Enquête

L’Ouganda, la Russie et le « satanisme pur » de l’Occident

Série (2/3) · Entre fantasmes, rumeurs et réalité : quelle a été la réelle influence de la Russie dans la promulgation, en mai 2023, de la loi anti-homosexualité ougandaise ? Si les liens directs sont difficilement démontrables, la propagande anti-gay est un des instruments qui a toujours été utilisé par Moscou pour servir ses intérêts géostratégiques.

L'image montre deux hommes se serrant la main dans un cadre officiel. À gauche, un homme en costume sombre avec une cravate mauve, qui semble être un dirigeant. À droite, un homme également en costume, mais avec une chemise blanche et une cravate jaune, dégage une certaine dignité. Ils se tiennent devant un fond coloré qui représente une carte stylisée de l'Afrique, avec des couleurs vives comme le rouge, le jaune et le bleu. L'atmosphère est formelle et conviviale, suggérant une rencontre ou un accord important entre les deux leaders.

Lors de la préparation de la loi anti–homosexualité en Ouganda, des allégations persistantes ont été formulées quant à l’implication de la Russie dans les efforts déployés pour faire passer la loi. Ces allégations sont devenues particulièrement fortes autour de la conférence d’Entebbe de mars 2023 « sur les valeurs familiales et la souveraineté ». Tout au long de la planification et de la préparation de la conférence, la Russie a été fréquemment mentionnée par des personnes a priori bien informées : la classe politique ougandaise, la communauté diplomatique, ainsi que le monde des ONG ont bruissé de bavardages plus ou moins crédibles sur la Russie et son influence sur la législation anti-gay et sur la conférence.

La Russie, qui a récemment utilisé des politiques anti-LGBTQ comme instrument géopolitique, a été pointée du doigt comme une influence importante dans la conférence, en particulier son financement, par ceux qui critiquent le projet de loi. Quelles preuves peut-on trouver, et dans quelle mesure peuvent-elles être vraies ? Compte tenu de la nature sensible des discussions, toutes les personnes interrogées – une quarantaine d’entretiens avec un large éventail d’acteurs au cours de l’année écoulée, dont des activistes, des fonctionnaires ougandais, des représentants des bailleurs de fonds, des diplomates, des analystes, etc. – ont été anonymisées.

Avant de répondre à la question clé, il est important de mentionner qu’il existe une critique légitime de la vision déformée des médias non russes lorsqu’ils couvrent les intérêts de Moscou, ce qui conduit souvent à une surestimation de l’influence de la Russie en Afrique et de son pouvoir imaginaire sur des processus qui, en fin de compte, sont en grande partie d’origine nationale. Dans le même temps, il est important de ne pas ignorer son influence et ses traces, ainsi que ce qu’elles pourraient signifier.

« Je viens de recevoir 1 million de dollars des Russes »

À tort ou à raison, le nom de la Russie a été associé à la conférence d’Entebbe dès sa création. Bien avant qu’un projet de programme circule, des rumeurs concernant une telle conférence ont commencé à se répandre au sein du milieu politique international et ougandais, l’événement proposé étant décrit comme une initiative russe visant à « créer une position panafricaine » sur certaines questions sociales, en opposition à l’Occident.

La logique géopolitique sous-jacente a été expliquée comme s’inscrivant dans le désir de la Russie d’attiser la division entre l’Occident et l’Afrique. Mais les rumeurs se sont calmées et la conférence a disparu de l’actualité pendant un certain temps, avant de réapparaître brusquement quelques semaines plus tard sous la forme d’une initiative co-organisée par Family Watch International (FWI). Mais, là aussi, des affirmations ont été faites sur le cofinancement de la conférence par la Russie : la taille de la conférence1 et l’état des finances publiques ougandaises ont été à l’origine de nombreuses questions soulevées quant à son financement.

Une deuxième vague de rumeurs sur le financement supposé de la conférence par la Russie a rapidement suivi, relayée par diverses sources, notamment des militants locaux, des hommes politiques et des diplomates, ainsi que par des responsables d’organisations donatrices. Le contenu de ces rumeurs variait quelque peu, mais chacune d’entre elles faisait état de sommes d’argent substantielles remises à des hommes politiques en échange de leur soutien au projet de loi anti–gay et/ou de leur aide à l’organisation de la conférence. Une de mes sources a décrit la situation comme suit : « J’ai rencontré une personne très importante du gouvernement qui m’a dit : "Je viens de recevoir 1 million de dollars des Russes". »

Intimider les opposants

Mais en dépit d’un récit relativement cohérent émergeant des déclarations et des rumeurs, rien de tangible n’a pu être constaté. Un activiste déclare de son côté : « Il aurait pu y avoir n’importe quoi de la part du gouvernement russe. C’est le problème des transactions qui passent inaperçues : on ne peut pas conclure avec certitude qu’il s’est réellement passé quelque chose. Mais il serait également téméraire de penser qu’il ne s’est rien passé. » Et en effet, un certain nombre d’autres acteurs – fonctionnaires, analystes ou autres – ont nié le lien. Certains ont considéré qu’il s’agissait d’un pur bluff de la part des défenseurs du projet de loi, d’une stratégie visant à intimider les opposants au projet en montrant leur accès des financements et à de l’influence. D’autres n’en avaient pas entendu parler et considéraient la rumeur comme infondée.

Cela pourrait toutefois s’expliquer par la manière dont ce trafic d’influence aurait fonctionné : les sources ont constamment affirmé que cette influence – principalement de l’argent – était ciblée sur des acteurs politiques ougandais spécifiques, plutôt que sur le gouvernement ou le Parlement dans son ensemble. Cela pourrait contribuer à expliquer pourquoi, comme l’ont montré les entretiens, certains acteurs gouvernementaux – même haut placés – n’étaient pas au courant de cette influence russe, et l’ont même carrément rejetée.

Diverses sources ont également souligné les efforts récents de la Russie pour intensifier sa campagne contre la communauté LGBTQ+ en liant la guerre en Ukraine à la lutte contre la « décadence »2 de l’Occident. En septembre 2022, le président Poutine a dénoncé la société occidentale comme étant du « satanisme pur et simple »3, prenant pour exemple la promotion des droits des homosexuels et des transsexuels en Europe. En octobre 2022, une nouvelle loi a été proposée au Parlement russe, qui menace les ressortissants étrangers d’expulsion pour avoir publié de la « propagande LGBTQ+ ».

En décembre 2022, le président Poutine a promulgué un projet de loi sur la « propagande LGBTQ » qui rend illégal le fait de « faire l’éloge » des relations LGBTQ ou de les promouvoir. En novembre 2023, la Cour suprême de Russie4 a déclaré illégal ce qu’elle a appelé « le mouvement public international LGBT » et l’a qualifié d’« extrémiste », criminalisant de facto la communauté LGBTQ dans le pays.

Family Watch et les oligarques russes

Il est impossible de déterminer la véracité des allégations de soutien russe au projet de loi anti-LGBTQ de l’Ouganda, mais deux aspects méritent d’être examinés. Premièrement, les liens entre la Russie et la droite religieuse états-unienne. D’autre part, la façon dont la Russie a historiquement exploité le sentiment et la législation anti-LGBTQ dans la poursuite de ses intérêts géopolitiques.

Pour comprendre les chevauchements d’intérêts entre la Russie et la droite religieuse états-unienne, le Congrès mondial des familles (WCF), avec lequel Family Watch International (FWI) collabore étroitement, joue un rôle particulièrement important. Il existe des preuves de l’implication du WCF dans le processus qui a conduit à la loi russe de 2013 sur la propagande anti-LGBTQ[Lire ici.]]. Une conférence prévue pour 2014, apparemment financée par Vladimir Poutine lui–même, qui devait avoir lieu au Kremlin et lors d’une session conjointe du Parlement russe, est particulièrement intéressante.

Cette conférence est devenue plus controversée après l’invasion de l’est de l’Ukraine par la Russie, et bien que la WCF ait initialement déclaré qu’elle « ne prenait pas position sur les affaires étrangères », elle a ensuite annoncé qu’elle avait annulé le congrès, citant la « responsabilité possible »5 découlant des sanctions américaines et européennes contre la Russie et plusieurs dirigeants ciblés, dont certains avaient financé et organisé le congrès.

Cependant, il est rapidement apparu que le congrès n’avait pas été annulé, mais qu’il avait simplement changé de nom. Il s’est finalement tenu dans les mêmes lieux et aux mêmes dates, toujours sous les auspices d’oligarques du cercle rapproché de Poutine6. Si certains militants anti-gays se sont retirés, notamment les Concerned Women for America (qui auraient déclaré ne pas vouloir être perçus comme « apportant aide et réconfort à Vladimir Poutine7 »), la plupart des participants sont restés inchangés. Une invitée intéressante à la conférence était Sharon Slater, de Family Watch International (lire l’épisode 1). Elle n’a pas semblé perturbée par l’invasion russe et s’est présentée au congrès pour parler de la « protection des enfants et des familles au sein des Nations unies ». La conférence s’est terminée par une résolution appelant les autres pays à instaurer des lois anti-gay afin d’empêcher la destruction de la famille naturelle.

L’Europe « homosexualise » l’Ukraine

Il est rapidement apparu que la collaboration de la Russie avec certaines organisations américaines pro-famille, dont la WCF, avait une importance au-delà de la Russie. Cette collaboration a donné à la Russie « un accès apparent à la puissante machine politique chrétienne évangélique américaine », et le réseau de la WCF a été « approprié pour servir de plateforme de soft power pour les intérêts stratégiques d’un petit groupe d’oligarques orthodoxes russes8 ». La WCF sert toujours de plateforme cruciale pour influencer les pays d’Europe de l’Est à se retirer de l’UE, et la promotion de politiques anti–LGBTQ a été une composante majeure de cette démarche.

L’Ukraine est un bon exemple à cet égard. En 2013, la Russie et l’UE se disputaient l’influence de Kiev. L’UE souhaitait signer un accord d’association avec l’État ukrainien, tandis que Moscou voulait que le pays rejoigne une union douanière qu’il dirigerait. L’opposition aux droits des homosexuels est devenue un élément central de la campagne russe d’opposition à l’UE. Les activistes LGBTQ ukrainiens ont décrit leur pays comme le « champ de bataille » entre l’Est et l’Ouest en matière de droits des LGBTQ. De son côté, l’UE a été présentée par un militant russe anti-gay comme « homosexualisant » l’Ukraine. La WCF a joué un rôle en faisant pression sur Kiev en faveur de son programme anti-gay en octobre 2013 et en contribuant à soutenir la législation anti–gay dans le pays.

Anna Kirey, de Human Rights Watch, décrit comment, dans de tels contextes, les droits des LGBTQ deviennent une forme de « monnaie » géopolitique pour créer une opposition à l’Occident. Cette stratégie ne s’est pas limitée à l’Ukraine, mais a également été utilisée dans les pays voisins, notamment l’Arménie et le Kirghizistan, ainsi qu’en Europe. Des courriels divulgués par le groupe de hackers Shaltai Boltai (ou « Humpty Dumpty ») montrent à quel point la branche russe de la WCF, et en particulier son président, Alexey Komov, est associée à des acteurs politiques d’extrême droite en Europe, tels que la Lega Nord en Italie.

Le protecteur des valeurs traditionnelles en Afrique

Des tactiques similaires semblent être parfois utilisées en Afrique, exploitant les sentiments anti-LGBTQ préexistants (souvent ancrés dans la religion) pour semer l’hostilité à l’égard de l’Occident. L’implication explicite de la Russie peut parfois être constatée à certains niveaux et dans certains endroits.

Au cours des dernières années, la Russie s’est de plus en plus présentée comme le protecteur des valeurs traditionnelles en Afrique et s’est exprimée activement sur le sujet à un certain nombre d’occasions. En réaction à un échange public entre le président kényan, William Ruto, et un de ses députés, Rigathi Gachagua, le 2 mars 2023, l’ambassade de Russie a averti dans un tweet que les nations occidentales faisaient avancer le « programme gay » et a exhorté les dirigeants à « prendre la responsabilité de protéger les valeurs traditionnelles du pays ou de risquer de perdre leur humanité ». L’ambassade a également tweeté des extraits du discours de Poutine sur l’état de la nation, qui donnent une image claire de ses idées sur la question : « L’Occident est en train de pervertir la famille, l’identité nationale. Ils font de la pédophilie la norme de leur vie et les prêtres encouragent le mariage homosexuel. Pardonnez-leur Père, ils ne savent pas ce qu’ils font.9. »

L’ambassade de Russie en Ouganda n’a pas publié de telles déclarations, mais le gouvernement ougandais a tissé des liens plus étroits avec la Russie. Des rapports récents montrent par exemple que, peu après l’invasion russe de l’Ukraine – en février 2022 –, le gouvernement Museveni aurait monnayé de l’influence idéologique russe contre de l’aide militaire et de la propagande russes10. Dans le cadre de ce marché, la Russie a promis « d’accélérer les livraisons d’hélicoptères d’attaque si l’Ouganda commençait à diffuser des informations financées par le gouvernement russe sur la télévision publique ougandaise ». Et en effet, depuis mars 2022, la télévision nationale publique ougandaise UBC diffuse quotidiennement quatre heures de programmes de la télévision russe Russia Today.

« Poutine a tout à fait raison »

En juin 2022, le Mouvement de résistance nationale (NRM), le parti au pouvoir, a signé un accord de coopération politique avec le parti au pouvoir en Russie et, en juillet 2022, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est rendu à Kampala. Tout au long de cette période, Muhoozi Kainerugaba, le fils du président Yoweri Museveni, a également lancé une série de tweets explicitement pro-russes – dans l’un d’eux, publié le 28 février 2022, il déclare que « la majorité de l’humanité (qui n’est pas blanche) soutient la position de la Russie en Ukraine. Poutine a tout à fait raison », ou encore que « une attaque contre la Russie est une attaque contre l’Afrique ».

Dans l’ensemble, le gouvernement ougandais est de plus en plus hostile à l’Occident. Le président Museveni faisait partie de la poignée de dirigeants africains présents au sommet Russie-Afrique de juillet 2023 à Saint–Pétersbourg, au cours duquel il a eu une réunion bilatérale avec Poutine. Durant celle-ci, il a fait l’éloge de l’Union soviétique : « [Elle] a été la première à se tenir à nos côtés lorsque nous luttions contre le colonialisme », a-t-il dit11.).

L’importance des « valeurs traditionnelles », en opposition à l’Occident libéral et perverti, est au cœur de la politique étrangère russe. C’était également le cas lors du sommet de juillet 2023 : par exemple, le patriarche Kirill I de l’Église orthodoxe russe – un proche allié du Kremlin – a souligné dans son discours la position de la Russie contre la promotion par l’Occident de « contre–valeurs » telles que les droits des homosexuels que « la plupart des pays africains rejettent catégoriquement ».

Il n’est donc pas surprenant que des présentateurs d’une chaîne de télévision russe (appartenant à l’oligarque qui a parrainé la conférence de la WCF à Moscou) aient fait l’éloge de la récente loi ougandaise pour son caractère « progressiste », pour s’être opposée aux valeurs occidentales et à leur « sodomie ». De même, Martin Ssempa – le pasteur américano-ougandais qui a joué un rôle important dans la loi AHA de 2014 – est devenu l’année dernière un intervenant sur Russia Today sur la question LGBT.

« Guerre froide 2.0 »

Quelle que soit l’ampleur de l’implication directe de la Russie, des lois telles que l’AHA jouent en faveur de ses intérêts géopolitiques et s’inscrivent dans une longue tradition où les politiques anti-LGBTQ sont instiguées et instrumentalisées par la Russie, de concert avec des organisations sympathisantes de la droite religieuse américaine. Un éditorial russe a résumé le projet de loi ougandais comme « une victoire géopolitique [pour la Russie], qu’elle considère comme le résultat direct d’années de travail acharné et méthodique [sur une] campagne mondiale de haine contre les anti-LGBTQ12 ».

En effet, la loi accroît clairement les tensions entre l’Ouganda et les acteurs occidentaux et rapproche le pays des acteurs non occidentaux. Par exemple, en juillet de l’année dernière, le président iranien Ebrahim Raïssi s’est rendu en Ouganda, où il a expliqué que « l’Occident essaie aujourd’hui de promouvoir l’idée de l’homosexualité et, en promouvant l’homosexualité, il essaie de mettre fin à la génération d’êtres humains... ».

Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreuses dynamiques géopolitiques ont été interprétées dans l’optique de ce que l’on pourrait considérer comme la « guerre froide 2.0 ». Dans le même temps, l’instrumentalisation des politiques anti-LGBT par Moscou ne doit pas être ignorée : la Russie elle-même a clairement utilisé la promotion des valeurs traditionnelles comme instrument de politique étrangère.

Les positions anti-LGBT en sont un élément central, à la fois pour collaborer étroitement avec les gouvernements africains et pour fomenter une opposition à l’Occident. Dans d’autres régions du monde également, la Russie s’efforce consciemment d’attiser les divisions politiques, sur toute une série de questions et par le biais de diverses méthodes. En France, par exemple, Le Monde a montré comment une opération de graffitis – dessinant des étoiles juives de David à Paris – était liée à un réseau de propagande russe connu sous le nom de Doppelgänger13.

Une corrélation et non une causalité

Il y a également le calendrier de l’engagement russe : la plupart de ces engagements – tels que la visite de Lavrov, l’accord de coopération signé par le NRM ou les réunions entre les principaux acteurs de la loi et l’ambassade de Russie – ont tous eu lieu entre la mi-2022 et le début 2023, au même moment que la préparation de la loi anti-homosexualité. En effet, l’un des aspects surprenants de la loi anti-homosexualité est la rapidité avec laquelle tout s’est déroulé : après avoir été largement absente du débat public, cette loi est réapparue au cours de cette période.

Concrètement, le 3 août 2022, l’ONG Sexual Minorities Uganda (Smug) – le groupe de défense des droits des LGBTQ le plus important du pays – a été fermée par le bureau des ONG du pays. Les choses se sont ensuite accélérées de manière surprenante : la question a été soulevée lors de réunions internationales, au Parlement ougandais, et a fait l’objet d’une frénésie sur les médias sociaux. De nombreux analystes suggèrent qu’une ou plusieurs forces extérieures et des financements ont été impliqués dans cette affaire afin de « motiver » davantage les différents acteurs. En même temps, tout cela n’est au mieux qu’une corrélation, et non une causalité, et ne constitue donc pas une explication suffisante. Certains analystes, par exemple, ont décrit les diverses réunions de fonctionnaires russes avec des acteurs ougandais de haut niveau comme des « séances de photos, mais sans aucune substance ».

Quoi qu’il en soit, la question de la Russie continue d’être très présente dans les couloirs du pouvoir en Ouganda, avec des acteurs clés qui se vantent de l’influence russe. Pour un analyste qui a souhaité garder l’anonymat, l’influence extérieure et ses effets néfastes sont clairs : « La droite religieuse américaine et la Russie jouent un rôle dans cette affaire. On peut dire sans risque de se tromper qu’il y a plusieurs commanditaires à cette campagne de haine. Ils peuvent travailler indépendamment les uns des autres. C’est un environnement très hostile. Ils ont réussi à attiser l’homophobie à des niveaux que je n’avais jamais vus. »

Pourtant, les hommes politiques semblent moins préoccupés par certains types d’ingérence étrangère que par d’autres. Après le dernier vote du Parlement pour la loi AHA, le président s’était explicitement prononcé contre l’influence étrangère : « Nous avons une culture à protéger. Le monde occidental ne viendra pas gouverner l’Ouganda », avait-il déclaré.

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1La liste des invités – à l’exclusion des orateurs – fait état de soixante-cinq convives (délégations de douze pays africains, une «  délégation de jeunes Africains  » et un membre espagnol du Parlement européen)  ; la liste des orateurs ajoute trente autres participants du monde entier (États–Unis, Royaume–Uni, Pays–Bas, etc.). La conférence elle–même s’est déroulée dans un luxueux hôtel d’Entebbe.

2Lire ici.

3Voir ici.

4Voir ici.

5Voir ici.

6Lire ici.

7Voir ici.

8Lire ici.

9Voir le message ici.

10Voir cet article du Wall Street Journal.

11Voir ici.

12Lire ici.

13Campagne de désinformation à l’été 2023 en France et en Allemagne, lire ici.