qui peuvent constituer un appel d’air pour d’éventuelles fraudes, estime de son côté un expert qui ne veut pas lui non plus que son nom soit publié. Le texte signé prévoit par exemple que Magil Construction perçoive une avance pour le démarrage des travaux représentant 40 % de la valeur du marché, ce qui est bien plus élevé que ce qui se pratique habituellement, soit en général 15 à 20 %.

Le contrat a également établi des salaires très élevés pour les employés non camerounais du chantier : entre 17 000 euros (le traitement pour un poste de secrétaire) et 57 000 euros mensuels. Curieusement, ces rémunérations se fondent sur l’expérience et non pas sur les compétences. Conséquence de ce dispositif, les dépenses en salaires sont énormes, et ce d’autant plus que Magil Construction a recruté plusieurs dizaines de travailleurs étrangers (fin 2020, ils étaient une soixantaine, principalement des Européens et des Philippins), dont certains exécutent des tâches ne nécessitant pas d’avoir de grandes qualifications. À leurs salaires, il faut ajouter les coûts de leurs billets d’avion, de leur déménagement, de leur visa - tous pris en charge par le projet. À la fin de 2020, Magil Construction déclarait avoir déjà dépensé 6,5 milliards de francs CFA (9,7 millions d’euros) en « services professionnels », c’est-à-dire en salaires, pour ses employés étrangers, soit le budget prévu à cet effet pour toute la durée du projet.

Des salaires exorbitants

Détail important : les travailleurs concernés ne touchent qu’une partie des salaires définis dans le contrat. Car ils ne sont pas, pour la plupart, des employés directs de Magil Construction : ils dépendent d’autres sociétés qui, officiellement, les « prêtent » à Magil Construction et jouent ainsi le rôle d’interface. Au moins deux de ces entreprises, FMA Services Construction et SCV International, sont elles aussi des filiales du groupe Fayolle (SCV International effectue également des travaux de sous-traitance à Olembé). L’argent que Magil Construction reçoit de l’État camerounais leur est donc versé en partie contre le service de fourniture de personnels qu’elle assure, et ce sont elles qui paient ensuite les employés étrangers. En outre, Magil Construction se sert aussi d’une petite part des sommes facturées en salaires à l’État pour payer le logement et les congés de ce personnel non camerounais.

Grille de rémunération du personnel de Magil Construction.
Grille de rémunération du personnel de Magil Construction.
DR

Nous n’avons pas réussi à savoir comment se fait précisément la répartition – ni le groupe Fayolle ni le ministère camerounais des Sports n’ont répondu à nos questions (voir l’encadré au pied de l’article) –, mais il est certain que la plupart des employés européens et philippins perçoivent au bout du compte des montants cinq à quinze fois inférieurs à ceux que Magil Construction facture à l’État du Cameroun. Plusieurs sources nous ont confirmé que certains d’entre eux reçoivent 2 000 ou 3 000 euros alors qu’ils coûtent entre 25 000 et 45 000 euros par mois aux contribuables camerounais. L’on peut dès lors se demander où sont parties les sommes manquantes, et à quoi elles ont servi.

Magil Construction semble tenir tout particulièrement à ce personnel étranger : l’entreprise n’a pas voulu s’en séparer lorsqu’elle a manqué de financements et d’activités et qu’elle a dû procéder à des réductions d’effectifs. À chaque fois, elle a préféré licencier des employés camerounais qui lui coûtaient pourtant bien moins cher, comme au début de 2021.

Olembé n’est pas le seul chantier conduit par Magil Construction au Cameroun qui pose problème. La filiale du groupe Fayolle a également été choisie pour achever la construction d’une route du côté de Douala, dont le coût s’élève à 223 millions d’euros. Or l’entreprise, qui a obtenu ce marché de gré à gré, y accumule les retards : deux ans après la signature du contrat, moins de 10 % des travaux ont été réalisés. Ce contrat comporte d’ailleurs des similitudes étonnantes avec celui du complexe d’Olembé : il prévoit les mêmes taux de rémunération exorbitants pour les employés « expatriés » – certains des personnels étrangers qui travaillent sur ce chantier routier ont auparavant œuvré à Olembé.

Licenciement, cambriolage, menaces

D’autres éléments troublants s’ajoutent à ce tableau. Pendant plusieurs mois, Franck Mathière a été absent du Cameroun : il a été arrêté en octobre 2020 et écroué en Ukraine en application d’un mandat d’arrêt émis par le Nigeria, qui l’accuserait d’avoir blanchi, en 2016-2017, à Lagos, plus de 2 millions de dollars. Selon Africa Intelligence, Franck Mathière a pu revenir au Cameroun en avril 2021 après avoir obtenu la suspension temporaire de la « notice rouge » émise à son encontre par Interpol.

En outre, un ancien directeur du chantier d’Olembé, Marc Debandt, l’un des rares Européens à avoir été congédiés en 2021 par Magil Construction, a, selon une source policière camerounaise ayant requis l’anonymat, déposé une plainte contre l’entreprise pour licenciement abusif. Bien qu’il ait fait en sorte que le site d’Olembé puisse, malgré les retards accumulés, accueillir une première compétition sportive en janvier 2021, le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), il a été mis en congé obligatoire. Lorsqu’il a insisté pour passer ses vacances au Cameroun et non en Europe, comme Magil Construction voulait le lui imposer, il a été licencié. Sa lettre de licenciement n’était pas signée et son billet de retour a été réservé par l’entreprise pour un départ prévu moins de 24 heures après la notification de son licenciement.

Cet ancien directeur de chantier a aussi porté plainte contre deux employés de Magil Construction qui sont entrés par effraction dans son domicile (des images de vidéosurveillance l’attestent) quelques jours après son licenciement, et qui y ont dérobé des documents de travail et des effets personnels, avant d’être surpris par la police. Au moins l’un de ces deux individus pris en flagrant délit est de nationalité française. Tous deux ont été déférés au tribunal de première instance de Yaoundé, mais ils n’ont pas été placés en détention et ont pu quitter le Cameroun quelques jours après. L’entreprise a de son côté porté plainte contre Marc Debandt, l’accusant de ne pas lui avoir rendu du matériel lui appartenant – matériel qui aurait en réalité été remis à la police.

Un exemple parmi d’autres

Quant au groupe Piccini, il a déposé une plainte au Canada accusant Magil Construction d’avoir comploté avec l’un de ses employés pour l’évincer et remporter le contrat d’Olembé. Ces « manœuvres déloyales » auraient permis à Magil Construction d’obtenir « des informations techniques hautement confidentielles » et de compromettre sa relation contractuelle avec l’État du Cameroun, selon la plainte citée par le site canadien Droit-inc.

Toute la question est aujourd’hui de savoir pourquoi et comment les autorités camerounaises ont été amenées à faire affaire avec Magil Construction et à signer des contrats aussi défavorables pour l’État. Le délégué général à la Sûreté nationale (DGSN, patron de la police nationale) suit de près l’évolution de cette affaire et a diligenté des investigations dont les résultats ont été transmis à la Présidence de la République. Cette dernière, qui a repris l’affaire en main, est en train de s’organiser afin que l’État règle les créances de Magil Construction et les déduise du montant (le reliquat de 12 milliards de francs CFA) qu’il doit encore lui verser.

L’histoire de ce scandale donne une idée des pratiques et mécanismes mis en place dans le secteur des infrastructures au Cameroun. Le pays a dépensé ces dernières années de grosses sommes pour la construction de nombreux ouvrages (barrages, routes, ponts, stades, etc.), mais tous connaissent des retards importants dans leur réalisation et des problèmes dans la gestion des financements. Ces projets ont contribué à endetter l’État pour des résultats bien en deçà de ce qui était attendu.

Des questions sans réponse

Afrique XXI a tenté à plusieurs reprises de recueillir les versions du Groupe Fayolle, de Magil Construction et du gouvernement camerounais. Sans réponse jusqu’à présent.

Voici les questions envoyées au Groupe Fayolle le 19 avril (relancé le 2 mai) :
1- Magil Construction Corporation, une de vos filiales canadiennes, a signé en 2020 un contrat avec le ministère camerounais des Sports pour la construction au Cameroun du complexe sportif d’Olembé (dont un stade de 60 000 places). Ce chantier est à l’arrêt depuis plusieurs mois. Pourquoi ? Quand les travaux vont-ils reprendre ?
2- Des sous-traitants affirment ne pas avoir été payés depuis plusieurs mois par Magil Construction Corporation pour des travaux qu’ils ont effectués sur le chantier. Qu’en est-il ?
3- D’après mes informations, le chantier n’est achevé qu’à 40 % mais le budget global prévu (65 milliards de FCFA) aurait été déjà en grande partie dépensé. Cela est-il exact ?
4- Quel est le montant déjà versé par l’État du Cameroun à Magil Construction Corporation ? Qu’attend aujourd’hui Magil Construction Corporation de la part de l’État du Cameroun ?
5- D’après mes informations, deux autres de vos filiales, FMA Services Construction et SCV International, ont fourni du personnel, principalement européen, à Magil Construction Corporation pour l’exécution de ce contrat. Combien de personnes cela représente-t-il ?
6- D’après mes informations, une partie des employés étrangers travaillant à Olembé sont des ressortissants philippins. Quelle est la société qui a fourni ce personnel à Magil Construction Corporation ?
7- Quel est le montant dépensé chaque mois pour assurer le salaire des employés étrangers travaillant sur le chantier d’Olembé ?
8- Est-il exact que les employés expatriés fournis par ces différentes sociétés perçoivent des sommes inférieures au montant facturé par Magil Construction Corporation à l’État du Cameroun (certains percevraient ainsi 3 000 euros en salaire alors que l’État camerounais débourserait dix fois plus pour les payer) ? Pourquoi ? Quelles sont les entités qui perçoivent le reste des sommes en jeu et dans quelles proportions ?
9- Plusieurs témoignages indiquent que des morceaux du toit (en forme d’écailles de pangolin) du stade principal du complexe sportif d’Olembé se détachent depuis quelques semaines dès qu’il y a une forte pluie. Qu’en est-il ?
10- Des médias ont rapporté que le vice-président des opérations internationales de Magil Construction Corporation, Franck Mathière, serait accusé de blanchiment d’argent au Nigeria et qu’il aurait été arrêté et écroué l’an dernier en Ukraine pour cette raison. Qu’en est-il ? Est-il toujours l’objet d’une notice rouge d’Interpol ?

Voici les questions envoyées à Magic Construction (par mail) le 2 juin :
1- Magil Construction Corporation a signé en 2020 un contrat avec le ministère camerounais des Sports pour la construction au Cameroun du complexe sportif d’Olembé (dont un stade de 60 000 places). Ce chantier est à l’arrêt depuis plusieurs mois. Pourquoi ? Quand les travaux vont-ils reprendre ?
2- Des sous-traitants affirment ne pas avoir été payés depuis plusieurs mois par Magil Construction Corporation pour des travaux qu’ils ont effectués sur le chantier. Qu’en est-il ?
3- D’après mes informations, le chantier n’est achevé qu’à 40 % mais le budget global prévu (65 milliards de FCFA) aurait été déjà en grande partie dépensé. Cela est-il exact ?
4- Quel est le montant déjà versé par l’État du Cameroun à Magil Construction Corporation ? Qu’attend aujourd’hui Magil Construction Corporation de la part de l’État du Cameroun ?
5- D’après mes informations, deux autres de filiales du groupe Fayolle, FMA Services Construction et SCV International, ont fourni du personnel, principalement européen, à Magil Construction Corporation pour l’exécution de ce contrat. Combien de personnes cela représente-t-il ?
6- D’après mes informations, une partie des employés étrangers travaillant à Olembé sont des ressortissants philippins. Quelle est la société qui a fourni ce personnel à Magil Construction Corporation ?
7- Quel est le montant dépensé chaque mois pour assurer le salaire des employés étrangers travaillant sur le chantier d’Olembé ?
8- Est-il exact que les employés expatriés fournis par ces différentes sociétés perçoivent des sommes inférieures au montant facturé par Magil Construction Corporation à l’État du Cameroun (certains percevraient ainsi 3 000 euros en salaire alors que l’État camerounais débourserait dix fois plus pour les payer) ? Pourquoi ? Quelles sont les entités qui perçoivent le reste des sommes en jeu et dans quelles proportions ?
9- D’après mes informations, un employé non camerounais travaillant sur le chantier d’Olembé a été licencié en février 2021 et a porté plainte contre Magil Construction Corporation. Qu’en est-il 
10- D’après mes informations, deux employés de Magil Construction Corporation ont été arrêtés par la police camerounaise, qui les a accusés d’avoir cambriolé le domicile d’un de leurs anciens collègues à Yaoundé. Magil Construction Corporation a-t-elle un lien avec cette affaire ? Que s’est-il passé précisément ?
11- Plusieurs témoignages indiquent que des morceaux du toit (en forme d’écailles de pangolin) du stade principal du complexe sportif d’Olembé se détachent depuis quelques semaines dès qu’il y a une forte pluie. Qu’en est-il ?
12- Des médias ont rapporté que le vice-président des opérations internationales de Magil Construction Corporation, Franck Mathière, aurait été accusé de blanchiment d’argent au Nigeria et qu’il aurait été arrêté et écroué l’an dernier en Ukraine pour cette raison. Qu’en est-il ? Est-il toujours l’objet d’une notice rouge d’Interpol ?

1Il faut dire que, entre le moment où le Cameroun s’est vu attribuer l’organisation de la CAN et la date de son déroulement, le format de la compétition a changé, nécessitant plus d’infrastructures que prévu initialement.

2L’absence de clôture d’enceinte pendant la CAN a été l’une des causes d’une gigantesque bousculade qui a causé la mort de huit personnes le 24 janvier 2022.