Les faux-semblants du duo Mbembe-Macron

L’art de dévoyer la démocratie

Tribune (3/3) · Emmanuel Macron est passé maître dans l’art de pourfendre ce qu’il prétend défendre, à commencer par la démocratie, qu’il n’a cessé d’abîmer dans son propre pays, en réprimant les manifestations, en ignorant les représentants du peuple et en reniant ses propres engagements. Pourquoi, dès lors, celui qui soutient des autocraties telles que le régime Déby devrait-il la promouvoir avec Achille Mbembe sur le continent africain ?

L'image montre une scène d'événement officiel, probablement une cérémonie. Au premier plan, il y a un homme portant des lunettes et un uniforme sombre, dont le visage est flou mais qui semble attentif. En arrière-plan, deux autres hommes, l'un en costume noir et l'autre en tenue traditionnelle blanche, marchent sous un chapiteau aux couleurs vives de jaune, rouge et bleu. Le chapiteau est décoré de tissu et crée une atmosphère formelle. La foule semble nombreuse et attentive, rendant l'ensemble de la scène solennelle et respectueuse. L'éclairage semble naturel, suggérant peut-être une belle journée ensoleillée.
Emmanuel Macron, au côté de Félix Tshisekedi, le président de la RDC, lors des obsèques d’Idriss Déby Itno, le 23 avril 2021. Le président français était le seul chef d’État occidental présent.
© Philippe Servent / Présidence de la République

Dans son dernier ouvrage, L’esprit du macronisme ou l’art de dévoyer les concepts, paru aux éditions du Seuil en 2021, Myriam Revault d’Allonnes s’emploie non pas tant à analyser le discours politique d’Emmanuel Macron qu’à mettre en évidence l’anthropologie et la vision du monde qui le sous-tendent. Si le « macronisme » s’illustre par sa plasticité langagière – le fameux « en même temps » ou le « ni droite ni gauche » – qui le rend « insaisissable », il ne s’en dégage pas moins un style et un imaginaire qui le rendent abordable. C’est ainsi que, considérant le recours fréquent d’Emmanuel Macron à « l’esprit des Lumières », Myriam Revault d’Allonnes a relevé dans ses propos un usage récurrent de trois concepts que les Lumières ont contribué à façonner : l’autonomie, la responsabilité et la capacité.

En en interrogeant le sens, elle découvre que celui-ci adhère plutôt à « l’esprit du temps ». En effet, l’individu que dessine le « macronisme » à l’aune de ces concepts n’a rien en commun avec le sujet-citoyen projeté par les Lumières. Il apparaît plutôt sous les traits d’un « entrepreneur », qui plus est un « entrepreneur de soi » au sein d’une société elle-même appréhendée sur le modèle de l’entreprise. Le néolibéralisme est passé par là, qui tiendrait lieu de boussole au président Macron.

C’est ce constat, certes de notoriété publique mais ô combien riche d’implications quant au devenir de la « Fondation de l’innovation pour la démocratie » (désormais « Fondation »), qui mobilise ici notre réflexion. Faisant fond sur le travail remarquable de Myriam Revault d’Allonnes, nous ouvrons une fenêtre sur une autre facette de « l’esprit du macronisme ». À « l’art de dévoyer les concepts », il convient d’ajouter celui de pourfendre ce qu’il prétend défendre.

Un fâcheux précédent

Achille Mbembe excipe de la « bonne volonté » d’Emmanuel Macron pour consentir à en être le missus dominicus1. Mais pas plus qu’« une hirondelle ne fait le printemps », les millions d’euros en guise de dotation initiale que le président Macron a bien voulu allouer à la « Fondation » sont loin de laisser augurer des lendemains qui chantent pour la démocratie en Afrique. Il existe, en effet, un précédent aussi fâcheux qu’édifiant : la Convention citoyenne pour le climat (CCC), que certains spécialistes de la démocratie participative n’ont pas hésité à présenter comme une « innovation démocratique majeure »2.

Mise en place en avril 2019 par le président Macron à l’issue du Grand Débat national, la CCC est un panel de 150 citoyens tirés au sort et représentatifs de la diversité de la société française. Elle avait pour mandat de définir une série de mesures devant permettre de réduire d’au moins 40 %, à l’échéance 2030, les émissions de gaz à effet de serre. Au terme de huit mois de travail intense, elle a rendu son rapport dans lequel étaient formulées 149 propositions. Alors qu’il s’était solennellement engagé, à l’ouverture des travaux, à les soumettre « sans filtre soit au vote du Parlement, soit à référendum, soit à application réglementaire directe », le président Macron n’en fera finalement retranscrire, « sans filtre », que 15, soit environ 10 % desdites propositions ; les autres ayant été amendées, ou abandonnées. Se dédire ainsi, en jetant aux orties des propositions porteuses d’espoir, faites à partir d’une « expérience démocratique inédite » en France, ne peut que décrédibiliser la proposition de création d’un « Fonds d’innovation pour la démocratie », si chère à Achille Mbembe.

En effet, si cette séquence met bien en évidence le peu de cas que fait de l’écologie le président Macron, elle laisse également transparaître, en filigrane, son souverain mépris de la démocratie. Au vrai, c’est une « relation contrariée », pour dire le moins, qu’Emmanuel Macron entretient avec la démocratie : le dédain qu’il affiche à l’égard des corps intermédiaires ; la presse qu’il mésestime ; le Parlement qu’il traite par-dessus la jambe, quand il ne l’ignore pas superbement ; le peuple, enfin, qu’il a « très envie d’emmerder », sont autant de révélateurs de l’état délétère de ses rapports avec la démocratie. Ce peuple, justement, finira par se soulever : c’est le moment « gilets jaunes », qui a « profondément troublé la nation » de novembre 2018 à l’automne 2020.

« Profond ébranlement »

La réponse « politique », très musclée, qu’Emmanuel Macron apportera à la demande de justice fiscale et sociale que formulait le mouvement visait également, voire davantage, à neutraliser une revendication autrement plus révolutionnaire, qui, telle une lame de fond, grandissait à mesure que progressait le mouvement : le RIC, acronyme de Référendum d’initiative citoyenne. Et à travers cette revendication, les « gilets jaunes », – au nom du peuple ? – entendaient (re)prendre le(ur) pouvoir et opérer ainsi un retour à la « vraie démocratie » : celle où le peuple, à travers le citoyen « lambda », participe directement à la production des lois et exerce, en temps réel, un contrôle sur l’action du gouvernement.

Tout en décrétant « l’état d’urgence économique et social », le président Macron, pour contrer « le désordre et l’anarchie », donnera à son gouvernement lors de son allocution télévisée du 10 décembre 2018 « les instructions les plus rigoureuses », qui, sur le terrain, se traduiront par une répression policière d’une ampleur inédite, marquée par l’usage excessif de la force. Michelle Bachelet, haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, dira sa préoccupation face à la répression des manifestations dans un certain nombre de pays dont la France, citée aux côtés des pays comme… le Soudan et le Venezuela. Elle ira jusqu’à demander une enquête sur les « gilets jaunes » en France, qui, selon elle, ne faisaient que protester contre « leur exclusion des droits économiques et de la participation à la vie publique ».

Une manifestation de « gilets jaunes » en novembre 2018.
Une manifestation de «  gilets jaunes  » en novembre 2018.
NightFlightToVenus / flickr.com

Trois ans après la crise des « gilets jaunes », qui aura marqué le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, une nouvelle crise de même amplitude va éclater avec la réforme des retraites qui, elle, marquera profondément son second quinquennat. Répondant à la question de savoir ce que lui « inspire le débat autour de la réforme des retraites », Pierre Rosanvallon dira que c’est « le signe d’un profond ébranlement de [notre] système démocratique »3. Mais l’éminent professeur au Collège de France ira plus loin encore dans l’émission Quotidien sur TMC, au lendemain de l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron du 17 avril 2023 après la promulgation de la loi sur la réforme : « Ce que nous vivons là, dira-t-il, c’est la répétition des “gilets jaunes”, mais en beaucoup plus grave. [...] Nous sommes en train de traverser, depuis la fin du conflit algérien, la crise démocratique la plus grave que la France ait connue. » Les épithètes recensées dans l’opinion pour qualifier l’état de la démocratie française à l’ère Macron s’inscrivent dans le registre de la désolation : la démocratie « abîmée », « bafouée », « bousculée », « piétinée », « viciée », etc.

La phobie du dèmos

Droit dans ses bottes, Emmanuel Macron, pour sa part, y trouvera l’occasion de faire grand étalage de son art consommé de pourfendre ce qu’il prétend défendre. Clairement, dans le conflit de légitimité de la réforme des retraites, qui l’oppose aux manifestants, Emmanuel Macron se présente comme le dernier rempart de la démocratie représentative4. Mais, « en même temps », il ne se gêne pas pour snober les représentants des travailleurs que sont les syndicats et fermer ainsi la porte au dialogue social ; mais, « en même temps », pour soustraire le projet de réforme des retraites à un vote à l’issue incertaine à l’Assemblée nationale, il n’aura aucun scrupule à priver les représentants du peuple d’un débat parlementaire en bonne et due forme en ayant recours à une panoplie d’outils législatifs, dont le fameux 49.35.

Pour clore la séquence, Emmanuel Macron, à la forte mobilisation sociale opposera une répression policière d’une violence telle que le Conseil de l’Europe s’en alarmera, déplorant un « usage excessif de la force ». S’il est donc bien une chose que l’épisode de la réforme des retraites autant que celui des « gilets jaunes » ont mis en lumière, c’est une violence d’État alimentée par l’inimitié profonde érigée en politique qui existe entre le macronisme et la démocratie ; pour le dire autrement et en deux mots, le macronisme est un brutalisme.

Les échanges impromptus avec la « foule » dont il affectionne le contact sont aussi pour ce brutalisme l’occasion de s’exprimer. Toutes les petites phrases assassines – « pognon de dingue », « pas d’argent magique », etc. –, décochées au petit peuple depuis que Macron est président exsudent ce qui apparaît comme la marque du macronisme : la phobie du dèmos. Le langage n’est malheureusement pas le seul vecteur de cette phobie du dèmos. Celle-ci est également à l’œuvre dans les actes d’un chef d’État qui, dans la guerre sociale mondialisée opposant le « capital » au « travail », a ostensiblement pris fait et cause pour le premier.

Une vision néolibérale de la démocratie

Une pomme ne tombant jamais loin du pommier, le macronisme a de qui tenir : le néolibéralisme ! Les accointances assumées d’Emmanuel Macron avec le capitalisme néolibéral ont défrayé la chronique. L’affaire McKinsey en est une illustration. Du nom de l’un des cabinets de conseil américains les plus puissants au monde, cette affaire a été mise sous le feu des projecteurs par la publication, courant mars 2021, d’un rapport de la commission d’enquête sénatoriale qui pointe le recours massif du gouvernement à des entreprises de consulting privées. Non pas que le phénomène soit inédit ; mais, sous Emmanuel Macron, il a pris une forme « tentaculaire », au point de faire exploser, du simple au double, les dépenses de conseil d’État pour des rendus le plus souvent vides de contenu.

Au-delà de la polémique, ce que cette affaire met en lumière c’est l’externalisation de la gouvernance publique vers le privé ; l’influence transatlantique du monde de la finance sur les politiques publiques de la France, qui sonne le glas de la démocratie ; en somme, la mise en branle du projet néolibéral de privatisation de l’État au profit du marché.

Le néolibéralisme : tel est donc le petit-lait dont se gorge « l’esprit du macronisme », sous l’égide duquel est placée la « Fondation ». Car la « Fondation », qui ne doit son existence qu’au bon vouloir de son inspirateur et pourvoyeur, est placée nolens volens sous son haut patronage ; nonobstant le stratagème consistant, en vue d’occulter la redevabilité des bénéficiaires envers le bienfaiteur, à s’abriter derrière le choix d’un pays anglophone – l’Afrique du Sud – pour en héberger le siège.

Au regard de tout ce qui précède, on est en droit de s’interroger : comment peut-on prétendre défendre la démocratie à l’étranger et, « en même temps », l’abîmer dans son propre pays ? Achille Mbembe peut toujours caresser le rêve de voir sa « Fondation » « prendre à bras-le-corps une dimension fondamentale de la politique française de solidarité internationale qui […] porte sur la promotion des droits humains et le renforcement de l’État de droit et de la démocratie »6, c’est compter sans le pragmatisme teinté de cynisme d’Emmanuel Macron, car tout autre est la réalité de sa politique africaine en matière de « promotion des droits humains et le renforcement de l’État de droit et de la démocratie ».

Désir d’éternité

La tournée qu’il entreprend au mois de mars 2023 dans un certain nombre de pays d’Afrique centrale après sa visite en juillet 2022 au Cameroun, alors même que ces pays sont régulièrement inscrits au tableau d’honneur des violations des droits humains – au point qu’Achille Mbembe leur a décerné dans le passé le label d’« États voyous d’Afrique centrale, derniers avatar de la Françafrique »7 –, contribue à conforter les dictateurs dans leur désir d’éternité.

Le paroxysme de l’hypocrisie a probablement été atteint le 23 avril 2021 à N’Djamena, aux obsèques du maréchal-président Idriss Déby Itno. Il n’est pas anodin que le président Macron ait été le seul chef d’État occidental présent à ces obsèques. À l’annonce de son décès, l’Élysée a dans un communiqué déclaré que la France venait de perdre « un ami courageux ». Or il s’agit bien ici d’un autocrate pur et dur que la France a aidé à prendre le pouvoir par les armes en 1990, et à s’y maintenir trente années durant, au grand dam du peuple tchadien.

Par sa seule présence, Emmanuel Macron, entouré par une escouade d’hommes en treillis couleur camouflage « désert », venait d’une part de donner un coup d’arrêt au mouvement des forces du changement qui luttaient pour la démocratie ; et, d’autre part, d’avaliser un coup d’État institutionnel perpétré par une junte militaire avec à sa tête le fils du défunt président, qui, aussitôt son père disparu, s’est empressé d’effacer, par la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement, les vestiges d’une démocratie de façade.

Ce pied de nez d’Emmanuel Macron à la démocratie sera à son acmé lorsque, menaçant, il fera, pendant son allocution au cours de ces obsèques, cette déclaration : « La France ne permettra jamais à quiconque, aujourd’hui ou demain, de remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad. » L’ennemi est clairement désigné. Si la menace qui pèse sur le Tchad est d’abord extérieure – le Tchad est encerclé par des voisins qui couvent des foyers de tension : la Libye, le Soudan, la Centrafrique, le Niger et le Nigeria –, l’ennemi est aussi intérieur. Ce sont certes les rebelles dont les incursions répétées, parfois jusqu’aux portes de la capitale, ont fini par coûter la vie à Idriss Déby Itno. Mais ce sont aussi les forces du changement qui regroupent aussi bien les partis politiques que la société civile, les jeunes et, au-delà, les populations humiliées et offensées, et qui, tous ensembles font « Peuple ». Il faut ici se souvenir qu’en 2021, le Tchad était au cœur du dispositif militaro-sécuritaire mis en place par la France pour combattre les djihadistes au Sahel.

Retour sur investissement

Contre le peuple tchadien qui exigeait de monsieur Macron le strict respect de la Constitution du Tchad, le président français a donc soutenu le coup de force de la junte militaire et la succession dynastique. L’acte du chef de l’État français par lequel il faisait ses adieux au père est aussi celui par lequel il adoubait le fils. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a imposé la transition monarchique au peuple tchadien qui, lui, se bat pour une transition démocratique. Faut-il s’en offusquer ? Si le président Macron n’a cure de la démocratie en France, pourquoi devrait-il s’en soucier en Afrique ?

Au vrai, le néolibéralisme dont Emmanuel Macron est l’un des hérauts les plus zélés – comme l’ont été Margaret Thatcher au Royaume-Uni ou Ronald Reagan aux États-Unis dans les années 1980 – escompte des retombées sonnantes et trébuchantes de la création de la « Fondation ». Car la « générosité » de ce mécène 2.0 relève de la nouvelle philanthropie autrement appelée « philanthrocapitalisme », où le don s’entend comme un investissement social avec un retour sur investissement. En effet, plus qu’« une idéologie gestionnaire et managériale cantonnée à la sphère économique, […] le néolibéralisme est une révolution anthropologique globale […] agissant à l’insu de ses acteurs. […] Ses effets iraient bien au-delà de la gestion des choses ou des rapports aux choses, mais toucheraient le cœur même de notre modernité politique : la conquête de la démocratie »8. Le néolibéralisme est donc aussi une stratégie visant à la dé-démocratisation, à la sortie de la démocratie, à l’instauration d’une sorte de démocratie sans le dèmos.

La démocratie n’étant donc pas à l’ordre du jour dans cette affaire, quelle autre mission pourrait encore remplir la « Fondation » si ce n’est œuvrer à l’accélération et à l’« approfondissement » du « devenir-nègre du monde »9, selon le projet qu’Achille Mbembe prête au capitalisme néolibéral ? Les « nègres de surface » que sont les hommes de couleur noire ne seraient décidément pas près de « sortir de la Grande nuit » car – et c’est Achille Mbembe lui-même qui l’écrit –, le « devenir-nègre du monde » se définissant comme « l’universalisation tendancielle de la condition nègre », il s’agira pour la « Fondation » de travailler à leur transformation en « nègres de fond », c’est-à-dire « une catégorie subalterne de l’humanité, un genre d’humanité subalterne, cette part superflue et presqu’en excès, dont le capital n’a guère besoin, et qui semble être vouée au zonage et à l’expulsion »10.

Épisode 1 à lire ici.

Épisode 2 à lire ici.

1Singulier de missi dominici.

2Loïc Blondiaux, entretien accordé à Alternatives économiques, publié le 14/11/2019  ; ou encore Mathilde Imer, coprésidente de Démocratie Ouverte, «  La Convention climat, un remède citoyen à la défiance politique  », Point de vue, in Ouest-France, publié le 19/06/2020.

3Pierre Rosanvallon, «  Le débat sur la réforme des retraites est le signe d’un ébranlement de notre démocratie  », Le Monde, 24/02/2023.

4Au lendemain de l’adoption de la réforme des retraites au Parlement, le président Macron s’est exprimé en ces termes devant les parlementaires de sa majorité : «  Quand on croit à cet ordre démocratique et républicain, l’émeute ne l’emporte pas sur les représentants du peuple et la foule quelle qu’elle soit n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus.  ».

5Article de la Constitution de la Ve République française qui permet de faire adopter un projet de loi sans procéder au vote de l’Assemblée à condition qu’aucune motion de censure ne soit votée.

6Achille Mbembe, Les nouvelles relations Afrique-France : relever ensemble les défis de demain, 2021, p. 114.

7Titre d’une tribune publiée par Achille Mbembe dans Le Monde, le 4 mars 2020.

8Federico Tarragoni, «  Le néolibéralisme contre la démocratie  », laviedesidees.fr, 20 mars 2019  ; recension de : Wendy Brown, Défaire le dèmos. Le néolibéralisme, une révolution furtive, Éditions Amsterdam, 2018.

9«  Plus caractéristique encore de la fusion potentielle du capitalisme et de l’animisme est la possibilité, fort distincte, de transformation des êtres humains en choses animées, en données numériques et en codes. Pour la première fois dans l’histoire humaine, le nom Nègre ne renvoie plus seulement à la condition faite aux gens d’origine africaine à l’époque du premier capitalisme. […] C’est cette fongibilité nouvelle, cette solubilité, son institutionnalisation en tant que nouvelle norme d’existence et sa généralisation à l’ensemble de la planète que nous appelons le devenir-nègre du monde  », écrit Achille Mbembe, in Critique de la raison nègre, Éditions La Découverte, 2013, pp. 16-17.

10Achille Mbembe, «  Afrofuturisme et devenir-nègre du monde  », Politique africaine 2014/4 (N° 136), p. 121-133.