Cybelline de Souza. « Je libère la parole pour les femmes victimes »

Podcast · Dans Que nos voix résonnent, l’artiste béninoise occupe seule la scène pour dénoncer à « corps et à cris » les coups que son père portait à sa mère. Une pièce à visée thérapeutique qui invite les femmes à prendre la parole pour mieux se reconstruire.

L'image présente une scène de performance artistique en trois parties. À gauche, on voit une silhouette sombre d'une danseuse, légèrement éclairée, qui se tient debout, les jambes nues, suggérant une posture pensive ou introspective. Au centre, une autre danseuse est en action, entourée de fumée, en train de manipuler des objets, évoquant une intensité émotionnelle et une interaction avec l'espace. Enfin, à droite, la danseuse semble déchirer des morceaux de tissu, exprimant un mouvement dynamique et presque chaotique. En arrière-plan, une tapisserie colorée de tissus suspendus ajoute une texture visuelle riche et un contraste vibrant à la scène sombre. L'ensemble crée une atmosphère à la fois intime et expressive, transmettant des émotions variées à travers le mouvement et la présence corporelle.
Cybelline de Souza, durant son spectacle (2024).
© Romaric Ibrahim

Au Bénin, 69 % des femmes déclarent avoir subi des violences basées sur le genre (VBG) au moins une fois dans leur vie. Malgré une loi promulguée en 2012 portant sur la prévention et la répression des violences faites aux femmes, les textes sont peu appliqués, et le nombre de cas déférés à la justice reste faible. Si l’inaction judiciaire n’est pas le propos de Cybelline de Souza, la danseuse et metteuse en scène béninoise invite les femmes à parler pour se libérer du poids du trauma.

Dans Que nos voix résonnent, l’artiste de 33 ans occupe seule la scène pour raconter, en mouvement, en son et en texte, l’histoire de sa mère, elle-même victime de la violence physique et psychologique de son mari. Cette pièce chorégraphique narrative qui prend aux tripes raconte le lent processus de reconstruction des femmes victimes de violences, de la destruction à la réparation et la libération. « Pour moi, le théâtre est une thérapie », confie cette diplômée d’un master en théâtre physique obtenu en Suisse, à L’Académie de théâtre Dimitri, qui aime faire se dialoguer mouvement et théâtre traditionnel africain.

Que nos voix résonnent a déjà circulé en Suisse, au Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire (au Masa) et plus récemment au festival Dol’en scène, au Congo-Brazzaville.