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En Gambie, surpêche et pollutions nourrissent l’aquaculture mondiale

Enquête · À l’issue d’un reportage réalisé en Gambie en 2020, le journaliste américain Ian Urbina a révélé des atteintes aux droits de l’Homme et à l’environnement perpétrées par une usine chinoise de farine de poisson et par des patrons de chalutiers qui l’alimentent. À Banjul, l’expansion de cette industrie a donné lieu à de grandes promesses économiques. Mais à quel prix ?

À 60 kilomètres de Banjul, la capitale gambienne, Bolong Fenyo est une réserve naturelle destinée à protéger 790 acres (environ 320 hectares) de plage, de mangrove, de zone humide et de savane, ainsi qu’un lagon oblong. Merveille de biodiversité, la réserve faisait partie intégrante de la santé écologique de la Gambie méridionale et, avec les centaines d’ornithologues et autres touristes qui la visitent chaque année, de sa santé économique également. Mais un matin, la communauté de Gunjur s’est réveillée avec un lagon rouge cramoisi.

Un microbiologiste local a conclu que les eaux contenaient le double de la quantité d’arsenic tolérée, et quarante fois la quantité de phosphates et de nitrates. Une telle pollution ne pouvait avoir qu’une seule origine : les déchets déversés illégalement par une usine chinoise de traitement du poisson, Golden Lead, qui opère en bordure de la réserve.

On a dit aux habitants de Gunjur que Golden Lead apporterait des emplois, un marché aux poissons et une route de cinq kilomètres nouvellement pavée. En réalité, l’odeur putride de l’usine a entraîné la fermeture d’un hôtel de bord de mer en plein essor, le marché aux poissons local est en train de disparaître et la route, sinueuse et pleine de nids de poule, est devenue un problème de sécurité pour les résidents comme pour les touristes.

En Gambie, les neuf miles d’eau les plus proches du rivage (environ 14,5 kilomètres) ont été réservés aux pêcheurs locaux. Mais souvent, des dizaines de chalutiers étrangers sont visibles depuis la plage. Pour en avoir le cœur net, nous sommes montés à bord d’un navire pour une inspection surprise en mer. Un membre de l’équipage a évoqué de nombreuses violations. Lorsque je lui ai demandé pourquoi il était prêt à me parler, il m’a montré un grand tas de journaux, de vêtements et de couvertures froissées sur lequel, selon lui, plusieurs membres de l’équipage dormaient depuis plusieurs semaines. « Ils nous traitent comme des chiens », a-t-il expliqué.

L’enquête de Ian Urbina a été publiée en langue française dans Le Monde diplomatique du mois de juin 2021. Elle a également fait l’objet d’un mini-documentaire vidéo. Afrique XXI, en partenariat avec « The Outlaw Ocean Project », en propose une version sous-titrée en français.

Crédit vidéo : Ryan Ffrench / The Outlaw Ocean Project

Traduction et sous-titrage : Michael Pauron